Le parking, nouveau "point d'intermodalité"
"Il faut changer d’approche sur le parking." Au cours d’un webinaire intitulé "Maîtriser les enjeux de mobilité de la ville post-carbone" co-organisé par la Banque des Territoires (BDT) et La Gazette des communes ce 3 avril, Gautier Chatelus, directeur adjoint infrastructures et mobilité à la BDT, a notamment insisté sur l’importance de faire de ce lieu jusqu’ici inerte et monofonctionnel (dédié au seul entreposage de véhicules) – "souvent occupé moins de 50% du temps", selon Christophe Mayen, directeur territorial Grand Sud chez Bouygues énergies et services – "un point d’intermodalité", vivant et multifonctionnel (producteur et fournisseur d’énergie, etc.). L’expert invite ainsi élus et services techniques à bien "étudier quels services on va y mettre", ne serait-ce que "pour faire en une seule fois les travaux".
Les bornes de recharge, électriques dans un premier temps – "une étape nécessaire" avant le passage à l’hydrogène, juge Patrick Tanguy, maire du Juch (Finistère) –, doivent naturellement y être en bonne place. D’autant que "la recharge en milieu résidentiel reste à inventer", souligne l’édile, évoquant à défaut le spectre "de fils qui pendent du troisième étage". Si les collectivités – "en général les syndicats d’énergie, la bonne maille étant la grosse métropole ou le/les département(s)", estime Gautier Chatelus – s’emploient à mettre en place des schémas directeurs des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (Irve), que la BDT peut cofinancer, l’expert relève que l’exercice n’est pas aisé, "car beaucoup d’initiatives privées échappent à la visibilité des collectivités". Des "initiatives" qui répondent pour une bonne part à des obligations législatives et réglementaires, faut-il le rappeler.
Si tous soulignent que le déploiement des mobilités douces est nécessaire, notamment "pour favoriser l’accès aux transports en commun" – dixit Patrick Tanguy, qui prêche par ailleurs pour que "le schéma vélo soit travaillé au niveau du Scot" –, tous conviennent de même qu’on "ne peut pour l’heure toujours pas se passer de la voiture en milieu rural". Pour le maire du Juch, outre la question de l’autosolisme, la priorité doit être à la lutte "contre la voiture surnuméraire". Ce qui l’a notamment conduit à faire appel à la société d’autopartage électrique Clem’ pour mettre en place ce service dans la commune. "Il ne faut pas vouloir réinventer le fil à couper le beurre, mais aller chercher les bonnes pratiques", conseille-t-il. Un dispositif qui a notamment "convaincu des locataires qui envisageaient de déménager de rester sur la commune", souligne l’élu, en mettant en avant les bénéfices collatéraux induits, notamment pour l’école. "Outre la fourniture de crédits d’ingénierie ou le financement de projets, la Banque des Territoires investit dans des sociétés de services contribuant au développement des mobilités propres, comme Clem’", précise Gautier Chatelus. Parmi elles, signalons également Logivolt – start-up qui vise à faciliter l’accès à la recharge électrique dans les copropriétés et le logement social en finançant l’installation de l’infrastructure collective –, laquelle vient de lever 70 millions d’euros auprès de la BDT, portant ainsi sa capacité d’investissement à 190 millions d’euros.