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Culture / Tourisme - Les immeubles de Le Corbusier inscrits au patrimoine mondial, la chaîne des Puys attendra

La troisième tentative aura donc été la bonne : réuni à Istanbul - et sérieusement perturbé par la tentative de coup d'Etat - le Conseil du patrimoine mondial de l'Unesco, réuni pour sa 40e session, a décidé d'inscrire au patrimoine mondial "l'œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement moderne". Ce succès intervient après deux échecs en 2009 et 2011. En revanche, le Conseil a écarté une nouvelle fois la candidature de la chaîne des Puys et de la faille de Limagne.

Une candidature hors normes, mais une décision favorable attendue

Une décision favorable était attendue sur l'œuvre de Le Corbusier depuis le rapport très favorable de l'Icomos (Conseil international des monuments et des sites), organisation consultative qui assure l'expertise scientifique des dossiers de patrimoine pour le compte de l'Unesco (voir notre article ci-contre du 8 juin 2016). Il est rare en effet que le Comité du patrimoine mondial ne se range pas à l'avis de l'Icomos.
Dans sa présentation du site, l'Unesco estime ainsi que les 17 sites regroupés dans la candidature - dont dix en France - "reflètent les solutions que le Mouvement moderne a cherché à apporter aux enjeux de renouvellement, au cours du 20e siècle, des techniques architecturales, afin de répondre aux besoins de la société. Ces chefs-d'oeuvre du génie humain attestent également de l'internationalisation de la pratique architecturale à l'échelle de la planète".
Le dossier n'était toutefois pas gagné d'avance, tant la candidature pouvait paraître "hors normes", indépendamment de la qualité et de l'exemplarité de l'œuvre concernée. Elle associe en effet pas moins de sept pays, répartis sur trois continents : l'Allemagne, l'Argentine, la Belgique, la France, l'Inde, le Japon et la Suisse. Sur les 17 sites retenus, dix sont situés en France. Certains sont très célèbres - comme l'Unité d'habitation de Marseille (dite aussi "cité radieuse" ou "cité du fada"), la chapelle Notre-Dame du Haut à Ronchamp (Haute-Saône), la villa Savoye à Poissy (Yvelines) ou la maison de la culture de Firminy (Loire). D'autres sont en revanche moins connus : la cité Frugès à Pessac (Gironde), le couvent Sainte-Marie de la Tourette à Eveux (Rhône), l'immeuble locatif de la porte Molitor à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), la maison La Roche-Jeanneret à Paris, la manufacture Duval à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges) ou encore le cabanon de Le Corbusier à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes).

Chaîne des Puys : un site "ni unique", "ni spectaculaire" ?

Contrairement à l'œuvre de Le Corbusier, la candidature de la chaîne des Puys et de la faille de Limagne essuie son second échec, après celui de 2014. L'affaire semblait au demeurant entendue, depuis le très mauvais rapport de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), qui est le pendant de l'Icomos pour les sites naturels. Celui-ci avait notamment jugé le site "agréable", mais "ni unique", "ni spectaculaire" (voir notre article ci-contre du 6 mai 2014). Malgré ce mauvais rapport, Ségolène Royal avait néanmoins confirmé le choix de la France en faveur de la candidature de la chaîne des Puys et affirmé son intention de se rendre à la session du comité à Istanbul pour défendre le dossier (voir notre article ci-contre du 12 octobre 2015). Au vu des très faibles chances de la candidature, elle y a finalement renoncé.
La réunion du comité, qui devait durer jusqu'au 20 juillet, s'est finalement achevée le 17 au soir, sous la pression des événements en Turquie. L'Unesco a annoncé qu'une session complémentaire devrait être organisée à Paris, en octobre, pour examiner les dossiers qui n'ont pu être abordés à Istanbul.
La prochaine session - ordinaire - du comité du patrimoine mondial se tiendra à Cracovie (Pologne) en juillet 2017. La France devrait y présenter la candidature de Taputapuatea en Polynésie ("paysage sacré exceptionnel") ainsi qu'une extension du site de Strasbourg Grande-Ile (voir notre article ci-contre du 27 janvier 2016).
 

 

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