Les départements du Grand Est refusent toute nouvelle hausse des dépenses sociales décidée par l'État
Les présidents des neuf conseils départementaux de la région Grand Est "ont choisi de bloquer tout financement décidé par l'État sans concertation préalable" qui aurait pour conséquence d'augmenter les dépenses contraintes des départements sans hausse parallèle de leurs ressources, a-t-on appris jeudi 10 avril.
"Tous les départements font face à l'augmentation constante des dépenses sociales", qui "met en péril" leur capacité "à poursuivre leurs missions essentielles, malgré leur engagement sans faille envers leurs populations", exposent dans un communiqué les représentants des neuf collectivités : Ardennes, Aube, Haute-Marne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Vosges et collectivité européenne d'Alsace. À l'exception de la Meurthe-et-Moselle, présidée par Chaynesse Khirouni (PS), tous ces départements ont un président de droite.
Ces exécutifs départementaux ont en conséquence décidé de "bloquer tout financement décidé par l'État sans concertation préalable et sans aucune compensation pour les collectivités", afin de "préserver (leurs) capacités d'actions et le maintien du niveau de service attendu par (les) populations".
À titre d'exemple, le RSA a été revalorisé de 1,7% le 1er avril. Mais les départements ont décidé de ne pas payer cette augmentation à la CAF, organisme chargé de verser le RSA aux bénéficiaires, indique ainsi à l'AFP le conseil départemental de Moselle, à l'origine de la fronde. Fin mars déjà, à l'échelle nationale, l'ensemble des départements dirigés par la droite et le centre avait annoncé qu'ils n'appliqueraient pas cette augmentation du RSA (voir notre article).
Les départements du Grand Est soulignent également la nécessité d'un "retour à une autonomie fiscale" et d'un "véritable dialogue avec l'État pour garantir l'avenir des services publics de proximité". C'est "une action forte menée pour dire au gouvernement 'pas de décision prise sans concertation, sans compensation aux départements, on n'en peut plus'", a déclaré à l'AFP Nicolas Lacroix, président LR du conseil départemental de la Haute-Marne et président du groupe "Droite, centre et indépendants" de Départements de France. "À un moment, c'est 'qui paye décide' et on ne peut pas subir sans arrêt des décisions de l'État", a-t-il ajouté.