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Qualité de l'air - La pollution par les particules augmente en Ile-de-France

Selon le dernier bilan présenté le 12 février par Airparif, organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France, les niveaux de particules dans l'air ambiant  ont augmenté en 2007, dépassant les valeurs limites fixées au niveau de l'Union européenne. Outre  la situation toujours problématique de plusieurs polluants complexes, comme l'ozone, qui a presque doublé en 15 ans, Airparif pointe du doigt les particules PM10 (moins de 10
microgrammes) et PM2.5 (moins de 2,5 microgrammes). Depuis janvier 2007, une nouvelle méthodologie conforme aux normes européennes oblige l'organisme à prendre en compte les particules volatiles qui, jusqu'alors, échappaient à ses mesures. Pour la première fois, le dépassement de la valeur limite (50 microgrammes/m3) pour les PM10 a augmenté l'an dernier par rapport à 2006 de près de 8%, alors que leur niveau, en baisse depuis dix ans, était stabilisé depuis 2000. Une évolution similaire a été enregistrée pour les particules encore plus fines, le PM2.5, qui se glissent jusqu'aux alvéoles pulmonaires : elles sont en hausse de 11% pour la pollution dite "loin du trafic".
"En France, on focalise sur le diesel, mais les particules ne viennent pas que de là", a souligné Philippe Lameloise, le directeur d'Aiparif. Selon lui, un tiers d'entre elles sont dues au trafic routier et les autres à l'agriculture, au chauffage ou à l'industrie. "Quand on mesurait en avril de 80 à 100 microgr/m3 de PM10 au coeur de Paris, on comptait 60 à 70 microgr/m3 en forêt de Fontainebleau, parce qu'à cette saison dans les champs, on était en plein engraissage agricole", a-t-il illustré. A Noël, les valeurs atteignaient 90 microgr/m3 en forêt de Fontainebleau et plus largement dans toute l'Europe : "Une pollution liée au chauffage à bois qui se développe du fait de la hausse de prix des combustibles. Or, les vrais systèmes de filtrage ne peuvent être envisagés que sur des installations importantes, pas chez les particuliers", a expliqué le directeur d'Airparif.
Par ailleurs, l'usage des filtres à particules bloque bien les particules, mais il modifie aussi le composé chimique des polluants, provoquant davantage de dioxyde d'azote. "Au total, 60% du réseau parisien dépasse les valeurs limites (46 microgr/m3) et 90% l'objectif qualité de 40 microgr/m3", fixés par Bruxelles. "Le problème est qu'on ne peut plus compter sur un effet de renouvellement du parc automobile : on a sans doute mangé notre pain blanc", a souligné Philippe Lameloise.
Pour réduire la présence de particules, il faudrait donc agir, estime-t-il, au niveau européen par des mesures de réduction des polluants primaires qui les constituent, comme l'oxyde d'azote, et au plan local sur le trafic, l'industrie et le chauffage. Pour le trafic, "seules les mesures chroniques comptent : par exemple restreindre l'accès au centre-ville comme à Londres ou à Berlin pour les poids-lourds", plus que des mesures qui consistent à limiter ponctuellement les vitesses sur autoroute les jours d'alerte : "Même respectées, ces limites n'entraînent qu'1,5% de réduction de la pollution... "
Le jour même de la présentation du bilan d'Airparif, le gouvernement a annoncé qu'un premier projet de plan de lutte contre les particules avait été soumis au Conseil national de l'air avant de faire l'objet d'une concertation dans le cadre du comité opérationnel "Air et atmosphère" issu du Grenelle de l'environnement. Ce plan de lutte prévoit des mesures dans tous les secteurs : industrie (30% des émissions au niveau national, résidentiel-tertiaire (25%), agriculture (30%) et transports (15%).
 

A.L. avec AFP