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Réseaux mobiles - L'ANFR rend ses premières observations sur l'implantation de micro-cellules en milieu urbain

La ville d'Annecy a accueilli ces derniers mois une expérimentation pilotée par l'Agence nationale des fréquences (ANFR) et l'opérateur Orange, visant à mesurer l'impact de l'implantation de micro-antennes 4G dans le mobilier urbain sur la performance des réseaux. L'ANFR a livré, fin avril, des résultats satisfaisants. Un début de blanc-seing aux allures de nécessité, alors que la 5G devrait faire un recours intensif à ces micro-antennes.

Quatre micro-antennes disposées pendant un mois, entre janvier et février, dans le centre-ville d'Annecy ; des dispositifs qui ont pris place dans les abribus et les panneaux d'affichage publicitaire gérés par JCDecaux. Ces antennes un peu atypiques attirent de plus en plus l'attention des acteurs des télécommunications, qui y voient une méthode possible pour permettre de pallier à l'augmentation considérable des volumes de données échangés sur les réseaux mobiles. Pour autant, si la technologie est connue depuis longtemps, elle ne s'est pas généralisée en France, où les réseaux s'appuient exclusivement sur de grandes cellules à forte émission. Ces antennes-relais qui font tant parler d'elles, y compris auprès des exécutifs locaux qui recueillent les plaintes fréquentes des riverains.

Des performances accrues, les émissions du terminal réduites

En effectuant des tests en 4G sur des terminaux mobiles, l'ANFR a remarqué des performances très accrues grâce à l'installation de micro-antennes. Le débit montant a été augmenté jusqu'à cinq fois, pour atteindre des pics à 40Mb/s. L'ANFR prend aussi le soin de démontrer les intérêts de ces micro-antennes contre l'exposition des personnes aux ondes électro-magnétiques. Ce nouveau type d'équipement a une puissance d'émission en moyenne 20 fois inférieure aux antennes relais classiques. En revanche, dans un rayon de 100 mètres, le niveau d'exposition aux ondes a augmenté parfois de presque 50%, restant cependant à des niveaux bien en-deçà des normes en vigueur, certes très symboliques. Là où l'ANFR semble pouvoir démontrer la "sobriété" de cette technologie de micro-cellules, c'est à propos de l'émission radio des mobiles eux-mêmes, principaux facteurs d'exposition aux ondes. Avec des micro-antennes, plus proches du terminal, la puissance d'émission de ce dernier est divisée, selon les configurations, par un ratio s'étendant de deux à cinq.

Un enjeu bientôt critique pour les collectivités

L'ANFR annonce d'autres expérimentations prochaines, avec les autres opérateurs nationaux. La généralisation de la méthode des micro-cellules s'avère en effet essentielle à moyen-terme : une grande partie des espoirs placés dans la 5G repose en effet sur un bouleversement de l'architecture des réseaux de télécommunications mobiles, avec un tissu bien plus dense d'antennes présentant une moindre force d'émission, au sein duquel les terminaux mobiles pourraient facilement passer d'un émetteur à l'autre, et même combiner des connexions à plusieurs antennes différentes. Dans son récent rapport sur les enjeux de la 5G, l'Arcep souligne tout particulièrement cet enjeu, en reconnaissant que la réglementation française, notamment en matière fiscale, n'est pas encore adaptée à ces nouveaux types de réseaux.
Cette généralisation des micro-cellules devrait s'avérer stratégique pour les collectivités urbaines. Elle nécessitera le déploiement de réseaux de collecte en fibre optique. Pour ce faire, les réseaux publics acheminant la fibre optique jusqu'à l'habitant ont sans doute le niveau de capillarité le plus pertinent. La mise en place de micro-cellules, qui "digitaliserait" le mobilier urbain, pourrait constituer l'occasion d'insérer d'autres équipements de la ville intelligente (capteurs, etc.) au sein des arrêts de bus, des lampadaires, des panneaux d'affichage. Clear Channel ou encore JCDecaux réservent d'ores et déjà des servitudes pour ces antennes au sein des nouveaux abris de bus. En 2015, l'éventualité de l'installation d'antennes 4G Huawei dans les mâts des abribus parisiens avait d'ailleurs fait polémique. En effet, la multiplication de micro-antennes ne manquera pas de générer des interrogations auprès des habitants - de même que les collectivités devront redoubler de vigilance pour ne pas voir leur "infrastructure numérique" exclusivement contrôlée par des opérateurs privés.