L’Association nationale des élus des littoraux à François Bayrou : "l’océan des promesses a accouché d’une sardine"

Dans une lettre ouverte au Premier ministre rendue publique ce 7 juillet, l’Association nationale des élus des littoraux (Anel) dénonce l’absence d’écoute et la passivité du gouvernement face aux enjeux d’adaptation de leurs territoires au changement climatique.

Dans une rare manifestation de colère, l’Association nationale des élus des littoraux (Anel) a adressé à François Bayrou une lettre ouverte qui se veut un "dernier appel avant décrochage du dialogue entre l’Etat et les collectivités territoriales". Rédigée à la suite d’une réunion exceptionnelle du Comité national du trait de côte (CNTC) le 1er juillet dernier, cette lettre commence par rappeler que "toutes les conditions étaient pourtant réunies pour que 2025 soit une grande année pour nos littoraux", avec notamment l’accueil à Nice de la troisième conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc), en juin dernier, qui fut l’occasion du lancement d’une coalition mondiale des villes côtières.

Toujours dans l'attente d'un Fonds d'adaptation au changement climatique

Surtout, souligne le document, 2025 devait marquer l’aboutissement de "l’engagement donné aux élus des littoraux, à plusieurs reprises, par plusieurs ministres et gouvernements successifs, y compris le vôtre, qu’un grand fonds d’adaptation au changement climatique serait mis en oeuvre pour concrétiser l’instauration d’une nécessaire solidarité nationale afin de venir en soutien aux collectivités littorales qui subissent, en première ligne, les effets de plus en plus violents et répétitifs de la montée du niveau des mers, des épisodes tempétueux et cycloniques, avec des conséquences particulièrement marquées sur le recul du trait de côte." 

"Autant d’éléments qui devaient donner aux collectivités des littoraux français la perspective d’une juste reconnaissance et prise en considération de la situation préoccupante à laquelle elles sont d’ores et déjà confrontées et qui va s’amplifier de manière exponentielle dans les toutes prochaines années, laissant entrevoir le déferlement d’un tsunami d’investissements à mettre en oeuvre et prêt à s’abattre sur leurs finances publiques locales", poursuit l’Anel. "Mais l’océan des promesses a accouché d’une sardine", déplore l’association.

De déceptions en déceptions

Elle signale que le travail mené au sein du CNTC, réunissant élus, acteurs scientifiques, associatifs, économiques ou encore universitaires avait conduit à des propositions consensuelles. "La nécessité d’une solidarité nationale avec les territoires littoraux a fait l’unanimité, et des propositions concrètes d’abondement à ce nouveau fonds ont été élaborées, faisant appel à des modes de financement qui avaient le souci permanent de ne pas avoir d’impact sur l’état des finances de l’État, les collectivités locales sachant, pour leur part, l’importance d’avoir un budget équilibré à la fois dans ses dépenses et ses recettes", détaille l’Anel. "Fort de cet esprit de responsabilité et de ce travail méticuleux (…), les membres du CNTC attendaient avec impatience de passer de la théorie à la pratique de la mise en oeuvre de solutions de financements concrètes à bâtir en lien avec les services de l’État". 

Mais "le peuple mérien a déchanté", regrette l’Anel. "Il a vu la parole de l’État devenir plus fluette et moins franche sur ce sujet pourtant majeur lors des dernières réunions du Conseil national de la mer et des littoraux (CNML). Il a cru avoir mal compris les conclusions du Comité interministériel de la mer (Cimer) (…) à Saint-Nazaire le 26 mai dernier et où l’idée d’une solidarité nationale rejoignait les épaves des navires abandonnés dans les abysses", détaille-t-il. Et au final, il affirme ne pas comprendre "le déni complet de tout ce travail" qui lui a été signifié par les représentants du Premier ministre lors de la réunion exceptionnelle du CNTC le 1er juillet dernier, "qui n’a fait que lever le voile sur l’absence totale de prise en considération de ses travaux". L’Anel appelle donc François Bayrou "à prendre des décisions immédiatement" au regard des enjeux – 12,5% de la population vit sur les littoraux,  qui sont aussi "le fer de lance et la locomotive de l’activité touristique de notre pays" avec des "retombées économiques conséquentes" et "de nombreux emplois non délocalisables". 

Les élus des littoraux estiment que "leur patience est épuisée" "face à un sentiment d’absence d’écoute véritable". "Il n’est pas encore trop tard pour trouver, ensemble, la voie d’une solution viable et pérenne au financement de l’adaptation de nos littoraux aux effets du changement climatique, mais le temps est compté", prévient l’Anel qui estime que "la balle de match" est maintenant dans le camp du gouvernement pour "aboutir à un résultat acceptable pour les territoires".

 

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