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Transports - Les agglomérations moyennes plébiscitent les transports en site propre

Le 11 décembre, une conférence organisée par le magazine "Ville, rail et transports" portait sur l'ambition des agglomérations moyennes en matière de transports collectifs.

Brest, Belfort, Orléans, Metz, Vannes, Dijon... le temps où les agglomérations de taille moyenne se contentaient d'un vague réseau de bus est révolu. Au même titre que les grandes, les moyennes agglomérations réclament aussi leur part de tramway ou de bus à haut niveau de service (BHNS). "Leurs projets de transports sont toujours porteurs de renouvellement urbain mais, contrairement aux grandes, ces agglomérations n'ont pas forcément besoin de grandes capacités. Elles profitent aussi du fait que l'offre des industriels se diversifie, avec des modèles de tramways par exemple plus modulaires."
Déjà visible dans le deuxième appel à projets de l'Etat pour les transports collectifs en site propre (TCSP), cette tendance devrait se retrouver dans le troisième, dont le "lancement prochain" a été acté, sans que le montant de l'enveloppe soit connu. Crise des finances publiques oblige, le coût reste le critère déterminant. "Or pour l'évaluer, il faut tout mettre sur la table, l'ensemble des choix techniques, urbanistiques et politiques, le nombre de stations, leur niveau d'équipement, etc.", expose Francis Nakache, directeur général de la filiale française de CAF. Ce constructeur espagnol a remporté le marché du tramway de Besançon, dont la mise en service est prévue en 2015. C'est la première agglomération moyenne à avoir franchi le pas, avec un projet plafonné à 16-17 millions d'euros du kilomètre. "On a prouvé que dès l'amont et la conception, il est possible de maîtriser et réduire les coûts", souligne ce patron. Pour rappel, d'autres collectivités ont activé d'autres leviers d'économie, en groupant par exemple la commande de rames à Brest et Dijon (voir ce précédent article). Autre modèle, Avignon, dont le tramway, lui aussi dimensionné au plus près des besoins et moyens de l'agglomération, est attendu pour 2016. Preuve que l'équation taille de ville / type de transport urbain n'est plus aussi simple qu'avant, l'agglomération d'Aubagne (100.000 habitants) s'équipe aussi. 

Un duel de modes

A l'opposé, Toulon fait le pari du BHNS, un choix qui déchaîne localement les passions. Si le projet tient la route, la préfecture du Var deviendra en 2014 la plus grosse agglomération de province à se doter d'un BHNS comme mode structurant de son réseau alors que sa taille (425.000 habitants) semblait la prédestiner au tramway. L'économie affichée par rapport au tram y est estimée à plus de 100 millions d'euros sur le premier tronçon. Pau, Lorient ou Metz préfèrent aussi le BHNS et avancent un coût trois fois moins élevé que l'option tramway. Dans la bataille des coûts, le BHNS gagne de toute façon à tous les coups : selon le Certu, il faut entre 2 et 10 millions d'euros par kilomètre de ligne pour créer un réseau, contre plus de 20 millions pour un tram classique. 
Opposer les deux modes a cependant ses limites car d'autres facteurs pèsent dans la balance. "L'enjeu est souvent ailleurs, l'essentiel est de savoir quelle fréquentation, quelle capacité de trafic potentiel sont attendues sur tel axe", commente Jean-Pierre Lapaire, conseiller tramway du président du syndicat intercommunal des transports en commun de l'agglomération de Tours. "Or c'est loin d'être une chose simple !", conclut Jean-Pierre Farandou, président du directoire de l'opérateur Keolis. 
 

Morgan Boëdec / Victoires -Editions
 

Le 21e palmarès des mobilités remis le 11 décembre a distingué Strasbourg (Pass d'or) pour la restructuration de son réseau et l'impact positif sur le trafic (+5,4 % en 2012), Rennes (Pass d'argent) pour la fréquentation en hausse de son réseau et son bon niveau de vitesse d'exploitation, et Nice (Pass de bronze) pour la dynamique de ses réseaux de bus et tram. Sept autres prix thématiques ont été attribués à des collectivités locales. Le nouveau grand prix des villes moyennes revient à l'agglomération de Vannes, qui a restructuré son offre et beaucoup travaillé sur le cadencement des lignes existantes et l'attractivité de son réseau. Le prix de l'intermodalité revient à la communauté d'agglomération de Montpellier, qui poursuit l'objectif d'une correspondance, pas plus, entre le tram et le train. Strasbourg décroche le prix Nouvelles Mobilités pour son plan piéton adopté en janvier dernier.

M.B.