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Le ministère de l'Éducation a cartographié les inégalités scolaires territoriales

Les disparités en termes de résultats scolaires sont marquées selon les territoires, c'est ce que révèle le dernier "état de l'école" publié par le ministère de l'Éducation nationale. Les académies où se concentrent les collèges en REP+ figurent souvent en bas de classement.

Les régions françaises sont-elles égales devant les résultats scolaires ? À cette question, la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Éducation nationale répond par la négative. Alors qu'on savait déjà que de sensibles disparités de parcours et résultats scolaires existaient selon la commune des élèves (lire ci-dessous notre article du 7 octobre), la dernière étude de la Depp, intitulée "L'état de l'école 2019", offre une synthèse des dernières statistiques en matière d'éducation et propose une approche par académie.

Avant d'en venir aux résultats eux-mêmes, l'étude met en évidence l'évolution "contrastée" des effectifs des collèges selon les académies ces vingt dernières années. Depuis 1998, le nombre de collégiens a diminué de 1,5% sur l’ensemble de la France. Le quart nord-est du pays est très marqué par ce recul : les académies de Reims, Nancy-Metz, Rouen, Dijon et Lille ont connu des baisses de plus de 15% de leurs effectifs. À l’inverse, Toulouse et Montpellier enregistrent plus de 10% de hausse. Bordeaux ou Nantes ont également vu croître leur population de collégiens de façon importante.

Baisses d'effectifs dans le Nord-Est

Au lycée, la situation est très différente puisque les effectifs ont crû de 6,2% en vingt ans, malgré, là encore, des évolutions inégalement réparties qui recoupent celles des effectifs de collégiens. Les hausses les plus fortes (18% et plus) concernent les académies de Montpellier, Toulouse, Créteil et Nice, tandis que celles de Versailles et de Bordeaux progressent de 17%. Dans le bas du classement, pour la catégorie des lycées généraux et technologiques, on retrouve Lille (-13,9%), Nancy-Metz (-12,6%) et Reims (-11,4%).

Quant à la répartition des collèges en éducation prioritaire (EP), elle n’est pas plus homogène. "Les départements qui concentrent le plus de difficultés sociales comptent davantage d’élèves scolarisés en REP+", indique la Depp. Ainsi quatre collèges REP+ sur dix sont concentrés dans cinq départements : Nord, Guyane, Seine-Saint-Denis, Bouches-du-Rhône et Réunion.

Sans surprise, cette concentration d'établissements classés en EP conduit à des résultats scolaires "géographiquement disparates". Et ceux qui s'en sortent le mieux sont les académies possédant un taux de collèges en REP+ inférieur à la moyenne. Ainsi, la part des élèves "maîtrisant les éléments du français" en début de sixième s'élève à 91,6% à Paris, 90,8% à Rennes et 89,7% à Clermont-Ferrand. Un trio de tête que l'on retrouve pour les mathématiques.

À Paris, bac en vue pour 84% des élèves

On en arrive alors à la donnée phare de l'étude : l’espérance d’obtenir le baccalauréat pour un élève de sixième. Au vu des éléments précédents, on ne s'étonne pas de voir Paris en tête de ce classement : 84,5% des élèves de sixième peuvent espérer y obtenir le baccalauréat, tandis que la Guyane ferme la marche avec 55,6%. Ici, les résultats ne recoupent qu'en partie la carte d'implantation des collèges en REP+. Si les académies de Lille, Reims, Amiens ou Aix-Marseille, concentrant des collèges en REP+ au-delà de la moyenne nationale, figurent en bas de ce classement, celles de Caen, Poitiers ou Dijon, faiblement représentées dans la cartographie des REP+, s'y trouvent aussi. L'étude ne propose ici aucune explication, mais on peut rapprocher ce résultat de l'un des constats du rapport Azéma-Mathiot sur l'éducation prioritaire récemment remis au ministre de l'Éducation et selon lequel "les parcours scolaires post-collège et post-baccalauréat d’une partie des jeunes résidant dans les territoires ruraux sont marqués par des écarts à la moyenne voire des difficultés, selon une ampleur comparable à ceux qui caractérisent les élèves de l’éducation prioritaire".

Quant à la part des 16 à 25 ans peu ou pas diplômés et non inscrits dans un établissement d’enseignement, elle recoupe mieux celle de la présence de collèges en REP+. Les académies de Lille et d'Amiens figurant en queue de ce classement.