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ESS - L'accompagnement, une clé de réussite pour les entreprises de l'économie sociale

Les collectivités sont en première ligne pour faire de leur territoire un laboratoire d'innovation sociale. C'est l'une des conclusions de l'étude Chorum qui analyse les dispositifs territoriaux existants pour soutenir l'économie sociale et solidaire.

L'économie sociale et solidaire (ESS), ce sont des activités non délocalisables et des emplois viables, à condition d'un coup de pouce au démarrage. Cinq ans après leur création, 70% des entreprises sociales qui ont été aidées existent encore, contre 46% seulement pour les autres, indique Chorum, la mutuelle de protection sociale, dans une étude publiée le 15 février. Les dispositifs d'accompagnement ont un rôle capital, souligne cette étude  intitulée "Favoriser la création d'entreprises sociales sur les territoires" réalisée le Cides, le centre de ressource de la mutuelle.
Deux modèles de soutien existent : le premier se focalise sur l'accompagnement des porteurs de projets (affinage du positionnement, analyse d'opportunité et de faisabilité, création de sa structure), l'autre se concentre sur la génération de projets. Les deux modèles "sont complémentaires et souvent nécessaires sur un territoire pour trouver une solution viable à toute opportunité de création d'un projet d'ESS", précise l'étude.
La durée de l'accompagnement est variable : entre six mois et trois ans et le budget moyen est de 300.000 euros. Mais "pour que l'accompagnement soit utile et efficace, il est nécessaire de trouver le bon degré d'appui, ni trop, ni trop peu", détaille l'étude, un accompagnement trop intense risquant de déposséder l'entrepreneur de son projet.
Chorum analyse aussi les modèles économiques des dispositifs de soutien. Trois types sont identifiés : un modèle économique s'appuyant sur des subventions publiques ou privées, avec des prestations généralement peu solvables, un modèle ayant comme principale source de revenus le produit de la vente de prestations (loyer, services, études) et un modèle économique de type "fédération" ou "groupement de moyens" où les ressources reposent sur la contribution de chacun des membres du groupe. "La question du modèle économique des structures de soutien au développement de l'ESS se pose de manière de plus en plus pressante en raison d'une potentielle baisse à terme des subventions des collectivités locales, et d'un changement de politique de subventionnement en marche depuis plusieurs années, les acteurs territoriaux se tournant de plus en plus non pas vers des financements sous forme de subventions de fonctionnement mais vers l'établissement de contrat de prestations", affirme l'étude.

Trois rôles pour les collectivités locales

Autre aspect analysé par Chorum : la mise en place d'écosystèmes favorables à l'émergence d'initiatives sociales. Une mise en place qui peut prendre plusieurs formes : la coordination entre acteurs, la création d'une marque commune ou encore le lancement de projets de développement en commun, comme dans l'expérience de Pôle sud, le pôle territorial de coopération économique mis en place en Rhône-Alpes. Les collectivités font ainsi partie des acteurs qui sont les plus à même d'impulser ces écosystèmes. Contraintes budgétairement, elles ont tout intérêt à s'appuyer sur des réseaux déjà structurés et de qualité.  "Cela permet d'assurer d'une part un effet de levier de leurs actions et d'autre part de flécher l'allocation des soutiens", souligne le Cides.
Les collectivités locales ont plusieurs cartes à jouer pour soutenir les dynamiques des dispositifs d'accompagnement de l'ESS sur leur territoire. Premier rôle : celui d'encourager telle ou telle initiative qui complète ou renforce l'écosystème d'acteurs sur le territoire.
Différentes régions de France sollicitent ainsi Replic, un groupe d'entreprises sociales sous statut de société coopérative d'intérêt collectif (Scic), pour mettre en place son modèle dans leur territoire. Replic repère des projets utiles aux territoires, crée des projets et des structures, et les assiste.
Autre rôle que les collectivités peuvent prendre en charge : celui de chef d'orchestre. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur coordonne ainsi les acteurs de l'ESS sur son territoire. Cette coordination s'est mise en place en plusieurs temps. Tout d'abord, une offre de formation sur la gouvernance collective, l'analyse financière et la gestion de crise a été proposée aux structures d'accompagnement. Cette formation a permis de développer un socle commun de la culture des structures intermédiaires sur l'ESS. Par la suite, le réseau Ramsess a été mis en place pour permettre aux acteurs de l'accompagnement de coopérer et de construire un plan d'accompagnement pour les porteurs de projet. "Une politique publique co-construite par la région et les acteurs de l'accompagnement", souligne l'étude.
Les collectivités peuvent aussi se positionner comme des "acteurs engagés" pour la structuration de l'animation de l'écosystème. La région Languedoc-Roussillon est ainsi financeur des dispositifs d'appui à l'émergence et au développement de l'ESS mais aussi partie prenante pour les faire évoluer. Elle s'implique notamment au sein de la Scic Replic, se positionnant dans un rôle d'associé développeur. "Les collectivités sont en première ligne pour faire de leur territoire un laboratoire d'innovation sociale", conclut l'étude qui préconise aussi que les acteurs du soutien à la création et au développement de l'ESS soient mis en réseau au niveau national et que les financeurs et acteurs institutionnels privilégient les dispositifs à fort effet de levier. 

 

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