Le maintien et l'amélioration de l'accès aux services de La Poste

En 2003, La Poste envisage de réorganiser ses services en milieu rural, ce qui implique de fermer une partie de ses bureaux. Une première expérience réussie d'agence postale communale sur le territoire de la communauté de communes Entre l'Alène et la Roche (Nièvre) facilite le dialogue entre la direction départementale de La Poste et les élus locaux. La solution négociée qui se met en place permet de conserver et même d'améliorer légèrement, sous une forme nouvelle, l'accès de la population aux services postaux traditionnels dans chaque commune.

Au départ...

Lorsque le secteur du courrier s'ouvre à la concurrence, en 2003, la Poste prévoit à la fois une réduction significative de ses parts de marché et un accroissement de ses charges de service public. Cette nouvelle étape de la déréglementation coïncide avec des changements de pratiques de consommation et de déplacements se traduisant par une moindre fréquentation des bureaux de poste. Envisageant de diminuer sa présence physique locale, La Poste souhaite faire de l'accès à l'ensemble du réseau postal l'une de ses stratégies prioritaires, en concertation étroite avec les élus.
Dix ans auparavant, une des communes de la communauté a ouvert l'une des premières agences postales communales du département. Si les élus n'envisagent pas d'un très bon oeil la fermeture des bureaux de poste, ils sont rassurés par le succès de cette première expérience et acceptent de réfléchir avec La Poste aux meilleurs moyens de conserver l'accès des habitants aux services postaux.

En cours de route...

Une rencontre a lieu en janvier 2003 entre le président de la communauté de communes et le directeur départemental de La Poste puis, en juin, au sein du bureau communautaire. Une convention d'"accessibilité aux services de La Poste" permet à celle-ci de mener une étude de faisabilité d'évolution et d'implantation de ses services au niveau intercommunal. L'institution contacte chaque maire des communes concernées par la disparition ou la transformation du service postal ainsi que les commerçants éventuellement intéressés pour accueillir un point-poste. A l'automne, le conseil communautaire valide une proposition de carte de redéploiement des services de La Poste, proposition qui est officialisée dans un document-cadre de décembre 2003 signé entre la direction de La Poste de la Nièvre et la communauté de communes.
Dans ce document, il est précisé, pour chaque commune, le type de présence postale choisi : bureau de La Poste de plein exercice, bureau de proximité, agence postale communale ou point-poste. Le dispositif point-poste permet de conserver un certain nombre de prestations postales en contrepartie d'une rémunération versée au commerçant : il s'agit d'un partenariat négocié entre La Poste et le commerçant, en concertation avec les élus. Les agences postales communales sont administrées par du personnel communal qui, comme le commerçant d'un point-poste, délivre un certain nombre de services : vente de timbres et de prêt-à-poster, dépôts de lettres ou colis, retrait des instances (recommandés, colis), vente d'emballages, retraits et versements sur comptes CCP et Postépargne.

Les moyens mobilisés et les partenaires...

L'opération s'est déroulée dans un partenariat étroit entre la communauté de communes, les communes concernées et la direction départementale de La Poste. Aucun financement n'est intervenu, hormis entre La Poste et les communes et les commerçants ayant conventionné pour la création d'une agence postale communale ou d'un point-poste.
En jouant un rôle de relais avec La Poste, la communauté de communes a réussi à mobiliser ses communes-membres, plus une commune du canton, et de sceller entre elles un lien d'avenir. "Sans la communauté de communes, je me serais battu pour conserver ma Poste sans prendre en compte les autres communes", témoigne l'un des maires, dont le bureau de Poste, amené à disparaître, a évolué en agence postale communale.
Cette mobilisation s'est avérée essentielle autant pour trouver des solutions techniques (locaux, personnel) que pour promouvoir le projet auprès de la population. Les maires ont été amenés en effet à "vendre" aux habitants l'idée d'agence postale pour leur en faire comprendre les enjeux. La population a d'ailleurs été informée par courrier des modifications du service, mais "si c'était à refaire, dit un élu, il faudrait personnaliser les courriers pour qu'ils ne soient pas noyés au milieu de toutes les publicités".

Pour quels résultats...

Trois conventions ont été signées avec des communes et deux avec des commerçants. Les services cumulés sur le territoire intercommunal représentent actuellement 190 heures de présence accessible, au lieu de 95 heures précédemment. Les points de contact entre La Poste et les habitants sont passés de 6 à 7, une commune anciennement dépourvue ayant obtenu la mise en place d'un point-poste.
La forme de la présence postale a ainsi évolué. Trois anciens bureaux de proximité (guichets décentralisés du bureau de plein exercice) ont été transformés en agences postales communales et un bureau en point-poste. De plus, deux bureaux de postes ont été maintenus dans les communes plus importantes. Malgré une diminution de la présence physique de La Poste sur le territoire, cette démarche contractuelle a permis de développer le service postal en doublant l'amplitude horaire d'accueil et en créant de nouveaux contacts. Seules quatre communes sont restées sans présence postale.

Et aujourd'hui ?

Les conventions signées dans le cadre d'une agence postale communale ou d'un point-poste ont une durée de trois ans (jusqu'en 2007). La communauté de communes se montre relativement confiante quant à la négociation de nouvelles conventions, espérant passer ainsi à un "contrat à durée indéterminée" favorisant le maintien du service public de La Poste.

Valérie Bourgoin, chef de projet au centre permanent d'initiatives pour l'environnement Bresse du Jura

Le conseil des élus

La relation entre la communauté de communes et la direction départementale de La Poste a été primordiale dans la réussite de cette opération. Le directeur de la communauté de communes explique : "Les échanges ont permis d'avoir l'ouverture d'esprit nécessaire pour bien s'en représenter les enjeux et confronter nos points de vue. Tout a été joué "carte sur table", ce qui a permis aux maires d'assumer leurs décisions quand certaines communes ont dû accepter la modification d'un service public".
"Bien entendu, La Poste n'est plus là, mais le service est toujours rendu aux habitants, voire même amélioré grâce à une plus grande amplitude horaire. C'est une évolution nécessaire pour maintenir un service public, pas une suppression", confirme le vice-président de la communauté de communes.

 

Communauté de communes entre l'Alène et la Roche

Nombre d'habitants :

4580

Nombre de communes :

11
Hôtel de ville
58170 Luzy
cdcluzy@wanadoo.fr

Michel Berthier

Vice-président

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