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Microcrédit - L'Adie permet de créer 200 emplois par semaine

En vingt-cinq ans, l'Adie a financé 132.000 microcrédits. Elle tient cette semaine sa dixième Semaine du microcrédit, l'occasion d'un bilan...

L'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) passe le cap des vingt-cinq ans avec des résultats toujours en progression en matière de microcrédit professionnel. Selon un bilan encore provisoire, l'association a accordé 15.683 prêts l'an dernier, soit un tiers environ des prêts et garanties accordés par les cinq grandes têtes de réseau (Adie, BGE, Initiative France, Réseau Entreprendre et France active). C'est une progression de plus de 10% en un an. Depuis sa création, l'Adie, qui compte quelque 450 salariés et 1.300 bénévoles, a financé 132.00 microcrédits (des prêts inférieurs à 6.000 euros), permettant ainsi à des personnes en situation de précarité (bénéficiaires des minima sociaux ou chômeurs) de lancer leur activité. Ce n'est pas un hasard si l'Adie est en première ligne pour défendre le statut d'autoentrepreneur.
Grâce à un accompagnement personnalisé, les activités ainsi créées affichent un taux de pérennité supérieur à la moyenne, à 59% au bout de trois ans. Pour les autres organismes prêteurs, le taux atteint même 75%, avec un record de 90% pour le Réseau Entreprendre, un écart qui tient aux profils des bénéficiaires et aux types de projets soutenus.
En période de crise, ces résultats ne passent pas inaperçus. L'Adie estime que son action permet de créer 200 emplois chaque semaine. En 2013, elle en a créé 8.858, en cumulant ceux liés aux microcrédits et ceux liés son soutien à la création-reprise et à son prêt d'honneur.
L'un des exemples de réussite de ces prêts est celui de Nicolas Garry, 43 ans, qui a créé sa société AMS Evénements il y a 19 ans, grâce à un crédit de 30.000 francs, soit environ 4.000 euros. Un véritable coup de pouce pour ce jeune entrepreneur qui avait dû essuyer le refus des banques. Car les banques rechignent à financer ce type de petits projets. Et pourtant, près de vingt ans plus tard, cette agence d'événementiel emploie 16 salariés à plein temps, fait travailler "40 intermittents du spectacle", pour un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros, témoigne le chef d'entreprise à l'AFP.

Microcrédit "Propulse"

Très présente dans les quartiers ou dans les campagnes isolées (22% des bénéficiaires résident dans les quartiers de la politique de la ville, 21% en zone rurale), l'Adie estime qu'elle joue un véritable rôle d'insertion par l'activité économique. Ainsi, au-delà du taux de pérennité, ce qui l'intéresse, c'est le taux d'insertion : à deux ans, 84% des bénéficiaires sont en situation d'insertion (chef d'entreprise, salarié, etc.). Car le microcrédit aide aussi à reprendre confiance. 40% de ses bénéficiaires sont allocataires des minima sociaux, alors qu'à titre de comparaison, "seuls 5% de l'ensemble des créateurs d'entreprises en France percevaient le RSA avant la création de leur activité", précise l'Adie. 42% des bénéficiaires sont des femmes, c'est davantage que pour la moyenne des créateurs d'entreprises. La majorité des projets financés touchent au commerce ou aux services.
Quant aux prêts, leur taux de remboursement est de 97,56%, se félicite l'Adie. Pourtant le microcrédit n'est pas exempt de critiques. Notamment sur les taux pratiqués. Car l'Adie, comme les autres réseaux, emprunte à un taux très faible aux banques, mais elle le répercute à un taux d'environ 7,5% à ses clients (auquel s'ajoute une participation dite de "solidarité"). De quoi couvrir ses frais, même si elle bénéficie par ailleurs d'aides publiques, notamment les collectivités, pour financer l'accompagnement. Les banques y trouvent leur compte : elles délèguent ces dossiers qu'elles ne veulent pas traiter, tout en soignant leur image en s'associant à une démarche philanthropique… "Les taux pratiqués peuvent paraître élevés mais il faut voir que les bénéficiaires n'auraient pas eu d'autre solution, de plus les remboursements sont faibles et échelonnés sur une assez longue période pour qu'ils ne pèsent pas trop. Finalement ça arrange tout le monde", explique une spécialiste du microcrédit.
Avec la crise, l'Adie a décidé d'élargir sa palette d'offres. En partenariat avec la Caisse des Dépôts, elle vient de lancer un nouveau microcrédit baptisé Propulse, destiné aux entrepreneurs à potentiel de croissance avec des besoins plus élevés allant de 6.000 et 10.000 euros. Là, l'Adie essaie de proposer des taux d'intérêt plus bas, de l'ordre de 6%.