La politique active du conseil général de la Manche pour maintenir et attirer un nombre suffisant de médecins généralistes

La fragilité du tissu médical de la Manche fait du renouvellement des personnels de santé un enjeu pour les décennies à venir. La politique volontariste que le conseil général met en place dès 2003 pour favoriser l'installation et rompre l'isolement des médecins généralistes porte rapidement ses fruits. Le dispositif comprend des bourses aux étudiants, la création de maisons médicales pluridisciplinaires dans les secteurs les plus touchés et la mise en réseau des professionnels.

Une vaste enquête réalisée en 2001 en mobilisant tous les acteurs de la santé de la région Basse Normandie, dont l'Urcam et l'RML*, révèle une diminution inquiétante du nombre de médecins généralistes et de chirurgiens-dentistes dans plusieurs cantons. Avec une densité de 92 généralistes pour 100.000 habitants (moyenne nationale : 117), le département de la Manche est particulièrement touché. Le phénomène est de plus en plus sensible au fur et à mesure que l'on s'écarte des pôles urbains ou des villes côtières : les gardes du soir ne peuvent plus être assurées, le 115 s'engorge d'appels plus souvent liés à une petite traumatologie qu'à de véritables urgences et la question de l'accès aux soins de premier recours pour les habitants se pose.

Rompre l'isolement géographique et médical des médecins et des autres professionnels de santé

Le conseil général se lance alors dans une prospection auprès de la presse médicale pour attirer de nouveaux médecins tout en prenant le temps de réfléchir aux solutions à apporter : "Avant toute action, il est important d'entendre les professionnels afin de comprendre la cause du manque de médecins. Rien ne peut se faire sans eux. C'est pourquoi nous avons toujours travaillé avec le conseil de l'ordre", souligne Jean-Claude Lemoine, vice-président du conseil général et lui-même médecin. La maison médicale pluridisciplinaire apparaît ainsi une bonne solution pour combattre l'isolement que les médecins, les infirmières ou les dentistes disent ressentir en l'absence de toute infrastructure médicale de proximité ou lorsqu'il faut concilier vie professionnelle et vie familiale. Deux premières maisons ont été créées en 2004 à Picauville et à Saint-Samson-de-Bonfossé, et deux autres maisons verront le jour en 2006 à Gavray et à Sauveur-Ledelin. Cette dernière avec une équipe formée de deux médecins, un dentiste, une infirmière et une diététicienne. Pour leur construction, financée à 40% par le département (à concurrence de 92.000 euros), le conseil général de la Manche a posé les conditions suivantes : existence d'un besoin exprimé par les professionnels médicaux, création si possible d'un studio pour étudiant, loyer raisonnable sans être trop bas, engagement écrit des professionnels locaux à intégrer la nouvelle maison ou sinon à soutenir le projet.
Ce dispositif est complété par une bourse pour les étudiants (médecine générale ou spécialité) qui s'engageront à exercer dans la Manche en milieu rural au moins dix ans après la fin de leurs études. En 2005, cinq bourses forfaitaires pouvant atteindre pour chacune d'entre elles la somme maximale de 34.800 euros** ont été attribuées. Enfin, en partenariat avec le syndicat mixte Manche numérique (conseil général et communauté de communes) qui, à présent, offre un accès au réseau numérique sur 80% du territoire, un site appelé Manche Santé a ouvert le 16 mars 2006 son nouveau portail. Manche Santé est destiné aux professionnels (contacts directs avec les services hospitaliers, données sanitaires...) et au grand public (coordonnées des professionnels, annuaires médicaux, lieux d'hébergements pour personnes âgées...).

Le conseil général change son système d'appui aux collectivités locales

Depuis deux ans, le département enregistre un solde positif de médecins généralistes. Un nouveau diagnostic réalisé début 2006 par l'Urcam et l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH) a permis de recenser l'offre médicale en trois catégories de secteurs : sans difficulté, à surveiller et déficitaire. Amendé par le conseil général et le conseil de l'ordre des médecins en fonction d'une appréciation plus qualitative des territoires (en opposition à un découpage strictement cantonal), cette liste permettra d'orienter la politique de renforcement du tissu médical de la Manche.
Toutefois les nouveaux projets de maisons médicales seront désormais étudiés par le conseil général dans le cadre de sa politique contractuelle, qui ne traite pas seulement de santé mais de toutes les autres compétences territoriales qu'il souhaite appuyer : habitat, économie? Du reste, Benoît Lavalley, chargé des questions de santé au cabinet du président, explique que les maisons médicales ne sont pas la panacée : "Il n'est pas nécessaire de créer partout et à tout prix des maisons médicales. Le besoin doit s'en faire sentir sur le terrain pour que de jeunes médecins s'engagent sans ambiguïté à s'y installer."

 

* Urcam : Union régionale des caisses d'assurance maladie
Urml : Union régionale des médecins libéraux

** Cinq bourses sont attribuées par an, pour un montant de 300 euros par mois de la deuxième à la quatrième année sur 36 mois maximum, de 1.000 euros par mois de la cinquième année à la sixième année sur 24 mois maxi.

Conseil général de la Manche

98 route de Candol
50000 Saint-Lô
mail-vert@cg50.fr

Benoît Lavalley

Service Veille, prospective et animation territoriale

Jean-Claude Lemoine

Vice-président

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters