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Environnement - Les espaces verts, une vraie valeur pour les villes

Santé publique, environnement, économie, emploi local : réalisée à la demande des entreprises du paysage, une étude rendue publique le 24 mai a tenté d'évaluer pour la première fois à partir de multiples données françaises et internationales les "externalités positives" des espaces verts.

Plus de huit Français sur dix souhaitent habiter à proximité d'un espace vert. Mais les collectivités, qui consacrent aujourd'hui de l'ordre de 1% de leur budget annuel en moyenne à la création de nouveaux espaces verts, ont-elles intérêt à accroître leurs investissements en la matière ? La réponse est oui, si l'on en croit une étude commandée par l'Union nationale des entreprises du paysage (Unep) au cabinet Asterès dirigé par l'économiste Nicolas Bouzou. A partir de données collectées en France et à l'étranger, Asterès s'est efforcé d'évaluer pour la première fois de manière précise les impacts que pouvait avoir la nature en ville en matière de santé publique, d'environnement et d'activité économique. Et partant, de justifier les investissements réalisés dans le secteur.

Réduction des dépenses de santé

Selon l'étude, les espaces verts ont d'abord des effets positifs sur la santé de quatre manières : ils encouragent l'activité physique (marche, sports en extérieur) dans nos sociétés de plus en plus sédentarisées ; ils améliorent la qualité de l'air ; ils réduisent le stress et renforcent le sentiment d'appartenance à une communauté, en contribuant au lien social. Vivre à proximité d'espaces verts ferait que l'on se sent en moyenne 5 ans plus jeunes et la relation entre espaces verts et santé serait significativement plus forte chez les personnes âgées, les femmes au foyer et les catégories sociales modestes. En outre, les espaces verts réduiraient la prévalence de nombreuses maladies. "Si on augmente de 10% la densité d'espaces verts dans un rayon d'un kilomètre, nous avons évalué à 56 millions d'euros les économies réalisées sur le traitement de l'asthme et à 38 millions d'euros sur celui de l'hypertension", a souligné Nicolas Bouzou lors de la présentation de l'étude le 24 mai.

Nombreux bénéfices environnementaux

Sans surprise, c'est dans le domaine du développement durable que les études sur les impacts des espaces verts sont les plus nombreuses. Ces données montrent que les espaces verts régulent naturellement les températures en ville. En atténuant l'effet des îlots de chaleur urbains, ils réduisent les pics de chaleur durant les nuits d'été et limitent les besoins en climatisation. Lors de la canicule d'août 2012, le centre de Paris a ainsi affiché, à une heure du matin, une température supérieure de 8,4°C à celle de Melun, située à seulement 40 kilomètres au sud de la capitale. Les toitures végétalisées peuvent aussi permettre de réaliser de l'ordre de 30% d'économies d'énergie. Les végétaux, et tout particulièrement les arbres, réduisent aussi la pollution atmosphérique en piégeant les particules fines, en retenant le CO2, en séquestrant les métaux lourds et en atténuant la concentration d'ozone. Ils assurent aussi un filtrage naturel des eaux pluviales et contribuent à réduire le risque d'inondation et l'érosion des sols. Ils favorisent également la biodiversité au cœur des grandes agglomérations, souligne encore l'étude.

Des investissements porteurs d'emplois

L'aménagement des espaces verts, leur maintenance et leur gestion soutiennent également l'emploi local, insiste-t-elle. Les 28.600 entreprises du paysage, qui réalisent 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, emploient aujourd'hui un peu plus de 91.000 personnes en France dont 63.500 salariés et 8.050 apprentis. A ces emplois privés s'ajoutent des milliers d'agents municipaux en charge des espaces verts. L'étude met en avant l'intensité en main d'œuvre des services d'aménagement paysager. "100.000 euros investis dans le secteur génèrent 1,4 emploi direct dans le secteur, indique Nicolas Bouzou. Le même montant investi dans l'industrie ne générera que 0,3 emploi". La présence d'espaces verts peut favoriser tout à la fois l'attractivité économique, démographique et touristique des villes. Elle a aussi un impact direct sur les prix des logements, souligne l'étude qui cite notamment l'exemple d'Angers et de Brest. Dans la capitale du Maine-et-Loire, lorsque l'on se rapproche de 100 m d'un espace vert, le prix des appartements augmente en moyenne de 1,3%. Dans la métropole bretonne, les prix des appartements à proximité des espaces verts sont supérieurs de 17% à ceux des appartements localisés 100 mètres plus loin.

Vers une association d'élus locaux en charge des espaces verts ?

L'étude se conclut par plusieurs propositions opérationnelles. "Dans l'immédiat, nous en avons retenu trois qui nous paraissent centrales", a expliqué Catherine Muller, la présidente de l'Unep. Sa fédération souhaite d'abord soutenir la création prochaine d'une association d'élus locaux en charge des espaces verts, pour les aider à se former et à échanger leurs bonnes pratiques comme le font déjà les responsables des services d'espaces verts des collectivités à travers l'association Hortis. Autre revendication de l'Unep pour encourager la végétalisation des villes : rendre obligatoire la pratique de la compensation écologique pour les communes à chaque préemption d'espace vert ou nu. Enfin, la présidente de l'Unep propose l'application d'un même taux de TVA pour les achats de plantes et de services de plantation. Les premiers se voient appliquer actuellement le taux réduit de 10% alors que les seconds sont soumis au taux normal de 20%. Etendre le taux réduit aux services de plantations et aussi aux opérations de rénovation permettrait aux communes de réduire le coût de leurs investissements en espaces verts, fait valoir l'Unep.