Le plateau du Vercors mobilise le parc privé pour loger les saisonniers

Pour constituer un parc de logement pour les travailleurs saisonniers, la communauté de communes du massif du Vercors (Isère) a mobilisé des propriétaires privés. Une Opah "thématique expérimentale" a permis de transformer des bâtiments vacants en petits logements. L'opération se révèle très positive par la valorisation du patrimoine et la fidélisation de saisonniers qualifiés. Un nouveau projet est envisagé dans le cadre du plan local de l'habitat (PLH).

Installé au télespace de Villard-de-Lans en 2006, le "guichet unique du logement des travailleurs saisonniers" est devenu le point de repère où convergent les demandes pour trouver un logement meublé et moins cher que les locations touristiques. Virginie Coing-Maillet, chargée de mission habitat et développement conseils (H&D), assure l'accueil des saisonniers ou de leurs employeurs et la mise en relation avec les propriétaires bailleurs. "Je dispose d'un parc d'une cinquantaine de logements vers lesquels orienter des saisonniers ou des stagiaires en formation. Après avoir vérifié l'existence d'un contrat de travail ou d'une attestation de stage, je donne les coordonnées du propriétaire ou de l'agence immobilière chargée de la gestion locative. Le propriétaire m'indique en retour si la location a été conclue ou non pour mettre à jour les disponibilités", explique-t-elle. Ces appartements, disséminés sur les sept communes de la communauté du massif du Vercors (CCMV), sont le résultat d'une opération programmée d'amélioration de l'habitat (Opah) originale, lancée en 2001, fruit d'un travail des élus avec H&D Conseils de l'Isère (mandatée par la CCMV pour la gestion et l'animation de ce projet (1)), et de l'appui financier inestimable de l'Association nationale pour l'amélioration de l'habitat (Anah) ainsi que de la région.

Une commission spéciale met au point un dispositif adapté

"Nous étions face à un besoin pressant, exprimé tant par les saisonniers que les employeurs qui, en raison des carences en logement, voyaient des candidats qualifiés préférer d'autres stations", explique Pierre Buisson, premier vice président de la communauté. Ce problème avait été soulevé par le programme local de l'habitat en 1992. Quatre années plus tard, une étude spécifique, confiée à H&D Conseils de l'Isère, révèle que le canton accueille plus de 1.100 travailleurs saisonniers l'hiver, et près de 900 l'été, dont 40% sont extérieurs au plateau et parmi eux, 140 sont très mal logés. Au sein du comité local de l'habitat de la CCMV, une commission spéciale travaille à un projet qui bénéficiera en 1999 d'une étude pré-opérationnelle (dans le cadre du contrat station moyenne avec la région, le département et l'Etat). Celle-ci permet de tester les points de blocage des dispositifs existants et de proposer un dispositif adapté aux partenaires institutionnels et financiers. L'Opah thématique et expérimentale est ainsi actée, et débute en 2001.

L'investissement des propriétaires est stimulé par des subventions

Sur ce plateau tant apprécié pour les sports d'hiver, les locations à la semaine pour un logement de 20 m² avoisinent les 300 euros. Autant dire qu'il aurait été présomptueux de compter sur une offre quasi désintéressée des propriétaires pour ne loger que des saisonniers. L'Opah se devait donc d'être attrayante ! Des subventions exceptionnelles ont été proposées aux propriétaires pour la réhabilitation de logements mais également leur aménagement (2).
En contrepartie, les bénéficiaires se sont engagés à louer leur meublé pendant neuf ans, dont six années à des saisonniers. Mais l'Anah a accordé une dérogation sur le plafond du loyer. "Les loyers des logements subventionnés par l'Anah doivent être inférieurs au loyer Besson (équivalent à 5 euros le mètre carré), mais compte tenu du fait qu'ils sont ici meublés et que la saison de location est plus courte, une dérogation a été obtenue pour que le loyer s'élève à 2 fois ce loyer Besson soit 11 euros / m²", précise Virginie Coing-Maillet.
"Il est évident que sans carotte nous aurions eu beaucoup plus de difficultés", commente Pierre Buisson. La plus grande difficulté aura justement été de convaincre les propriétaires : "Au départ, ils étaient très dubitatifs, car ils n'imaginaient pas amortir leur bien en ne le louant que deux mois l'été et deux l'hiver. Or, la saison dure bien plus que quatre mois par an ici. Ce qui se confirme largement aujourd'hui puisque ces logements se louent plus souvent sur neuf mois que sur six ou sept comme nous l'estimions au départ. Finalement, l'objectif de cinquante logements a été atteint plus rapidement que prévu, car dès la première réalisation, le bouche à oreille a fini de convaincre ceux qui hésitaient."

Le patrimoine est valorisé

Sur les cinquante logements locatifs produits fin 2005 grâce à cette Opah, la plupart étaient des bâtiments qui n'avaient pas ou plus d'usage d'habitation principale, souvent en friche. "Ils étaient trop petits pour être transformés en locations touristiques. Tout l'intérêt du projet est là : il n'y a pas eu de diminution de l'offre touristique, ce qui aurait été pour le moins incohérent, mais au contraire une valorisation du patrimoine", reprend l'élu.
De son côté, Virginie Coing-Maillet cherche à convaincre de nouveaux propriétaires pour qu'ils confient leur bien au guichet unique. "Nous parvenons à intégrer deux à trois nouveaux appartements chaque année, ce qui permet notamment de pallier certains retraits dus principalement à la vente des logements", explique-t-elle. Car ces nouveaux logements n'ont pas bénéficié de subventions et leurs propriétaires ne sont donc soumis à aucune obligation de durée. "Il s'agit le plus souvent de propriétaires qui ont trouvé par ce biais le moyen de profiter de leur appartement en intersaison et de le louer en saison. Ce qui s'avère plus souple que s'ils le louaient à l'année avec un bail trois-six-neuf", ajoute-t-elle.

Avec le PLH , de nouveaux logements pourront être créés

Depuis 2006, Virginie Coing-Maillet a reçu au moins 550 saisonniers et donc autant de demandes de logement. Nombre d'entre elles n'ont pas pu être satisfaites. "Nous avons résolu une partie du problème mais certainement pas la totalité", reconnaît Pierre Buisson. La communauté de communes envisage d'ouvrir un nouveau chantier dans le cadre du PLH en cours d'étude. "Mais toujours avec le souci d'aménager des logements uniquement destinés aux saisonniers. C'est nécessaire pour être crédible et cohérent avec la politique locale", conclut l'élu.

 

(1) L'animation par l'équipe opérationnelle H&D Conseils est financée par l'Etat 27%, le département 46% et la CCMV 27%
(2) Pour la réhabilitation : 35% Anah (226.800 euros), 10% région (110.500 euros - Contrat global de développement), soit 45% de subvention + TVA à 5,5%
Pour le mobilier : 50% du coût TTC plafonné à 2.400 euros TTC (soit 1.200 euros maximum) apportés par la région.

Communauté de communes du massif du Vercors

Nombre d'habitants :

12300

Nombre de communes :

6
Maison de l’intercommunalité, 19 Chemin de la Croix Margot
38250 Villard-de-Lans

Virginie Coing-Maillet

Chargée de mission

Pierre Buisson

Maire de Méaudre

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