Le CNR prolongé par une "consultation" citoyenne

Lançant ce 8 septembre la première réunion du Conseil national de la refondation (CNR), Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de "bâtir du consensus" et de décliner la démarche "sur le terrain". "Une très large consultation de nos concitoyens" sera en outre "lancée dans les prochains jours". 

Emmanuel Macron a donné ce jeudi 8 septembre le coup d'envoi du Conseil national de la refondation (CNR). Sur la cinquantaine de personnes invitées à Marcoussis, 40 avaient répondu présents représentants des associations d'élus locaux, du patronat, de syndicats et d'associations, sans oublier une dizaine de ministres. "Les absents ont toujours tort", a commenté le chef de l'Etat. "La porte sera toujours ouverte", a-t-il ajouté.

Parce que "nous sommes dans une situation historique", il faut "qu'on puisse travailler différemment sur les grands sujets", en réunissant "les forces vives de la nation", a-t-il dit devant la presse avant d'ouvrir la séance inaugurale, réexpliquant la raison d'être et les objectifs du dispositif, comme l'avait fait son entourage il y a deux jours (voir notre article).

Il s'agit en premier lieu, selon Emmanuel Macron, de "bâtir du consensus sur la situation de la France et son avenir" alors qu'"on a parfois du mal à se mettre d'accord sur les faits". "On voit que les grands sujets de transition – j'en prendrai deux, la transition climatique, et la transition démographique avec le grand âge – créent énormément de tensions dans la société. Tensions sur l'utilisation de l'argent, sur les usages (…). Ce qui suppose de faire coopérer tous les acteurs et de faire maturer ces questions au niveau national et local", a-t-il poursuivi. "La transition climatique, si vous ne mettez pas tout le monde autour de la table – les maires, les départements, les régions, l'Assemblée nationale et le Sénat, mais aussi les syndicats, le patronat, les forces associatives… –, on ne pourra pas la gérer".

Ainsi, "ce conseil, il aura une part nationale, et il aura des déclinaisons locales", a-t-il redit, sans que l'on sache quelle forme celles-ci prendront. "Là, on est avec les représentants nationaux. Les débats et les coalitions d'action, on va les bâtir sur le terrain. Puis il y aura des consultations très larges, ouvertes."

Emmanuel Macron a à ce titre évoqué "une très large consultation de nos concitoyens" qui sera "lancée dans les prochains jours, pour compléter la réunion de travail d'aujourd'hui", l'enjeu étant de "remettre les Français au cœur de ces grandes décisions". L'Elysée avait fait savoir qu'un site internet dédié serait très vite lancé. Le président n'a en outre pas exclu que des propositions issues des débats du CNR puissent "déboucher sur des référendums" : "Je n'exclus rien (…). Si le processus que nous lançons aujourd'hui permet de découler sur cela, nous le ferons".

Au-delà du diagnostic et du consensus… Emmanuel Macron met en avant un "objectif d'action" : "Si on veut changer les choses en profondeur, ce ne sont pas davantage de lois et de décrets qu'il faut, c'est agir sur le terrain et donc en remettant les forces vives du terrain au cœur de l'action publique". Et ce, sur "au moins trois grands sujets prioritaires" : "l'école, la santé, le plein emploi". "Sur l'école, c'est un peu la méthode qu'on a inaugurée il y a un an à Marseille avec Marseille en Grand – permettre aux acteurs de terrain de définir un projet et de les aider", a-t-il illustré. "On va très vite lancer de l'action concrète, en disant aux parties prenantes 'bâtissez le projet et on vous aide à le financer, à le mettre en œuvre'".

Le CNR a débuté ses travaux loin des yeux du public, à huis clos, certains participants n'ayant pas souhaité une diffusion des débats, selon l'Elysée. "La clé (était) d'installer la confiance" et d'éviter "les postures", a fait valoir Emmanuel Macron.

Dans l'après-midi, la parole a été donnée à Élisabeth Borne pour déterminer les chantiers et "la déclinaison de la méthode pour chaque thématique intégrée au CNR". En sachant que les prochains CNR en format global devraient en principe se réunir sous la présidence de la Première ministre… et que celle-ci avait annoncé fin août la possibilité de CNR thématiques. Le suivi des travaux et le secrétariat général étant quant à eux confiés à François Bayrou, Haut commissaire au Plan.

Parmi les prises de paroles transmises à la presse, celle de François Sauvadet, le président de Départements de France, qui a évoqué les multiples difficultés du moment face auxquelles les départements sont "en première ligne" : hausse des prix, conséquences du changement climatique, mégafeux, "montée des précarités" générant une hausse des dépenses sociales et donc un risque de baisse des investissements… Et l'élu de rappeler que son association a déjà travaillé sur la plupart des sujets du CNR, dont "la santé, le médico-social, le bien vieillir". Le tout ayant débouché il y a un an sur les "102 propositions" des départements : "Elles sont toutes sur la table. Monsieur le Président, ma question est simple, on en fait quoi ?".

Parmi les autres échos, Guy Geoffroy, vice-président de l'Association des maires de France (AMF), a déclaré être "très vigilant sur le point d'arrivée de la démarche engagée". "Le président a proposé que nous nous retrouvions dans la configuration d'aujourd'hui au mois de décembre", a-t-il en outre fait savoir.Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s'est dit à son arrivée être dans une logique de "propositions" mais désireux de "savoir si c'est une démarche loyale" ou pas. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a pour sa part appelé à "donner sa chance au produit". Noam Leandri, président du collectif Alerte, qui rassemble les grandes associations de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, a quant à lui regretté auprès de l'AFP que le thème des "inégalités" n'ait pas été abordé en tant que tel, et que la méthode reste "floue".

 

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