Accès aux soins - Le nombre de généralistes pourrait diminuer d'un quart sur la période 2007-2025
Le Conseil national de l'Ordre des médecins a présenté, le 2 juin, l'édition 2016 de son Atlas de la démographie médicale en France. Ce document de référence, qui porte sur les médecins inscrits au tableau de l'Ordre au 1er janvier 2016, confirme les tendances à l'oeuvre depuis plusieurs années : des écarts territoriaux importants et une baisse préoccupante du nombre de médecins généralistes, premiers touchés par le nombre important de départs en retraite. Selon l'Atlas, cette baisse pourrait se traduire par la perte d'un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-2025.
86 départements confrontés à une baisse de la densité médicale
Cette tendance marquée à la baisse du nombre de généraliste s'inscrit dans un contexte général de stabilité de nombre de médecins en activité, tous modes d'exercice confondus. La France compte ainsi 285.840 médecins inscrits au tableau de l'Ordre au 1er janvier 2016. La densité médicale est de 284,4 médecins pour 100.000 habitants, avec des écarts régionaux allant de 232,7 dans le Centre à 350 en région Paca. Parmi les médecins en activité, le nombre de médecins retraités (mais toujours en activité) continue de progresser fortement. De 6.800 en 1979, il est passé à 70.300 en 2015, soit 25% du total.
Les disparités entre départements restent fortes. Sur la période 2007-2016, 37 départements enregistrent une hausse de leur effectif de médecins en activité régulière. A l'inverse, 55 départements connaissent une baisse de leur effectif de médecins, tandis que 4 restent stables.
Compte tenu de la croissance de la population française, 86 départements enregistrent une baisse de la densité médicale tous modes d'exercice confondus (nombre de médecins pour 100.000 habitants) sur la période 2007-2016. Les départements les plus touchés sont le Gers (-20,2% pour la densité médicale), l'Yonne (-19,8%) et l'Ariège (-18,8%). A l'inverse, dix départements connaissent, sur la période, une hausse de leur densité médicale. Les progressions les plus fortes concernent la Loire-Atlantique (+44%), le Calvados (+33%) et le Doubs (+3%).
Record de baisse pour la Nièvre... et Paris
Si l'on s'en tient aux seuls médecins généralistes en exercice régulier, 81 départements connaissent une baisse de leurs effectifs sur la période 2007-2016, tandis que 13 bénéficient d'une augmentation et que 2 stagnent. Les deux départements les plus touchés par la baisse des effectifs de généralistes, avec tous deux -25%, peuvent difficilement être plus contrastés, puisqu'il s'agit de la Nièvre et de Paris. Les deux suivants (-21%) présentent également des profils très contrastés, puisqu'il s'agit des Yvelines et de l'Yonne. Pour l'Ordre, ces exemples "mettent en évidence que la désertification n'est pas exclusivement rurale. Elle concerne également les espaces urbains de plus ou moins grandes échelles, diamétralement opposés".
A l'inverse, certains départements voient leur effectif de médecins généralistes progresser sur la période, à l'image de la Loire-Atlantique et de la Savoie (+8%), des Landes (+5%), de la Charente-Maritime (+4%) ou du Maine-et-Loire (+3%).
Autre point à noter : parmi les médecins, l'exercice salarié (incluant les médecins hospitaliers) est légèrement supérieur (45,8%) à l'exercice libéral (43,9%), tandis que 10,3% des praticiens ont un exercice mixte.