Formation Legaltech, DU legaltech Assas…

La digitalisation en général et la legaltech en particulier sont des sujets complexes. C’est pourquoi certains professionnels du droit font le choix de se former afin de mener leur transformation digitale de manière avisée. Des formations approfondies en université aux sessions d’acculturation par des organismes privés, tour d’horizon du champ des possibles.

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La legaltech et ses acteurs se font peu à peu une place dans les cursus universitaires français. Des modules dédiés sont dispensés dans certains masters, voire en licences de droit. Mais, surtout, une offre de DU (diplômes d’université) est en train de se structurer et de s’étoffer.

Citons par exemple :

Les legaltech, acteurs de la formation

Les DU sont des formations spécialisées qui allient cours théoriques avec des universitaires et des enseignements plus orientés sur la pratique et les retours d’expérience avec des acteurs du droit et/ou de la legaltech (Case Law Analytics, CaptainContrat, LexisNexis, Predictice, Seraphin.legal…). Ces formations sont résolument ouvertes et intégrées à l’écosystème de la legaltech. Elles peuvent être suivies en formation initiale ou en formation continue : en effet, elles s’adressent tant aux étudiants en fin de cursus qu’aux professionnels du droit en poste. Le programme pédagogique est relativement conséquent : de 120 à 160 h de cours sont généralement planifiés.

 

Des formations compatibles avec une vie professionnelle

L’organisation des cours est bien souvent conçue de manière à s’adapter aux emplois du temps des professionnels en exercice. Ainsi, par exemple, les cours du DU de l’université Paris-Panthéon-Assas sont dispensés le soir, à raison de deux soirées maximums par semaine.

Le DU de l’université de Montpellier, quant à lui, a la spécificité d’être 100 % dématérialisé, cours comme évaluations. « Ce format offre une grande flexibilité : l’utilisation "à la demande" permet aux professionnels du droit en exercice de concilier leur activité et leur montée en compétence », souligne Gaëlle Comes, CEO de Global Institute for Law & Innovation qui a accompagné l'université de Montpellier dans la création de la maquette pédagogique et du contenu de son DU.

 

Des enseignements très complets

Ces DU permettent une plongée en profondeur dans la transformation numérique et les rouages de la legaltech. La formation de l’université Paris-Panthéon-Assas, par exemple, passe au crible les dernières tendances technologiques du numérique (IA, blockchain, big data, cloud…), l’économie des acteurs du numérique, le droit et réglementation du numérique (propriété intellectuelle, smartcontracts, jurisprudences…), etc. L’originalité du programme réside dans la mixité des profils et le projet de fin d’année : les étudiants, juristes et ingénieurs, doivent concevoir un projet de legaltech en petite équipe, et le présenter sur le Village de la Legaltech. « L’ouverture sur le monde de l’ingénierie est très importante et enrichissante ; elle permet de fluidifier les futures collaborations, souligne Bruno Deffains, professeur de sciences économiques à l’université Paris Panthéon-Assas et directeur du DU Transformation numérique du droit & Legaltech. Il n’est pas nécessaire d’être un expert informatique et du code pour mener la transformation digitale de son cabinet ou de son étude. Mais, la compréhension des enjeux et du marché est un facteur clé de succès. »

Le DU de l’université de Montpellier aussi est une formation complète qui repose sur 17 modules : introduction à la legaltech, protection des données personnelles, IA, blockchain, signature électronique, business skills* et soft skills**... La nouveauté de la rentrée 2022 ? Le module Innovation notariale (4 h) qui sera coconstruit avec une legaltech renommée du secteur.

Des formations plus courtes dispensées par des opérateurs privés

Mais, pour former un plus grand nombre de notaires, la CEO de Global Institute for Law & Innovation entend se rapprocher des organismes professionnels notariaux comme les Cridon. « Ce sont des portes d’entrée de premier plan pour souffler un vent d’innovation dans les études notariales à plus grande échelle », estime Gaëlle Comes.

