L'accompagnement des TPE a sauvé l'économie du Lodévois

La maison des entreprises du Lodévois, Larzac Coeur d'Hérault, a parié sur les très petites entreprises et a bâti avec elles, en 20 ans, les outils qui leur ont permis de sauver le tissu économique de ce pays rural.

Au début des années 80, Gérard Delfau, sénateur de l'Hérault et maire de Saint-André-de-Sangonis, sait que si sa commune ne prend pas l'initiative d'un développement économique adapté à la situation locale qui l'entoure, c'est le Lodévois et le pays Coeur d'Hérault tout entiers qui risquent de se dévitaliser. La viticulture traditionnelle subit des crises répétition. Cette région rurale n'a jamais eu de tradition industrielle et, comme souvent dans ces cas-là, les artisans et les commerçants de proximité disparaissent les uns après les autres.
La commune se situe au pied du Larzac et est traversée par la nationale 9 qui mène de Millau à Montpellier, rendant très dangereuse la traversée de la rue principale les jours de grandes migrations touristiques. Mais, au début, les entreprises ne se pressent pas pour occuper des terrains sur la zone d'activité que la mairie aménage à l'entrée de l'agglomération.

 

La réponse aux besoins locaux plus efficace que les dispositifs d'Etat

De manière très volontariste, la municipalité décide de parier sur la très petite entreprise, et pour accompagner son développement, elle construit dans sa zone d'activité une maison des entreprises (MDE), chargée d'inverser la tendance économique en cours. Gérard Delfau en assume depuis la présidence par un soutien de tous les instants.
Françoise Pasquier, la directrice de la MDE, s'est mise, dès l'origine, à l'écoute du territoire avec beaucoup de pragmatisme. Elle a tissé des liens avec des individus porteurs d'une idée, d'un rêve d'entreprise, souvent passionnés par un métier, mais rarement des dirigeants ou des gestionnaires.
Tous les outils de la MDE se sont ainsi bâti au fur et à mesure des  besoins nouveaux. Pour créer un sentiment d'appartenance et de solidarité économique sur le territoire, l'association de gestion de la maison a accueilli des chefs d'entreprise, des porteurs de projet, les partenaires sociaux locaux, des représentants des collectivités locales et des organismes professionnels et consulaires.
Les porteurs de nouveaux projets d'entreprises avaient besoin d'accompagnement. Ils ont trouvé à la maison des entreprises d'autres gestionnaires de petites entreprises pour les parrainer, des formations pour les guider dans la comptabilité, le marketing ou la gestion des ressources humaines. Ils se sont aperçu très vite que pour bien s'implanter dans un territoire, il faut bien le connaître. La MDE a donc créé un observatoire socioéconomique et édite depuis 2004, un diagnostic territorial annuel, dans lequel les dirigeants trouvent les éléments qui vont servir concrètement au développement de leur activité. Ils y apprennent, par exemple, que les nouvelles technologies de l'information ont pénétré plus massivement le secteur de l'immobilier que celui de la santé. Ils y apprennent que la population sur l'ensemble du pays a baissé jusqu'à la fin des années 70 et que depuis 2001, un véritable renouveau démographique s'opère, en particulier dans la vallée de l'Hérault...

 

Une attractivité retrouvée

Pour les chefs d'entreprise du pays, la MDE est aussi devenue un club d'entrepreneurs convivial qui favorise les synergies. C'est également une cellule de réflexion sur leurs problèmes spécifiques. L'un d'eux va jusqu'à dire : "La MDE m'a permis de devenir un chef d'entreprise professionnel. Ma passion, c'est le bois, mais je sais que si mon activité ne fonctionne plus, je serai capable de faire autre chose. Cette maison, c'est la nôtre."
D'autres outils ont été développés pour répondre à des besoins ressentis sur place, comme la recherche des coûts cachés qui oblige le chef d'entreprise à travailler avec ses salariés sur les processus de fonctionnement de l'entreprise, pour débusquer les gaspillages de mouvements, de temps, de fournitures, qui, au final, améliorent la productivité sans dégrader les conditions de travail.
En revanche, Françoise Pasquier est amenée à faire clairement le constat que, pour les entreprises de la MDE,  les dispositifs publics d'aide au développement économiques, ne sont pas toujours adaptés. Quand elle organise une réunion d'information sur la "gestion prévisionnelle des emplois et des formations", opération aidée par l'Etat, cela n'intéresse pas grand-monde...
Aujourd'hui, la zone d'activité de Saint-André-de-Sangonis est pleine à craquer d'entreprises petites et très petites et beaucoup d'autres irriguent le tissu du Larzac, du Lodévois et du Coeur d'Hérault, dans des filières qui se diversifient en permanence : l'agroalimentaire et la vitiviniculture, évidemment, mais aussi le tourisme, ou les services aux entreprises ; ce qui démontre s'il en était besoin que le territoire a retrouvé une attractivité perdue 20 ans plus tôt.
La MDE a fêté son vingtième anniversaire mi-décembre 2006, par une exposition et un colloque sur l'importance de la TPE, en partenariat avec le mensuel Alternatives économiques.

 

Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Maison des entreprises du Lodévois

Larzac, Coeur d'Hérault, ZAE La Garrigue
34725 Saint-André-de-Sangonis

Françoise Pasquier

Directrice

Gérard Delfau

mairie de Saint-André-de-Sangonis

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