Les cinémas d'art et d'essai ont bien résisté à la crise sanitaire

Tant en termes de nombre de salles que de programmation, les cinémas d'art et d'essai ont dépassé en 2022 leur niveau de 2019. Très implantés dans les petites villes, ils progressent dans les villes moyennes.

En 2022, les cinémas d'art et d'essai étaient plus nombreux et avaient programmé nettement plus de séances qu'avant la crise sanitaire, nous apprend une étude du CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) publiée début novembre.

1.264 cinémas étaient classés "art et essai" l'an passé. Si ce chiffre est en léger recul par rapport au record de l'année 2021 (1.282 salles classées), le parc compte 64 cinémas de plus (+5,3%) qu'en 2019. De plus, cette catégorie de salles bénéficie d'une croissance plus soutenue que celle observée pour l'ensemble des salles, tant en valeur absolue (+17 cinémas) qu'en valeur relative (+0,8 %).

Costauds mais petits

Les cinémas classés représentaient ainsi 61,3% du parc des cinémas actifs en 2022 mais seulement 44,5% des écrans. Ils ne possédaient en effet que 2,2 écrans en moyenne, contre 4,4 pour les cinémas non classés. 55,1% d'entre eux ne comptaient même qu'un seul écran.

Côté programmation, les cinémas classés "art et essai" dépassent leur niveau d'avant-crise avec 3,3 millions de séances organisées, soit +8,6 % par rapport à la moyenne sur la période 2017-2019. Une situation qui contraste fortement avec celle des cinémas non classés (-4,8%).

Côté fréquentation, on observe également un écart entre salles classées et non classées. Même s'ils n'ont pas encore retrouvé leur niveau pré-Covid, les cinémas d'art et d'essai ont enregistré 55,6 millions d'entrées en 2022, soit un recul de 19% par rapport à la moyenne des années 2017-2019, alors que dans le même temps la fréquentation des cinémas non classés a baissé de 30,8%. Parmi les explications, on peut citer une plus grande diversité de programmation dans les cinémas classés, le travail de proximité et de fidélisation des exploitants, et des tarifs d'entrée inférieurs.

Toutefois, les cinémas d'art et essai restaient sous-représentés en termes de chiffre d'affaires. Avec 39,3% des séances et 36,6% des entrées, ils ne totalisaient que 29,6% des recettes

Des cinémas de la ruralité

Cette étude du CNC est également l'occasion de faire un point sur l'implantation géographique des salles classées "art et essai", lesquelles, rappelons-le, peuvent recevoir des subventions de tous les niveaux de collectivités territoriales dans la limite de 30% de leur chiffre d'affaires ou de 30% du coût dans le cas de travaux de modernisation.

Le nombre d'établissements d'art et essai situés dans des unités urbaines de moins de 20.000 habitants était largement majoritaire mais stable en 2022 : 690 cinémas classés étaient implantés dans ces zones, soit 54,6% du parc "art et essai". On comptait par ailleurs 208 cinémas classés dans des unités urbaines de 20.000 à 100.000 habitants (16,5%, en hausse de 8% par rapport à la période 2017-2019), et 250 dans des unités urbaines de 100.000 habitants ou plus en dehors des communes centres des grandes agglomérations (19,8%, en hausse de 5,6%).

Pour prétendre à un classement "art et essai" de la part du CNC, une salle doit présenter une proportion conséquente de films recommandés art et essai et les soutenir par une politique d'animation adaptée. En 2022, le CNC a octroyé 18,3 millions d'euros de subventions aux salles classées.