Le maintien à domicile dynamisé par "l'intergénérationnel"

L'intergénérationnel est un mot et un concept à la mode. Au coeur d'un territoire très rural de la Haute-Saône, il trouve tout son sens pratique au gré d'une politique sociale menée en direction des personnes âgées, fortifiée grâce à un partenariat avec une association d'aide à domicile. Ce projet, porté par un centre intercommunal d'action sociale créé par six petites communes pourtant membres d'une communauté de communes plus importante, est simple et ambitieux. Les premiers effets donnent raison aux élus d'y avoir cru.

Six communes de Haute-Saône ont choisi de travailler ensemble à un projet social en complémentarité avec une association de service à domicile pour favoriser le maintien de personnes âgées dans leur logement dans de bonnes conditions et d'une vie locale propice aux rencontres entre les générations. Dans ce territoire très rural, la proportion de personnes âgées s'accroît et leur habitat souvent diffus, éloigné des bourgs, accentue leur isolement social. Certaines ont rejoint le foyer-logement installé à Lavoncourt, le bourg principal (350 habitants).

Un centre intercommunal d'action sociale créé à la fin des années 1990

C'est pour permettre la gestion de cet établissement pour personnes âgées (19 résidents) et se doter d'une politique en faveur des personnes âgées que ces six communes ont créé le centre intercommunal d'action sociale (Cias) du Val Fleuri, en 1996. Elles avaient pour cela créé un Sivu. A l'époque, la création d'une communauté de communes des Quatre rivières à laquelle elles appartiennent toutes aujourd'hui, était en cours. Aussi, le Cias a été maintenu entre ces six communes. "La communauté compte 42 communes ; à cette échelle, il devient compliqué de s'entendre sur le champ social. Nos six communes avaient une proximité géographique et historique alors nous avons choisi de continuer de travailler ensemble dans ce domaine", explique Jean-Paul Carteret, président du Cias et maire de Lavoncourt.
C'est pour aller plus loin qu'elles ont signé (via le Cias) en juin 2005 une convention de partenariat avec une association active sur ce territoire, la Fédération d'aide, de services et de soins à domicile (Fassad). "Le projet est né d'une discussion avec Blandine Cartier, (responsable de secteur de la Fassad) portant sur les problèmes de dénutrition relevés par les familles : la 'non envie' des personnes âgées de se nourrir. Cela a déclenché la décision d'organiser un service de repas livrés à domicile", présente Jean-Paul Carteret. "Le foyer-logement disposant d'une cuisine, nous avons trouvé un accord pour satisfaire tout le monde", complète Blandine Cartier. Le foyer-logement confectionne des repas chauds qui sont ensuite livrés par la Fassad auprès des personnes âgées intéressées. Le choix d'une liaison chaude n'est pas anodin. "Les personnes veulent quelque chose de prêt et de chaud, plutôt que d'acheter des plats préparés à réchauffer. Certaines barquettes de repas froids n'étaient pas ouvertes !", relate Blandine Cartier. Deux salariées de la Fassad s'organisent pour assurer les tournées, sept jours sur sept.

Des personnes âgées  qui partagent leur dessert avec les écoliers

Les repas sont achetés par la Fassad au Cias et facturés aux bénéficiaires (en incluant le coût du transport). "Nous avons préféré que la Fassad assure les livraisons car je crois au partenariat et c'est en complétant nos compétences que nous sommes efficaces et moins dispendieux", explique le maire. La Fassad a d'ailleurs créé un emploi pour ce service.
La cantine du foyer-logement a également été ouverte aux écoliers du secteur, (15 à 20 enfants suivant les jours). Ces derniers arrivent lorsque les personnes âgées en sont au dessert. "L'hiver, souvent, les résidants aident les enfants à se rhabiller", glisse Blandine Cartier. La Fassad a créé un autre emploi (emploi tremplin, cofinancé par le conseil régional) occupé par une jeune femme chargée du périscolaire. Elle anime les temps de midi et d'après classe. Les temps d'échange se multiplient entre le foyer-logement et les écoliers, avec les enfants fréquentant le centre de loisirs ou des jeunes participant à un chantier sur Lavoncourt... autant d'occasions de convivialité, de gaieté et d'ouvertures réciproques.
Toujours au foyer-logement, des ateliers et activités diverses sont désormais organisés un après midi par semaine, où sont invités tous les retraités du territoire. "Cela participe à lutter contre leur isolement et leur manque d'occupation", commente Jean-Paul Carteret. Là encore, la Fassad intervient pour l'animation.

Un foyer-logement ouvert à l'hébergement temporaire

La convention avec la Fassad a par ailleurs permis à quatre salariés du foyer-logement (embauchés à mi temps) de compléter leurs revenus par un autre travail à mi-temps pour l'aide à domicile. "Ce n'est pas simple pour coordonner nos planning, mais c'est un complément intéressant pour tout le monde", reconnaît Blandine Cartier.
Autre point de la convention : le foyer-logement est ouvert à l'hébergement temporaire de personnes âgées, à la fois pour permettre aux familles de souffler, tout en laissant leur parent âgé dans un environnement sécurisé et pour offrir des soins de suite, entre une sortie d'hospitalisation et le retour au domicile. Mais cette action reste toutefois modeste, car "il faut que les demandes coïncident avec la disponibilité d'un lit", dit le maire qui n'écarte pas l'idée de construire un ou deux studios si la demande continue d'augmenter.
Ne manque à cette organisation que le minibus de neuf places : ce taxi du lien social est en cours d'acquisition. Dans le cadre de la mutualisation des coûts d'investissement, le véhicule collectif sera utilisé non seulement pour le transport des personnes âgées mais également pour celui des enfants fréquentant le centre de loisirs (vers des sites d'activité). " Avec les transporteurs, ces dépenses sont devenues bien trop onéreuses pour nos petites communes...", détaille Jean-Paul Carteret. L'acquisition de ce minibus (27.000 euros) mis à disposition des différentes générations est aidé par la Cram, la MSA et la Fondation de France.

Fédération d'aide, de services et de soins à domicile (FASSAD)

Blandine Cartier

Mairie de Lavoncourt

Route Mont St Léger
70120 Lavoncourt

Jean-Paul Carteret

Maire

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