Le Car à Pattes, la solution qui s'imposait pour garder les tout-petits
La réflexion des élus de cette communauté de la banlieue rurale de la capitale haut-normande est partie d'une forte intuition qu'ils ont décidé de vérifier : le déficit d'accueil des enfants d'âge préscolaire dans la journée. Une étude précise de l'existant a été menée en septembre 2004. Elle a révélé que les assistantes maternelles étaient suffisamment nombreuses sur le territoire et qu'une crèche collective n'était pas utile, au contraire ! En revanche, une question restait sans réponse : comment, dans un urbanisme aussi dispersé, libérer des familles, des femmes en grande majorité, enfermées dans un mode de vie pas toujours choisi ? Comment, concrètement, la mère sans emploi d'un enfant de 15 mois, peut-elle rechercher du travail dans l'agglomération rouennaise ?
Les quinze élus de la commission de l'action sociale de la communauté, leur président Jean-Pierre Petit en tête, ont ébauché des solutions, mais aucune n'était vraiment satisfaisante. Ils pouvaient construire trois ou quatre haltes-garderies dans les communes les plus importantes, mais cela ne résolvait pas le problème des personnes isolées dans les vingt autres ! Ils ont approfondi l'enquête, sont allés voir une communauté de communes, dans l'Oise, près de Beauvais, et ont été séduits par la halte-garderie itinérante dont elle s'était équipée. C'était bien la seule solution pour rapprocher du service ceux qui en sont éloignés.
De retour du Beauvaisis, Jean-Pierre Petit, soutenu par le président de la communauté, Pascal Martin, a encore dû vaincre les réticences de quelques élus qui avaient peur que cela "crée des besoins" difficilement maîtrisables ; alors que, justement, l'objectif était de les révéler. La décision fut finalement prise en commission, puis en conseil communautaire.
Depuis le 13 septembre 2007, le Car à Pattes, un car aménagé pour les soins de puériculture et la sieste de cinq bambins, animé par une éducatrice de jeunes enfants, une auxiliaire de puériculture, chargé de matériel de découverte, de jeu et de lecture, s'arrête aux portes de salles communales dans un village différent chaque jour de 9 heures à 16 heures 45, les lundis, mardis, jeudis et vendredis.
Moins de deux mois après le lancement, il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions, mais Hervé Le Nobin, le directeur adjoint de la communauté, est optimiste. Deux enfants fréquentent le Car à Pattes dans un village, neuf dans un autre. "Les habitants sont en train de découvrir que ce service nouveau est à leur disposition. Ils avaient dû trouver d'autres solutions avec une voisine ou des parents, pour faire garder leur petit quand ils avaient des démarches à faire. Les femmes qui attendent un bébé vont maintenant s'organiser en fonction de la présence du Car à Pattes. D'ailleurs, la fréquentation augmente régulièrement depuis le lancement." Un lancement qui ressemble évidemment à une expérimentation. Si les besoins révélés dans un village sont inférieurs à ceux d'un autre, le lieu de stationnement pourra changer. De même, si les besoins augmentent considérablement dans une des communes, il faudra alors y aménager une halte fixe et permanente, et faire stationner le véhicule ailleurs.
Le Car à Pattes, tout équipement compris, a coûté un peu moins de 100.000 euros. Le département et la CAF ont pris chacun 40% de la dépense à leur charge, laissant 20% à la communauté de communes.
La communauté de communes des Portes Nord-Ouest de Rouen est dans le vent de l'histoire. Des équipements mobiles pour garder les tout-petits se multiplient un peu partout en France, souvent, comme ici, pour révéler les besoins d'équipements plutôt que pour y répondre définitivement.
Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis
Communauté de communes des Portes Nord-Ouest de Rouen
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Nombre de communes :
Arnaud Legras
Hervé Le Nobin
Pascal Martin
Jean-Pierre Petit
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