Le projet pilote "Pays de santé" Nord-Dordogne change la vie des professionnels et des patients

Le projet pilote "Pays de santé" dans ce territoire rural de 17.000 habitants au nord de la Dordogne est en cours d’expérimentation depuis 2009. Objectif : assurer une offre de soins de qualité en diminuant l’isolement des professionnels de santé. La conseillère Pays de santé est la clé de voûte de tout le dispositif.

Comme d’autres régions rurales, le nord de la Dordogne est en voie de désertification médicale et paramédicale. Sur les trois cantons (28 communes) concernés par le projet pilote "Pays de santé" (voir encadré) initié en 2009 par la Mutualité sociale agricole (MSA) et Groupama, on compte seulement 10 généralistes pour 17.000 habitants. Parmi ces derniers, 15% ont plus de 75 ans, soit un taux près de deux fois supérieur à la moyenne nationale. "Nous souffrons également d’une pénurie de spécialistes : un seul ophtalmologiste est présent pour l’ensemble du territoire, et il consulte pas tous les jours. Un seul dentiste exerce à Nontron (3.700 habitants), lui non plus ne reçoit pas tous les jours", indique Anne-Marie Conseil, conseillère Pays de santé (voir encadré).

Des élus occupent la moitié des sièges du conseil du Pays de santé

Les élus du territoire concernés par le projet Pays de santé soutiennent l’opération par leur présence au conseil Pays de santé (voir encadré) dont ils constituent plus de la moitié des participants. Ce conseil se réunit tous les trimestres et permet notamment de faire remonter les besoins exprimés sur le terrain. Une première étude sur l’évaluation des besoins de santé, menée au cours du premier semestre 2010 a permis d’identifier les actions à conduire en priorité pour satisfaire à la fois la population et les professionnels de santé. A cette occasion, les élus ont contribué à l’élaboration du questionnaire, puis ouvert les pages des bulletins municipaux pour le publier. Le maire de Nontron a mis le garde champêtre à contribution pour distribuer le questionnaire directement aux habitants. Les collectivités locales apportent, en outre, une aide logistique (mise à disposition de salles…).

Le ou la conseill(er)ère Pays de santé : un nouveau métier pour faciliter le travail des professionnels

Deux ans après le lancement de l’opération Pays de santé, plusieurs initiatives ont vu le jour. Aux yeux du Dr Jean-Michel Marcet, médecin conseil à la caisse de la MSA Dordogne, "la mise en place du conseil Pays de santé et l’intervention à plein temps de la conseillère Pays de santé a changé la vie des professionnels de santé et des patients". Par exemple, grâce à la mise en place d’action d’éducation et de prévention santé, animée par la conseillère. "Un généraliste avec une salle d’attente pleine n’a absolument pas le temps de faire l’éducation thérapeutique d’une personne diabétique ou atteinte d’une pathologie cardiovasculaire. Aujourd’hui, cette éducation est prise en charge par la conseillère Pays de santé, qui a également organisé des consultations gratuites de prévention de l’obésité, financées par le Pays de santé et assurées par deux diététiciennes. Les patients viennent aux deux consultations gratuites, en perçoivent l’intérêt et beaucoup continuent les visites à leur frais."
La conseillère Pays de santé a également mis en place des séances d’activité physique adaptées aux pathologies des patients et des séances de prévention de l’alcoolisme et des autres addictologies en partenariat avec l’Agence nationale pour la prévention des l’alcoolisme et de toutes les addictologies (Anpaa). Elle a aussi mis à la disposition des médecins un kit social qui leur donne le mode d’emploi à suivre quand ils sont confrontés à des cas relevant du médicosocial. De plus, elle a créé une centrale d’achat pour le matériel nécessaire aux médecins, organisé une filière d’élimination des déchets médicaux toxiques et assuré des formations auprès des professionnels du maintien à domicile sur le thème de l’hygiène buccodentaire en partenariat avec le CHU de Bordeaux. Enfin, elle coordonne l’offre de soin et décharge les médecins d’une partie des tâches administratives.

Après la phase test : le passage de relais aux collectivités territoriales

Cette expérimentation, financée par la MSA et Groupama, est aussi en cours sur un territoire des Ardennes (lire article "Le projet "Pays de santé" testé dans les Ardennes"). Elle doit s’achever fin 2012, mais l’intérêt des élus locaux, très impliqués dans les réunions du conseil Pays de santé, laisse augurer que ce projet a de l’avenir en Dordogne. Marcel Restoin, président de la communauté de communes du Périgord Vert Granitique (4.000 habitants) en est convaincu. "Mon choix politique est d’aider les personnes au moins autant que les biens. Le coût de la conseillère Pays de santé représente pour l’ensemble du territoire un investissement de 4 euros par habitant et par an, soit six fois moins que la protection contre les incendies, c’est un effort que l’on doit pouvoir faire."
En février 2012, la conseillère Pays de santé et le médecin conseil à la MSA Dordogne rencontrent les représentants de l’agence régionale de santé pour étendre le Pays de santé à tout le nord de la Dordogne, là où les difficultés sont les plus aiguës.

Victor Rainaldi, pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info


Projet pilote Pays de santé
Depuis 2009, la Mutualité sociale agricole (MSA) et Groupama, mènent une expérimentation pour une durée de trois ans, intitulée Pays de santé, sur deux territoires pilotes, en zone rurale, l’un en Dordogne, l’autre dans les Ardennes. Objectif : maintenir l’accès à des soins de qualité en aidant les professionnels de santé, et particulièrement les médecins, à optimiser leur temps de travail en le consacrant à leur cœur d’activité.
A l’issue de ces trois ans d’expérimentation, financée par la MSA et Groupama, l’objectif est de passer le relais aux collectivités locales qui doivent trouver les moyens de pérenniser le dispositif.

Conseill(er)ère Pays de santé
Le rôle du conseiller(ère) Pays de santé est la clé de voûte de tout le dispositif. Son profil idéal : un ou une infirmier(ère) cadre supérieure de santé. "Il est indispensable que cette personne soit un personnel soignant, capable de dialoguer avec les médecins et tenue comme eux au secret professionnel, indique le Dr. Marcet, médecin conseil à la MSA Dordogne. Son rôle correspond à celui de surveillant(e) dans un hôpital : elle coordonne l’offre de soins sur le territoire, met en relation les généralistes, les spécialistes et les paramédicaux et les décharge d’une partie des tâches qui ne constituent pas leur cœur de métier mais sont nécessaires à la qualité des soins." Son rôle est également de représenter son territoire auprès de l’ARS (agence régionale de santé) et auprès du conseil général. Coût conseillère Nord Dordogne: 4 euros par habitants et par an.  

Conseil Pays de santé
Le Conseil est une instance consultative ouverte à tous qui se réunit une fois par trimestre. Les participants sont des élus locaux et des mutuelles MSA et Groupama ainsi que des professionnels de santé, les administrés y participent très peu. Le Conseil permet notamment de faire remonter les demandes, de débattre des questions de santé qui se posent sur le territoire, d’évoquer les solutions.
 

 

Communauté de communes du Périgord vert granitique

Le Bourg
24360 Bussières Badil
communaute-de-communes@du-perigord.fr

Marcel Restoin

Président

Pays de santé Nord Dordogne

24 rue Carnot
24300 Nontron

Anne Marie Conseil

Conseillère

MSA Dordogne

Place du Général Leclerc
24012 Périgueux Cedex

Jean-Michel Dr Marcet

Médecin conseil.

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