Compétitivité - Les entreprises de taille intermédiaire rattrapées par la crise
Epargnées jusqu’ici par la crise, les quelque 3.400 entreprises de taille intermédiaire (ETI) hexagonales donnent à leur tour des signes de fragilité. Trois études permettent de prendre le pouls de ces entreprises de 250 à 5.000 salariés présentées comme les locomotives de la compétitivité française. La première signée Coface prédit "une année difficile pour les entreprises françaises" avec notamment une recrudescence des faillites d’ETI et des grandes entreprises sur les quatre premiers mois de l’année (+12% en glissement annuel).
Par ailleurs, les ETI réduisent leurs perspectives de croissance : elles sont en effet 46% à anticiper une hausse de leur activité en 2012 contre 56% l’an dernier, et 14% à prévoir une diminution, soit deux fois plus qu’en 2011, selon la seconde enquête de conjoncture menée au mois de mars 2012 par la DGCIS (direction générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services) et Oséo. "Les perspectives de croissance demeurent deux fois plus optimistes pour les ETI innovantes", précise Oséo.
Du côté de l’emploi, un tiers des ETI prévoit des recrutements cette année, soit un peu moins qu’en 2011 (37%) et 12% d’entre elles envisagent une diminution de leurs effectifs (9% en 2011). "Un fort impact positif est à noter sur les effectifs en France des ETI dont la croissance est portée par leur développement à l’international", souligne toutefois Oséo. L’enquête montre aussi une aggravation de la situation financière des ETI : 30% d’entre elles se disent pénalisées par le resserrement du crédit, soit dix points de plus que l’an dernier. En revanche, la trésorerie des ETI innovantes et performantes à l’international ne devrait pas s’aggraver, assure Oséo.
Pour se développer, les ETI recourent massivement à la croissance externe : trois sur dix ont pris des participations dans d’autres entreprises en 2011 et un tiers envisage de le faire cette année.
"L’innovation et l’international restent, avec l’investissement, trois puissants accélérateurs de croissance et de compétitivité", ajoute la banque des PME et des ETI qui a fondé son soutien aux entreprises sur ces trois leviers.
Au mois de mars, une étude du cabinet KPMG concluait également dans ce sens en dénombrant 315 ETI "surperformantes" se démarquant nettement des autres avec une croissance tirée par la croissance externe, par l’innovation et l’international. Le cabinet montrait ainsi les limites du choix stratégique du soutien à la création de PME, alors que les ETI créent davantage d’emplois (200.000 entre 2005 et 2007), surtout dans l’industrie, et représentent 36% des exportations, contre 15% pour les PME. "Au moment où la croissance française semble stagner, une politique de soutien plus forte envers les ETI semblerait opportune pour créer un terrain favorable à leur développement, que ce soit dans le domaine de l’innovation ou pour renforcer la compétitivité à l’international", estime KPMG.
Coface rappelle d’ailleurs que les entreprises françaises, de taille insuffisante, restent trop timides à l’international alors que la demande intérieure s'essouffle : la France compte 100.000 entreprises exportatrices, soit trois fois moins que l’Allemagne et deux fois moins que l’Italie. "Peu présentes sur les grands marchés émergents, elles ne bénéficient pas du dynamisme de ces derniers et restent exposées à tout retournement sur le marché domestique et européen", estime l'assureur-crédit.