Des sessions d’acculturation plus ou moins approfondies sont d’ores et déjà proposées par des acteurs privés. À l’image de Legal Innovation qui organise des formations intra-entreprises d’initiation à la legaltech et à la transformation digitale. Au programme : explication des principaux termes digitaux, présentation des atouts de la digitalisation et de la legaltech (acteurs français, européens, grandes familles de la legaltech et d’outils, etc.)…

Autre exemple : Avoskills, Seraphin.legal et Le juriste de demain ont créé la Legaltech Academy, une formation complète inter-entreprise et, à la rentrée, intra-entreprise pour développer les soft skills, les digital skills, les legal skills… Des modules sont dispensés tout au long de l’année puis sont accessibles sur la plateforme lejuristededemain.com. Chaque thématique est décomposée en 3 cours de 3 h. Les outils proposés par les legaltech partenaires sont pris en main via des ateliers pratiques et collaboratifs.

Intéressé par une initiation gratuite en moins de 2 h ? Après une rapide inscription sur Le juriste de demain, vous pourrez accéder aux 10 leçons du cours Maîtriser les fondamentaux de la legaltech.  

 

Se former à la legaltech : zoom sur les bénéfices

Formation courte ou longue, tout dépend du besoin, du degré de compréhension et de connaissance souhaité. Mais, globalement, la finalité reste peu ou prou la même pour les professionnels du droit : se mettre en ordre de marche pour digitaliser leur activité. « L’objectif pour les apprenants est de comprendre les tendances du marché, les nouveaux usages et outils, les évolutions à venir, répond Bruno Deffains. Ils acquièrent ainsi la capacité de s’approprier l’innovation technologique. »

Simon de Charentenay, directeur du DU Legaltech & Law Innovations complète : « la legaltech est un sujet difficilement abordable sans clés de lecture, sans avoir une vision globale. Les professionnels du droit, tels les notaires, sont face à un défi colossal : mener la transformation numérique de leur activité et de leur étude. Pour beaucoup, cela représente une montagne à escalader mais une obligation pour pérenniser leur business. La formation peut leur permettre de passer ce cap rapidement, sans se laisser submerger par les difficultés liées à la méconnaissance du sujet. Le but n’est pas de former des consommateurs de la legaltech mais des esprits libres, des professionnels qui pourront être autonomes dans leur transformation digitale. »

« Suivre un DU peut même leur permettre de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en créant leur propre legaltech », assure Bruno Deffains.

Ambre Nataf, fondatrice et gérante d’Avoskills ajoute : « se former permet de bénéficier pleinement des atouts de la digitalisation, à savoir des gains de temps et de performance. La formation constitue un premier filtre pour sélectionner les outils, car il a beaucoup de catégories d’outils et d’acteurs sur le marché. Il est donc capital d’apprendre à identifier, à benchmarker et à comparer les outils. Disposer d’un référentiel est fort utile. »

 

Un marché en devenir

Malgré ces atouts, les formations à la legaltech restent rares. « La transformation numérique va dans le sens de l’histoire, rappelle Bruno Deffains. Mais, la problématique demeure récente, si bien qu’il est difficile de réunir les compétences pédagogiques pour monter des formations. Cela peut expliquer le faible nombre de formations dédiées au sujet mais, la dynamique est en marche ! »

Martin Bussy, CEO de Legal Innovation et serial entrepreneur de la legaltech, constate pour sa part qu’« il y a une forte demande de formation sur la legaltech qui s’exprime mais elle ne se réalise pas forcément. Pour certains, le sujet ne paraît peut-être pas suffisamment stratégique pour que les professionnels du droit libèrent le temps nécessaire. Ils n’y voient pas leur intérêt à court terme et se privent à moyen et long terme de gains absolument essentiels à leur activité. »

 

* Compétences professionnelles

** Compétences personnelles