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Non-titulaires - Les collaborateurs de cabinet réclament de nouvelles garanties

Les élections de mars ont rappelé la précarité des emplois de collaborateurs de cabinet. Si les intéressés savent que cette donnée fait partie intégrante de leur fonction, ils demandent plus de garanties, dont le bénéfice d'une indemnité.

Après les élections municipales et cantonales, certains collaborateurs de cabinet vivent la traversée du désert. Olivier Berlioux, président de l'Association nationale des responsables de cabinet de collectivités locales (Arccol), plutôt de droite, expose le problème de manière très simple : "Dans les trois semaines qui ont suivi les élections, je recevais deux à trois CV par jour sur ma messagerie. C'était le rush, témoigne-t-il. Mais je n'avais qu'une ou deux offres d'emploi à proposer chaque semaine." Pour aider ses membres à retrouver du travail, l'Arccol a ouvert une bourse de l'emploi sur son site internet. L'important est en effet d'"avoir les infos sur les postes à pourvoir", fait remarquer le président de l'association. C'est pour cela que "le réseau est utile, précise-t-il. Des gens vous recommandent. Cela fonctionne beaucoup comme cela".
Lorsqu'ils appartiennent à la même sensibilité politique, les collaborateurs de cabinet se serrent les coudes. Cette solidarité s'est manifestée à droite en 2004 par la création du "collectif Tribord", qui diffuse offres et demandes d'emploi sur son site internet. On retrouve à gauche les mêmes logiques de solidarité en cas de coup dur. Après l'échec des municipales de 2001, "l'impératif avait été de recaser les collègues des villes perdues vers les villes qui avaient été gagnées, en particulier Lyon et Paris", se souvient Erwan Huchet, président de l'Association des directeurs de cabinet des collectivités locales à direction socialiste et républicaine.

"Un CDD de six ans, c'est quand même incroyable !"

Etroitement liée au destin politique de l'élu, la carrière du membre de cabinet est précaire. Si l'édile n'est pas reconduit par le suffrage universel, le collaborateur est prié de faire ses valises sur le champ. Psychologiquement, le choc peut être rude, surtout lorsque l'on a travaillé durant des années au service du même homme. Heureusement, les départs se seraient déroulés cette année sans vagues. "Je n'ai pas eu connaissance de cas de conflit entre un collaborateur de cabinet et son ancien patron, pas plus d'ailleurs qu'avec la nouvelle équipe municipale", témoigne Olivier Berlioux.
Matériellement, la situation est inconfortable. Les membres de cabinet qui, en mars dernier, se sont retrouvés du jour au lendemain sans travail, n'ont eu droit à aucune indemnité de licenciement. Un doute planait récemment encore quant à la possibilité d'obtenir un tel avantage. Jusqu'à ce que la ministre de l'Intérieur apporte ce mois-ci une réponse claire et semble-t-il irréfutable (voir ci-contre). Les responsables des associations professionnelles espéraient mieux. "Notre contrat est assimilé à un CDD, souligne Erwan Huchet. Un CDD de six ans, c'est quand même incroyable !" "Dans certains cas, notre statut nous place en dessous du Code du travail", fait pour sa part remarquer Olivier Berlioux. Pour le président de l'Arccol, c'en est trop : les associations de collaborateurs de cabinet doivent se réunir pour plancher sur des propositions communes et l'organisation d'"états généraux" de leur statut. C'est en unissant leurs forces qu'elles ont déjà obtenu, par un décret du 30 mai 2005, des avancées significatives, notamment sur les salaires .

Reconnaître les acquis de l'expérience

Parmi les premières revendications communes, devrait figurer en bonne place le bénéfice d'une indemnité de licenciement à la fin du mandat de l'élu. Les associations pourraient aussi demander la prise en compte des acquis de l'expérience pour permettre aux collaborateurs de cabinet d'intégrer la fonction publique. S'ils veulent devenir fonctionnaires, les intéressés peuvent à ce jour passer les concours internes de la fonction publique. Mais ils peinent à trouver du temps pour préparer les épreuves quand les journées ne suffisent pas à boucler les dossiers.
Il est difficile d'évaluer le nombre exact de collaborateurs de cabinet. Erwan Huchet estime qu'ils sont environ 5.000. Avec des profils très divers. Ces emplois laissés à la discrétion du maire correspondent souvent à des fonctions politiques. Le collaborateur écrit les discours, gère les relations avec l'assemblée locale et les services administratifs. Il est chargé de promouvoir l'image de l'élu par un gros travail de communication et de relations avec la presse. Il n'occupe cependant pas toujours des fonctions politiques. "Le profil des postes peut être plus administratif ou plus technique, indique Erwan Huchet. Un collaborateur de cabinet peut très bien être recruté pour traiter des dossiers relatifs à l'urbanisme ou au développement durable."

 

Thomas Beurey / Projets publics

 

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