Les Français s'intéressent à nouveau à la vitalité des centres-villes

Les Français s'intéressent à nouveau à la vitalité des centres-villes. C'est ce qui ressort du huitième baromètre du centre-ville et des commerces de Centre-ville en mouvement présenté ce 1er juin. La fréquentation n'atteint toutefois toujours pas les niveaux d'avant-covid.

Après une période marquée par le covid puis la question du pouvoir d'achat, qui reste d'actualité, la vitalité des centres-villes redevient une préoccupation des Français. C'est ce qu'indique le huitième baromètre du centre-ville et des commerces de Centre-ville en mouvement, présenté le 1er juin 2023. L'enquête a été réalisée par l'Institut CSA entre le 18 avril et le 2 mai 2023 à partir d'un échantillon de 2.518 personnes de 18 ans et plus, auquel s'ajoute un "suréchantillon" de 506 habitants des communes Action Cœur de ville (ACV).

D'après ces données, la vitalité des centres-villes préoccupe 65% des Français en 2023, contre 58% l'année dernière. Et ce trait est d'autant plus fort chez les habitants des communes ACV : 70%. Le sujet "se réinstalle nettement dans les conversations des Français", indique l'étude. 

Côté fréquentation, on est sur une stabilité en 2023, avec 70% des Français qui se rendent au moins une fois par semaine en centre-ville, mais "on ne retrouve cependant toujours pas les niveaux observés pré-covid", souligne l'enquête. Et plus d'un tiers des Français se rendent moins souvent qu'avant en centre-ville.

Le gouvernement très attendu sur le sujet de la modernisation des centres-villes

Les Français attendent beaucoup des maires pour favoriser la modernisation des centres-villes, dont 41% estiment qu'ils sont en déclin, mais aussi des commerces de proximité et des citoyens eux-mêmes. "Le gouvernement est également très attendu sur le sujet de la modernisation des centres-villes avec un score en nette hausse en 2023", souligne l'étude (85% contre 82% en 2022). "C'est le score le plus élevé depuis la création du baromètre en 2019", a insisté Julie Gaillot, directrice Pôle Society de l'Institut CSA.

Les priorités pour les citoyens sont la dynamisation des commerces de proximité, le stationnement et la sécurité des biens et des personnes. Ils souhaitent voir se développer en centre-ville prioritairement des espaces verts, des commerces alimentaires, des restaurants, cafés et terrasses. Un top 3 légèrement différent pour les habitants des villes ACV qui placent l'accès à des places de stationnement en deuxième position et les animations culturelles en troisième.

La boulangerie reste le commerce de proximité indispensable pour les Français, qui considèrent toujours que faire ses achats dans les commerces de centre-ville reste un acte citoyen. "Les habitudes durant la crise sanitaire vers les petits commerces se sont installées, a détaillé Julie Gaillot, mais attention on est sur des déclarations d'intention et l'inflation peut jouer et favoriser les achats en supermarché".

Les Français disent globalement oui au retour de cinémas modernes, regroupant un cinéma, des boutiques, un restaurant notamment en centre-ville. Ils apprécient aussi les halles gourmandes rassemblant différents types de commerces (petits producteurs locaux, traiteurs, restaurants) et plébiscitent toujours autant les terrasses.

Un bémol sur les quartiers de gare

Le baromètre s'intéresse aussi à la perception qu'ont les Français en matière de travaux effectués dans leur centre-ville. Une très large majorité en a connu dans son centre-ville (84%, et 90% pour les habitants ACV) et ils estiment globalement que ces travaux ont contribué à améliorer le centre-ville. Leurs jugements sont plus mitigés sur les quartiers de gare, sauf à Paris : ils sont 53% à les considérer "pas agréables" et 47% "agréables"… Le jugement est légèrement plus sévère de la part des habitants ACV. 40% des Français plaident pour une réhabilitation de ces quartiers. On rappellera que la phase 2 du programme doit justement s'intéresser entre autres à cet aspect des villes, avec aussi les entrées de ville (voir notre article du 15 février 2022). "On est sur des centres-villes en pleine mutation", a résumé Julie Gaillot.

L'étude s'intéresse aussi à l'attractivité des centres-villes en fonction de la taille des villes, avec un véritable avantage pour les petites villes que les Français continuent à privilégier depuis 2020. Ils y apprécient notamment la qualité de vie, l'accès facile aux différents services type restaurants, cinémas, commerces, et considèrent que le coût de la vie y est moins élevé. A l'inverse, les centres-villes des villes moyennes perdent en attractivité et séduisent moins d'un tiers des Français (un sur cinq pour les grandes villes). A noter, les habitants des villes ACV sont quant à eux autant attirés par les petites villes que par les villes moyennes.

Le baromètre signale enfin que la notoriété du programme ACV est en hausse et progresse. Et son utilité est fortement reconnue. 80% des Français le considèrent utile. "On ne revitalise pas un centre-ville en un claquement de doigt, c'est un très gros chantier, a affirmé Jérôme Gutton, directeur général délégué territoires et ruralités à l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT), dans l'année qui vient on aura ce travail du CSA chaque jour à l'esprit comme un encouragement fort". L'association Centre-ville en mouvement organise les 7 et 8 juin prochains les Assises nationales du centre-ville.