La ville de Limoges et les professionnels se rassemblent pour relancer la filière de l'émail

Il aura fallu presque dix ans de concertation entre les professionnels et les collectivités publiques pour relancer la filière de l'émail artisanal à Limoges. Aujourd'hui, les résultats sont là : le CAP émailleur d'art a été relancé, de jeunes artisans créent leur entreprise, des nouveaux produits voient le jour. La Maison de l'émail, vitrine, lieu d'échanges et de formation a ouvert ses portes au grand public en octobre 2007.

La ville de Limoges bénéficie depuis plusieurs siècles d'une notoriété internationale autour de la porcelaine et de l'émail. Pourtant, dès 1999, les professionnels s'inquiètent. En effet, une étude de la Datar sur les difficultés de certaines filières artisanales met en lumière la menace de disparition de la production d'émail : les ateliers disparaissent et l'Ecole nationale supérieure d'art de Limoges-Aubusson cesse de proposer la formation d'émailleur. 

 

Les acteurs locaux s'organisent pour sauver la filière

Douze entreprises spécialisées dans la production artisanale se mobilisent et se rapprochent des collectivités locales pour envisager un plan de relance de la filière. Les pouvoirs publics sont d'autant plus sensibles à l'enjeu que Limoges vient d'être labellisée Pôle économique du patrimoine (PEP (1)), sur le thème des arts du feu. Les acteurs locaux peuvent donc espérer une aide de l'Etat pour le financement de leurs projets.
Dès 2000, la ville, l'Etat et le conseil régional du Limousin confient à un cabinet privé une étude-diagnostic (montant : 40.000 euros). Il révèle que la filière est davantage confrontée à un problème d'offre qu'à une disparition du marché. En effet, si la filière artistique de l'émail ne se porte pas trop mal, les productions artisanales n'ont pas su rester à l'écoute de la demande. Le cabinet préconise un plan global : relance de la formation professionnelle et de la formation amateur, aide à la recherche et au développement de nouveaux produits plus "design", actions de marketing et de promotion de la filière aux niveaux national et international, organisation de la fonction commerciale et de productions collectives pour faire face à des commandes importantes. "Pour réunir les différentes forces concernées, il fallait un lieu fédérateur et disposer de moyens pour répondre aux demandes", explique Dominique Gilbert, président de l'Appel, association créée en octobre 2000. En 2002, la ville de Limoges fournit à l'Appel un local tandis qu'une mission d'appui technique est mise en place, financée par l'Etat, le conseil général, la ville de Limoges et la Caisse des Dépôts.

 

Création de la Maison de l'émail

Dès 2003, le certificat d'aptitude professionnelle d'émailleur d'art est relancé sous l'impulsion du syndicat professionnel des émailleurs. La formation dure 9 mois. Elle est confiée à l'Afpi (Association de formation professionnelle de l'industrie) et financée par le conseil régional et l'Union européenne. Par ailleurs, l'Appel propose des formations aux amateurs. Les professionnels s'attachent le concours de designers pour développer des produits plus adaptés à la demande. Les créa-duos voient le jour grâce à des  créations communes entre émailleurs et potiers, bijoutiers ou verriers. Des alliances avec le Carrousel du Louvre ou l'Horlogerie de Genève redonnent un rayonnement national à la filière. En 2005, la coopérative Caramel est créée : elle permet aux artisans de répondre à des offres de production de petites et moyennes séries. Afin d'asseoir la nouvelle stratégie de communication à destination du grand public et d'offrir un espace fédérateur à la profession, les partenaires publics, à l'initiative de la ville de Limoges, propriétaire des lieux, financent à hauteur de 700.000 euros la création de la Maison de l'émail. Celle-ci ouvre ses portes en décembre 2007. Le visiteur, qu'il soit amateur ou éclairé, vient y découvrir le savoir-faire des maîtres émailleurs, apprendre la technique en se formant ou en s'équipant.

 

Des résultats prometteurs, mais des incertitudes

"Grâce à la qualité des partenariats, les résultats sont remarquables, souligne Dominique Gilbert. La formation est relancée. Plus de 8.000 personnes ont participé à des stages de cinq jours. Les jeunes émailleurs nouvellement formés, à un rythme de six à huit titulaires de CAP par an depuis 2005, créent leur entreprise à Limoges (deux en 2005, cinq en 2006 et quatre en 2007). Les acteurs publics ont financé à hauteur de deux millions d'euros toutes les actions de relance de la filière, mais souhaitent aujourd'hui qu'elle atteigne à court terme son équilibre financier de manière autonome, d'autant plus qu'elle vient de créer une société coopérative en vue de la gestion de la Maison de l'émail."

 

Nathalie Parent, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et de Localtis

 

(1) Les PEP, conçus par la Datar pour la période 1994-2007 visent à aider des projets de développement territoriaux basés sur un patrimoine remarquable. Les projets susceptibles d'être aidés sont d'origine publique, privée ou mixte. Les aides peuvent aller de subventions à l'ingénierie ou à la réalisation d'un investissement. Sur près de huit millions d'euros, plus de quatre millions d'euros publics ont été investis sur les projets présentés, dont deux millions consacrés à la filière de l'émail.

Ville de Limoges

Place Léon Betoul
87031 Limoges Cedex

Madeleine Lemaçon

chargée de mission

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