Le CIAS, outil de développement territorial et d'action sociale

Le centre intercommunal d'action sociale du Créonnais (Gironde) maintient le credo qui a conduit à sa création il y a deux ans : être un centre de ressources pour épauler et fédérer les communes dans leurs politiques sociales, tout en apportant une plus-value professionnelle dans le suivi des situations plus délicates.

Être un centre de ressources, le terme est peut être présomptueux, mais la ligne de conduite qui a abouti à la création du centre intercommunal d'action sociale (CIAS) de la communauté de communes du Créonnais est bien claire : ce CIAS joue un rôle fédérateur et de soutien pour les communes membres, chacune restant maître de sa politique sociale. C'est pourquoi lors de sa création, en 2007, il a été décidé de maintenir les CCAS des communes. Loin d'avoir délesté les communes de leur prérogative sur le champ social, le CIAS les a donc confortées, voire renforcées, puisque sur les quatorze communes, quelques unes n'avaient pas de CCAS dûment constitué. “Or pour créer un CIAS, il faut que chaque commune dispose d'un CCAS actif et non d'une simple ligne budgétaire “action sociale” comme c'était le cas pour certains”, explique Christelle Dubos, directrice (et seule salariée) du CIAS. Une fois ces étapes administratives réglées, le CIAS a donc été créé et sa directrice recrutée, au 1er janvier 2007.

Un accompagnement professionnalisé pour les bénéficiaires du RSA

La seule compétence que le CIAS ait reprise et assume pour l'ensemble des communes est le suivi et l'accompagnement du RMI (aujourd'hui RSA - revenu de solidarité active). “Les élus ont considéré que ce transfert apportait une plus value dans la mesure où ce suivi est désormais assuré par un travailleur social (Christelle Dubos) et non plus par les secrétaires de mairie comme cela pouvait être le cas pour les personnes qui n'allaient pas voir un travailleur social du département. Cela permet donc de remédier aux différences et disparités de prise en charge des publics en difficulté pour leur insertion sociale et professionnelle. Et cela rend aussi les démarches plus confidentielles et donc moins délicates pour certaines personnes”, justifie Christelle Dubos.

De la veille réglementaire...

Pour le reste donc, le CIAS fonctionne comme une antenne qui nourrit tout autant qu'elle est à disposition des CCAS. A commencer par l'envoi d'informations, documents, circulaires dès qu'une nouveauté réglementaire les concerne. Par exemple, quand les COTOREP ont été supprimées et dans le même temps créées les maisons départementales du handicap, la directrice a prévenu les CCAS de ce changement. Sur des sujets d'actualité, comme la pandémie Grippe A, le CIAS devient naturellement le référent, chargé de réunir les éléments d'information nécessaires et de les dispatcher selon les cas. Autre illustration : lors de la tempête de janvier 2009, la directrice avait fait le tour des associations pour recenser les aides possibles et ensuite renvoyé l'info aux CCAS, évitant à chacun de faire les mêmes démarches.

… à la mutualisation de moyens

Le CIAS travaille également à la mutualisation de moyens. Par exemple, pour l'hébergement d'urgence, Il a passé convention avec des campings et hôtels. “Si une famille se retrouve à la rue suite à un incendie et que le CCAS n'a pas de solution à lui proposer, le CIAS peut alors faire l'avance des frais d'hôtel ou de mobil homes”, explique Christelle Dubos. La convention signée par le CIAS permet donc à chacune des quatorze communes de bénéficier d'un service que beaucoup n'auraient pas mis en place seuls.
Ponctuellement, Christelle Dubos se tient à la disposition des maires ou secrétaires de mairie pour les aider à trouver une solution pour une famille en difficulté, quitte à aller les rencontrer puis faire le lien avec les services sociaux ad hoc. “Mais je ne fais rien qui ne soit de leur compétence. Récemment, un CCAS me demandait de domicilier une personne, or c'est une prérogative strictement communale. Je peux les aider pour les démarches, mais je ne fais pas à leur place même si, maintenant que le CIAS est reconnu, certains pourraient avoir tendance à se décharger de dossiers qu'ils n'ont à traiter que de façon très épisodique”, prévient Christelle Dubos.

Préserver et renforcer la proximité

“Le CIAS ne doit pas se substituer aux CCAS”, insiste Christelle Dubos, faisant écho au vœu du président de l'EPCI que les CCAS et communes restent proches des habitants, qui naturellement s'adressent à la mairie.
Pour faire vivre cette proximité et impliquer chacun, le CIAS essaye d'impulser des conférences intercommunales avec comme principe que les CCAS, chacun leur tour, organisent une journée thématique, ouverte à tous, professionnels, élus et habitants. Les premiers à se lancer ont choisi d'aborder la maladie d'Alzheimer, les problèmes d'addiction. Le CIAS apporte un appui logistique et assure le relais avec les professionnels. Dans le même esprit visant à fédérer les communes autour de manifestations collectives, le CIAS va les informer de la prochaine opération de prévention du cancer des femmes, organisée sur le département, et offrir à ceux qui souhaiteraient y participer de réutiliser le matériel nécessaire.

Les maires connectés à la réalité sociale de leur population

Dès son arrivée, Christelle Dubos a pendant les six premiers mois fait le tour des CCAS, élus, associations et organismes œuvrant sur le champ social sur le territoire. “La compilation de ces données a permis de montrer que certains élus,  qui pensaient qu'il n'y avait pas de familles dans le besoin dans leur commune, se trompaient, car ces familles allaient ailleurs faire leurs demandes d'aides ”, reconnaît-elle. Si cet état des lieux n'est pas encore au stade élaboré d'une analyse des besoins sociaux, il a permis de rendre visible une réalité, si ce n'est cachée du moins négligée.

Chaque année, Christelle Dubos fait un bilan des bénéficiaires du RMI, et informe les maires de l'évolution des situations des familles. Ainsi, les maires ne sont pas déconnectés de la réalité sociale de leur population, ce que beaucoup craignaient et avaient du mal à accepter .
A noter enfin que le CIAS dispose d’un budget autonome, géré par sa directrice, ce qui lui assure une totale autonomie par rapport à la communauté de communes.

Dans sa composition actuelle, le conseil d’administration fonctionne très bien. Le CIAS apporte un plus par son rôle fédérateur et de soutien aux communes et les CCAS, dans toutes les communes, définissent leur politique sociale et restent proches des habitants, car ils s'adressent en tout premier lieu à leur mairie...

Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences du site Mairie-Conseils
 

Communaute de communes du Créonnais

Nombre d'habitants :

14000
4 rue Régano
33670 Créon

Christelle Dubos

directrice du CIAS

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