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Petite enfance - L'accueil des enfants de moins de trois ans en maternelle progresse... lentement

A l'occasion de la séance de questions orales sans débat du 19 mai à l'Assemblée nationale, le gouvernement a apporté des précisions intéressantes sur la question récurrente de la scolarisation en maternelle des enfants de moins de trois ans. Le débat est pédagogique - sur les mérites aujourd'hui largement reconnus d'une scolarisation précoce -, mais aussi social, dans la mesure où le choix des familles se fait entre un établissement d'accueil du jeune enfant (Eaje) et l'école maternelle.

Une inversion de la courbe

Dans les dernières années, le net recul de la scolarisation des enfants de moins de trois ans a accru la pression sur les modes de garde. L'accueil de ces enfants en école maternelle est ainsi passé de près de 149.000 places en 2008 à moins de 91.000 en 2012. Cette année-là, le gouvernement a annoncé son intention de relancer la scolarisation précoce. A la rentrée 2013, et après dix ans de baisse, les chiffres sont effectivement repartis à la hausse pour dépasser 97.000 enfants de deux ans scolarisés.
L'école maternelle est d'ailleurs partie intégrante du plan prévu par la convention d'objectifs et de gestion (COG) 2013-2017 de la Cnaf, qui prévoit la création de 275.000 "solutions d'accueil" : 100.000 places en crèches, 100.000 chez les assistantes maternelles et 75.000 en écoles maternelles.
Interpellée par Jean-Pierre Decool, député (UMP) du Nord, Ségolène Neuville, la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion - qui répondait pour la ministre de l'Education nationale -, a réaffirmé que "la refondation de l'école de la République a donné la priorité au premier degré, ainsi qu'à l'accueil des enfants de moins de trois ans à l'école maternelle". Elle a mis en avant les différents avantages d'une telle approche : la contribution "déterminante" à la lutte contre l'illettrisme - qui fait que "du point de vue de ce gouvernement, on ne peut pas comparer l'école maternelle pour les moins de trois ans et les jardins d'enfants" - ou encore la réduction des inégalités sociales. Aussi le gouvernement encourage-t-il tout particulièrement la scolarisation précoce dans les secteurs de l'éducation prioritaire. Une circulaire du 18 décembre 2012 est d'ailleurs venue préciser ces éléments.

Le pari de 2017

Ségolène Neuville a également rappelé que l'Etat s'était donné les moyens de faire remonter le taux de scolarisation précoce. Des postes d'enseignants ont ainsi été créés dès la rentrée 2012 et le mouvement s'est poursuivi en 2013 et 2014. Pour la rentrée 2015, la ministre a annoncé la création de 5.061 postes, dont 2.511 pour le premier degré (ce qui recouvre également l'école élémentaire).
Si l'orientation politique, la mobilisation des moyens et l'inversion de la courbe sont indéniables, il reste néanmoins que les résultats demeurent pour l'heure assez modestes. Ségolène Neuville a ainsi indiqué que "ce sont aujourd'hui, en moyenne, 12% de ces enfants qui ont accès à l'école maternelle avant trois ans, et un peu plus de 20% dans les zones d'éducation prioritaire".
Mais l'objectif affiché est de parvenir à un tiers de scolarisations précoces à l'horizon 2017, ce qui correspond à un quasi triplement du taux actuel. Or l'objectif est d'autant plus ambitieux qu'il implique - pour le réaliser - que les collectivités puissent suivre le rythme. Or celles-ci sont déjà en difficulté sur la création de places d'accueil en Eaje, au point d'avoir rendu nécessaire la mise en place d'un coup de pouce financier supplémentaire par les CAF (voir notre article ci-contre du 15 octobre 2014). Dans ces conditions, l'objectif à échéance 2017 des 75.000 places de scolarisation précoce, tout comme celui des 100.000 places de crèches, est loin d'être gagné d'avance.

Jean-Noël Escudié / PCA

Références : Assemblée nationale, séance de questions orales sans débat du 19 mai 2015, question de Jean-Pierre Decool, député du Nord, et réponse de la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion.

 

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