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L'Académie de médecine plaide pour une refonte de l'aide à l'accès aux soins des plus démunis

Dans un rapport adopté en séance, l'Académie de médecine se penche sur un thème à la consonance à la fois sanitaire et sociale : "Précarité, pauvreté et santé". L'adoption de ce rapport présenté par un de ses membres ne s'est d'ailleurs pas faite sans quelques difficultés, puisque le vote a été acquis par 40 voix pour, 23 contre et 13 abstentions. Il est vrai que le sujet est sensible dans le monde médical, car si nul ne conteste la nécessité d'un égal accès aux soins, la mise en cause de certains praticiens dans les refus de soins ou la généralisation du tiers payant passent en revanche moins bien.

Une situation "de plus en plus préoccupante"

Le rapport de l'Académie s'appuie sur des faits incontestables et déjà bien documentés : un accès difficile aux soins et à la prévention, une morbidité et une mortalité accrues parmi les plus précaires, un taux de couverture vaccinale inférieur chez les enfants issus de familles pauvres, une moindre participation aux campagnes de dépistage...
Pourtant, le rapport rappelle que "de très nombreux dispositifs sanitaires et sociaux ont été développés à destination des populations précaires" : aide médicale d'Etat, CMU-C, aide à la complémentaire santé, équipes mobiles psychiatrie précarité, permanences d'accès aux soins de santé (Pass), Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale... Mais, malgré ces dispositifs institutionnels et l'implication de nombreuses associations, l'Académie de médecine constate que "la situation sanitaire des personnes précaires et pauvres est de plus en plus préoccupante".

Une mission interministérielle de lutte contre l'exclusion en santé

Face à ce constat, le rapport de l'Académie de médecine propose un certain nombre d'"orientations". Il suggère ainsi de concevoir les campagnes et actions de prévention selon une double stratégie : populationnelle d'une part - visant l'ensemble de la population - et ciblée vers les groupes de la population à haut risque, d'autre part.
Autre orientation : "mobiliser tous les moyens pour mieux accompagner les précaires et les pauvres". En pratique, il s'agit notamment d'unifier et de simplifier les procédures - voire de fusionner les prestations au sein de la PUMa (prestation universelle maladie) - et de faciliter le recours aux technologies numériques d'information et de communication. Le rapport préconise aussi d'assurer une meilleure coordination des acteurs à tous les niveaux d'intervention.
Parmi les autres recommandations, on retiendra également la création d'une mission interministérielle de lutte contre l'exclusion en santé, ou encore la mise en place, au niveau européen, d'une coordination des différents dispositifs nationaux "pour permettre un accès aux droits sanitaires et sociaux afin d'éviter les ruptures de prise en charge lors d'un changement de résidence".
Et l'Académie de médecine de conclure que "les personnes précaires et pauvres présentent des caractéristiques spécifiques qui justifient qu'au-delà des dispositifs socio-sanitaires de droit commun et de l'important budget qui leur est consacré, elles bénéficient d'une attention particulière du point de vue médical et préventif".