Accès aux soins - Le nombre de bénéficiaires de la CMU progresse, mais le taux de recours reste faible
Dans le dernier numéro de sa lettre "Références", le Fonds de financement de la couverture maladie universelle (CMU) donne les derniers chiffres de cette prestation, calculés au 31 octobre 2015. Ces données montrent une progression sensible du nombre de bénéficiaires. Celle-ci est au demeurant en phase avec l'évolution du contexte économique et la montée du chômage, même si une partie de la hausse vient d'un ajustement des plafonds d'accès.
Près de 5,4 millions de bénéficiaires de la CMU-C
Le nombre de bénéficiaires de la CMU de base atteint ainsi 2,46 millions au 31 octobre 2015 (métropole et DOM, hors ressortissants communautaires et travailleurs frontaliers). Ce chiffre traduit une hausse de 5,5% sur un an, plus particulièrement marquée dans les DOM (+7,1%).
Pour leur part, les bénéficiaires de la CMU complémentaire (CMU-C) atteignent le nombre de 5,37 millions pour la France entière, tous régimes confondus. Ce chiffre correspond à une hausse de 4% sur un an (4,4% en métropole et 1,3% dans les DOM). Le Fonds de financement rappelle à cette occasion que "la montée en charge de la mesure de revalorisation exceptionnelle des plafonds au 1er juillet 2013 étant considérée comme terminée, il s’agit d’une évolution conjoncturelle, qui reste assez dynamique pour la métropole".
En termes de coût, la dépense de CMU-C atteint 1,778 milliard d'euros, en progression de 5,4% sur un an. Cette hausse déjà conséquente aurait été plus importante encore si la dépense unitaire par bénéficiaire n'avait pas légèrement diminué. Elle baisse en effet de 0,8%, pour atteindre 423 euros par personne (426 euros en métropole et 403 euros dans les DOM). Pour l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS), la progression est de 12,2%, pour atteindre 1,32 million de personnes ayant reçu une attestation ACS.
Un taux de recours inférieur à 40% pour l'ACS
Le dernier numéro de la lettre Références rend compte également de la mise à jour effectuée par la Drees (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux) sur les populations éligibles à la CMU-C et à l'ACS, qui la complète pour les revenus légèrement supérieurs au plafond d'accès à la CMU-C. Cette réévaluation du "vivier" potentiel de la prestation porte uniquement sur la métropole.
Pour la CMU-C, la population éligible se situe désormais dans une fourchette allant de 5,8 à 7,0 millions de personnes, soit sensiblement plus que le nombre de bénéficiaires effectifs (d'autant plus qu'il ne s'agit que des chiffres de la métropole). Cette fourchette est en hausse par rapport à la précédente évaluation (2013), qui se situait entre 5,6 et 6,7 millions. Le Fonds de financement précise toutefois qu'une bonne partie de la hausse observée en 2014 s'explique par la revalorisation exceptionnelle du plafond d'éligibilité, relevé de 8,3% en 2013.
Pour l'ACS, la nouvelle fourchette des bénéficiaires potentiels se situe entre 3,2 et 4,6 millions de personnes, contre 3,0 à 4,3 millions en 2013. La aussi, le Fonds de financement y voit l'impact de la revalorisation du plafond de ressources en 2013.
Le résultat de ce rebasage est que le taux de recours à la CMU-C se situe, en 2014, entre 64% et 77% des bénéficiaires potentiels. Celui de l'ACS se situe, pour sa part, entre 30% et 43%. Des chiffres qui confirment la récente enquête, parmi d'autres, de Médecins du Monde montrant que la complexité et le manque de lisibilité des dispositifs est le premier obstacle à l'accès aux soins (voir notre article ci-contre du 21 octobre 2015).