Le Territoire de Belfort coordonne ses dispositifs de médiation dans les quartiers

Neuf agents répartis dans le département belfortain dialoguent avec les jeunes et leur famille pour détecter et prévenir les difficultés sociales. Ils se coordonnent avec les équipes de terrain du conseil général et doivent oeuvrer de concert avec les autres collectivités.

Nouredine Ahmed-Seid est l'un des neuf agents de médiation sociale du conseil général du Territoire de Belfort. Par un dialogue informel et sa présence au milieu des habitants, il veille à prévenir les difficultés sociales. "J'interviens à l'extérieur et sur les autres lieux de vie. Mon public va des enfants de 8 ans, auxquels j'apporte du soutien scolaire, aux 20-25 ans pour l'aide à la recherche d'un emploi ou d'une formation", précise-t-il. Il s'efforce d'éviter les "déraillements" en allant au devant de l'adolescent ou du jeune adulte. "Nous réglons avant tout les problèmes avec l'intéressé. Ce n'est que dans un deuxième temps que nous allons vers la famille, voire, ultime recours, que nous procédons à un signalement. Mais le travail se coordonne surtout avec les éducateurs, pas avec la police."
La fonction d'agent de médiation sociale a été lancée à partir de 1997 par le conseil général, dans le cadre des emplois-jeunes et avec le conseil de l'association "Moderniser sans exclure". Signe de la pertinence de l'initiative, la collectivité a pérennisé le poste de "tous les médiateurs qui avaient souhaité poursuivre cette fonction", rappelle Etienne Petitmengin, DGA des services. Ils ont été embauchés comme agents de la fonction publique territoriale. La pérennisation implique un effort financier : à la sortie du dispositif emplois-jeunes, cofinancé par l'Etat, le conseil général a pris en charge l'intégralité du budget, soit environ 350.000 euros.

Un double rattachement

La médiation sociale connaît deux niveaux de rattachement. Sur le terrain d'abord, elle fonctionne à l'intérieur des "points accueil solidarité" (PAS) où une équipe d'une vingtaine de personnes du conseil général intervient à l'échelle d'un quartier dans les domaines de l'enfance/famille, de l'insertion/accès aux droits et de la prévention/médiation/sécurité. Y cohabitent les travailleurs sociaux, les conseillers en économie sociale et familiale, les éducateurs prévention, les Aemo (agents éducatifs en milieu ouvert), un psychologue, des assistantes sociales, les agents de la protection infantile, etc. Le médiateur social applique les projets de direction et apporte à leur définition l'expérience du contact direct avec les habitants. Les neuf médiateurs se répartissent dans les sept PAS, à Belfort et dans les autres communes. "Nous tenons à éviter les cloisonnements géographiques : un agent en milieu dit 'rural' doit pouvoir être appelé en renfort en cas de difficulté ponctuelle dans un quartier urbain", relativise Etienne Petitmengin. Le PAS de la ville de Delle (6.746 habitants) évolue dans un contexte parfois aussi tendu que ses homologues belfortains. Et l'Arceau d'Offemont(3.975 habitants) est éligible à l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), au même titre que les quartiers des Glacis et des Résidences à Belfort. Dans un petit département comme celui-ci, la problématique politique de la ville s'étend rapidement à l'ensemble du territoire.

"Se faire une place entre prévention et sécurité"

Le second niveau de rattachement est l'hôtel du département. Chaque médiateur dialogue avec le chargé de mission prévention-médiation du département, "référent central" qui veille à la bonne coordination et à la cohérence de leurs actions, d'un PAS à l'autre. Cette coordination s'exerce au sein de la direction des actions sociales territoriales (Dast), elle-même rattachée à la DG adjointe au développement social, éducatif et culturel, que dirige Etienne Petitmengin. Par ailleurs, la coordination entre le conseil général, l'Etat, la ville et les bailleurs sociaux s'impose. Elle s'organise formellement au sein d'un groupe de travail et sous l'égide du chargé de mission prévention-médiation. Dans la pratique, le contrat local de sécurité (CLS) de Belfort constitue un cadre d'action de référence. Une "redéfinition des compétences" doit s'opérer avec la ville de Belfort, de façon à intervenir en harmonie avec les centres socioculturels. De même avec les bailleurs sociaux, l'action ne saurait se concevoir en opposition à celle des gardiens d'immeubles.
Le conseil général ne s'en cache pas : toutes ces coordinations doivent encore se parfaire et permettre aux agents de médiation de bien trouver leurs marques dans ce champ du social aussi vaste qu'aux contours imprécis. En somme, selon Etienne Petitmengin, "la médiation doit se faire une place dans la zone intermédiaire entre la prévention et la sécurité".

Christian Robischon / Innovapresse pour Localtis

"Une pratique administrative moins formaliste et plus directe"

Yves Ackermann, président du conseil général du Territoire de Belfort, exprime sa satisfaction après quelques années de fonctionnement des agents de médiation sociale.

Qu'attendez-vous des agents de médiation sociale ?

Nous avons demandé à ces personnes d'aller au devant des jeunes, particulièrement de ceux qui commencent à se marginaliser, et de leur famille, et de créer un climat de confiance, par leur présence à la fois attentive mais aussi respectueuse de la vie privée de chacun. Cette pratique se rapproche de celle que l'on rencontre dans des cités de grands ensembles urbains.

Quel premier bilan en faites-vous ?

Je n'ai pas eu connaissance d'échec patent. Tous les médiateurs qui souhaitaient poursuivre dans cette voie ont pu le faire. Ils ont apporté la preuve de leur utilité. Souvent, les départements confient à des associations ce "travail de rue", tel n'était pas notre choix et nous ne le regrettons pas. Ces personnes font partie des 40 emplois-jeunes que nous avons pérennisés dans les domaines du social, de l'environnement, des espaces verts, etc.

L'initiative modifie-t-elle, dans une certaine mesure, l'image et le fonctionnement de la collectivité ?

Vis-à-vis du public, cette action de proximité contribue à la lisibilité du département, à faire connaître son image et à mieux l'associer au social : dans la tête des gens, le social est souvent synonyme de Ccas (centre communal d'action sociale) ou de centre socioculturel. En interne, elle favorise la perméabilité entre les directions. Elle participe à ces nouvelles pratiques administratives, moins formalistes et davantage en prise directe avec le terrain.

Trois niveaux de médiation

L'agent de médiation sociale

Ex-emploi-jeune aujourd'hui pérennisé, il est chargé du contact direct avec les jeunes de 12 à 25 ans et leur famille pour la détection des besoins et problèmes quotidiens. Ils sont neuf agents de médiation au conseil général 90.

Le point accueil solidarité (PAS)

Il rassemble les équipes du conseil général (dans un quartier ou une commune), dont l'agent de médiation sociale, en vue de mener les actions en faveur de l'enfance, de la famille, de l'insertion, de l'accès aux droits, de la prévention. Le département en compte sept : quatre à Belfort, un à Delle, un à Offemont et un à Danjoutin.

La direction des actions sociales territoriales

Basée au siège du conseil général, elle assure la cohérence des actions des PAS. En son sein, le chargé de mission prévention-médiation coordonne les agents de médiation.

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