Le pôle médico-social de Vigneulles-Lès-Hattonchâtel expérimente un mode de travail collectif

La communauté de communes de Vigneulles-Lès-Hattonchâtel (55) a créé en 2005 un pôle médico-social qui accueille plusieurs professionnels de la santé dans des locaux adaptés. L'occasion pour ces professionnels d'inventer un nouveau mode de travail en commun répondant aux besoins d'un territoire rural.

Le départ à la retraite d'un médecin de la communauté de communes de Vigneulles-Lès-Hattonchâtel (Meuse, 11 communes, 3.500 habitants) a été le point de départ d'une réflexion des élus et des professionnels sur l'organisation des services de santé sur le territoire. Cette réflexion a abouti à la création d'un pôle médico-social qui a ouvert en septembre 2005. L'infrastructure a nécessité un budget d'investissements de 500.000 euros subventionnés à 80% par l'Etat (dotation de développement rural), par des fonds européens et par le conseil régional de Lorraine. Le solde a été financé par un prêt réalisé par la communauté et dont les annuités sont couvertes par le loyer dont s'acquittent collectivement les professionnels de la santé. Ces derniers se sont organisés en société civile de moyens (SCM) dont la communauté est l'interlocutrice.
"Nous avons dû surmonter quelques difficultés liées aux différences de statuts entre professions médicale et paramédicale", observe Martine Peressotti, directrice de la communauté de communes. En effet, le pôle médico-social accueille deux médecins généralistes, une dentiste, une pédicure podologue, une diététicienne, une psychologue, une orthophoniste et trois secrétaires. Un local est mis à disposition de l'assistance sociale du conseil général, de la sage-femme de la PMI (protection maternelle et infantile) de secteur et de l'ADMR (association d'aide à domicile en milieu rural). Outre les cabinets de consultation, la structure comprend également une salle de réunion et deux studios, à l'étage, permettant de recevoir les remplaçants des professionnels et des stagiaires. "Cette structure a attiré de jeunes praticiens, remarque Martine Peressotti. Nous recevons encore des demandes bien que les locaux soient désormais complets."

Pluridisciplinarité et collaboration "horizontale"

"Pour moi, ce pôle médico-social, c'est essentiellement un état d'esprit dont l'axe principal est la pluridisciplinarité, explique Philippe Favier, médecin, promoteur et chargé de communication du projet. Nous expérimentons une nouvelle façon de collaborer : il s'agit de rompre avec une organisation verticale (avec le médecin au sommet) pour voir ce que chacun peut apporter sur un terrain horizontal. Ce nouveau type de rapport ne va pas de soi car les professions libérales sont par nature individualistes." Cette collaboration entre les différents professionnels se traduit par des échanges plus ou moins formels. Ils se rencontrent par exemple régulièrement dans la salle de réunion pour parler des patients ou des pathologies auxquelles ils sont confrontés. Par ailleurs, les professions paramédicales sont intégrées aux formations médicales continues qui sont programmées. Le secrétariat commun permet de proposer des rendez-vous groupés aux patients. Enfin, grâce à la présence dans les locaux de l'ADMR, l'aide à domicile est mobilisable en moins de 48 heures. Le pôle médico-social de Vigneulles est également inclus dans des réseaux médicaux plus larges. Il est en contact, par exemple, avec l'hôpital de Verdun qui se situe à 35 km et plusieurs de ses membres appartiennent au réseau Diabète du département.

"La gestion du pôle Santé demande une implication forte"

"Nous travaillons également en étroite collaboration avec les médecins des trois cantons alentours, car nous sommes dans une situation fragile du point de vue de la continuité des soins et des gardes", souligne Philippe Favier. Sur ces trois cantons, la densité médicale est de 0,8 médecin pour mille habitants (contre 1,15 de moyenne en France) et sur les quinze médecins exerçant sur les trois cantons, dix sont proches de la retraite. "Cette situation pèse lourd sur nos épaules. L'existence d'un lieu collectif est un bon point de départ. Ce genre de structure peut être attractif pour de jeunes médecins qui craignent de rencontrer le vide en s'installant en milieu rural." Ainsi, pour inciter de jeunes professionnels à venir s'installer dans le département, le pôle Santé a accueilli le 22 septembre 2007 une journée découverte à destination des étudiants de la faculté de médecine de Nancy.
"La façon de travailler autrement dans une structure collective reste à inventer, estime Philippe Favier. Sachant par exemple que nous avons terminé nos trente-cinq heures le mercredi matin, nous pourrions réfléchir à des modes de rémunération différents. La gestion de ce lieu collectif nous demande une implication forte car nous ne bénéficions d'aucune aide ni subvention pour son fonctionnement. Il faudrait que les collectivités se préoccupent davantage de la pérennité de ces structures qui ne sont pas coûteuses par rapport aux services qu'elles rendent, dans un contexte qui par ailleurs se dégrade."
Cette structure est spécifique à la configuration du secteur, précise Sylvain Denoyelle, président de la communauté des communes. Elle est évolutive et nécessite une nouvelle approche de tous les acteurs y compris l'assurance maladie pour une autre gestion de la santé.

Maryline Trassard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Communauté de communes de Vigneulles-Lès-Hattonchâtel

24 rue Raymond Poincaré
55210 Vigneulles-Lès-Hattonchâtel
codecom.vigneulles@wanadoo.fr

Philippe Favier

Médecin

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