Archives

Tourisme - Les intentions de départ en vacances en fort recul pour cet été

A l'exception d'une baisse de régime en 2008-2009, le secteur du tourisme a jusqu'alors plutôt bien résisté à la crise. Mais les choses pourraient changer, si l'on en croit le traditionnel baromètre Ipsos pour Europ Assistance sur les "Intentions et préoccupations des Européens pour les vacances d'été". Réalisée auprès de 4.048 Européens de 18 ans et plus dans sept pays Etats membres (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne et Italie), cette enquête montre en effet "un nouveau record à la baisse des intentions de départ".
Cette chute touche pratiquement tous les pays de l'échantillon, à des degrés divers. Les reculs les plus marqués - par rapport aux intentions de départ en vacances à la même période de 2012 - s'observent en Italie et en Belgique (-10 points en un an), ainsi qu'en Espagne (-9 points). Mais la France, qui avait été épargnée l'an dernier, n'est guère mieux lotie cette année, avec un recul de 8 points. En Espagne et en Italie, très touchées par la crise économique, le recul des intentions de départ en vacances est même de 23 et de 25 points en deux ans. En France, il n'est que de six points sur la même période, car les intentions de départ étaient en hausse en 2012. Certains pays s'en tirent mieux, comme l'Allemagne (-3 points), l'Autriche (-2) et surtout le Royaume-Uni (+5 points).
Malgré le net recul de 2013, la France reste le premier pays d'Europe en termes d'intentions de départ en vacances, ce que l'étude qualifie de "relation particulière entre les Français et les vacances" : 62% des Français déclarent en effet avoir l'intention de partir en vacances cet été, en une ou plusieurs fois (contre 70% l'an dernier). Ce taux est de 57% en Autriche, 56% au Royaume-Uni, 53% en Italie, 52% en Allemagne, 49% en Belgique et 42% en Espagne.
Si les intentions de départ en vacances d'été des Européens sont nettement à la baisse, il n'en va pas de même pour leurs dépenses prévisionnelles. Celles-ci restent en effet inchangées par rapport à 2012, avec un budget moyen de 2.100 euros (contre 2.104 l'an dernier). En France, ces dépenses prévisionnelles pour les vacances d'été 2013 sont de 2.140 euros (+1%).
Enfin, les déterminants du choix de la destination restent très traditionnels et marqués par un goût prononcé pour la sécurité. Il s'agit en premier lieu du climat (45% de citations), suivi du risque d'attentat (40% de citations, ce qui favorise les destinations européennes), des coûts du séjour (39%), des risques sanitaires (33%), des possibilités d'activités et de loisirs (32%), de la qualité des infrastructures touristiques (30%) et des risques de troubles sociaux (29%). En termes géographiques, la mer reste, de très loin, la destination la plus attractive (64% des vacanciers européens comptent se rendre à la mer), loin devant les vacances itinérantes (17%), la montagne (14%), la campagne (14%) et la ville (13%). Enfin, l'Europe demeure la destination favorite des Européens, puisque 81% d'entre eux prévoient d'y passer leurs vacances.
S'il faut rester prudent devant les intentions de départ en vacances - souvent atténuées, voire infirmées, par les faits - l'ampleur et la convergence des reculs annoncés laissent planer une ombre sur la saison estivale 2013, d'autant plus que d'autres enquêtes récentes semblent aller dans le même sens. La France pourrait être doublement impactée, en raison de l'importance de l'activité touristique nationale, mais aussi parce qu'elle est traditionnellement une destination privilégiée pour les autres touristes européens.

Jean-Noël Escudié / PCA