Vote électronique - Les machines à voter tentent de se faire oublier
Très contestées lors des dernières élections présidentielles, les machines à voter utilisées dimanche dans 77 villes n'ont pas déclenché de nouvelle polémique. Le ministère de l'Intérieur annonce une réévaluation globale du système avant les élections européennes de 2009.
Dans 77 villes de France, les électeurs ont voté dimanche au moyen de machines à voter sans que des incidents ne soient constatés. Ce sont les mêmes communes qui avaient utilisé le vote électronique au second tour des élections présidentielles, en avril dernier. Récemment, le ministère de l'Intérieur indiquait que les machines à voter "n'ont pas connu à ce jour de défaillance". Mais leur développement "relativement rapide durant les trois dernières années" ne leur a pas permis d'atteindre "le même stade de maturité et d'acceptation que le vote papier", ajoutait-il.
On se souvient qu'avant même l'élection présidentielle, des associations et des élus avaient attiré l'attention sur les défaillances du vote électronique constatées à l'étranger. Lors du premier tour, le 22 avril 2007, le principal problème observé par les votants avait été finalement les importantes files d'attente devant les bureaux de vote.
Pour faire le bilan de l'utilisation du vote électronique et tenter d'en tirer des leçons pour les élections locales, le ministère de l'Intérieur a réuni cet automne un groupe de travail. Sur la base de l'analyse faite par les experts, la ministre a décidé de ne plus accorder d'autorisation aux éventuelles communes candidates à l'usage du vote électronique. En outre, dans une circulaire du 1er février dernier, elle a invité les villes concernées à prendre une série de mesures pour renforcer la sécurité des machines à voter en vue de leur utilisation les 9 et 16 mars.
Une "refonte complète du règlement technique"
Pionnière du vote électronique, Brest a dû, comme les autres villes, se plier aux recommandations du ministère de l'Intérieur. La semaine dernière, les représentants des groupes politiques et des candidats ont pu assister à la programmation des 103 machines stockées dans un lieu à l'accès réglementé. Les visiteurs se sont fait expliquer les mesures de sécurité : vérification des touches qui doivent correspondre à un candidat ou à une liste, remise des compteurs à zéro, pose d'un bracelet de sécurité, scellé qui ne devait être brisé que le jour du scrutin, répartition aléatoire des machines. La ville a en outre prévu des ordinateurs supplémentaires pour parer à toute défaillance et un stock de 103 batteries en cas de panne d'électricité.
Il faut croire que les mesures prises à Brest comme dans les autres villes ont été efficaces, puisque l'utilisation des machines à voter n'a pas déclenché de nouvelle polémique ni avant ni après les scrutins de dimanche. A la veille du premier tour, les informaticiens du collectif Ordinateurs de vote ont toutefois dénoncé les failles des actuelles machines à voter. C'est un "matériel risible en termes de sécurité", déclarait à l'AFP François Grieu, expert en cartes à puce. Il notait qu'il est ainsi possible pour un informaticien "de modifier le logiciel sans que ce soit détectable" afin par exemple de "transmettre 10% des voix d'un candidat à un autre".
La ministre de l'Intérieur promet qu'à l'issue du second tour qui aura lieu dimanche "une réévaluation globale du système sera mise en oeuvre", et ce "avant les élections européennes de 2009". "Cette démarche portera sur l'ensemble des aspects liés à l'utilisation des machines à voter avec une révision exhaustive des dispositions du Code électoral ainsi qu'une refonte complète du règlement technique", indiquait-elle récemment à un parlementaire (Question n°12488 ).
T.B. / Projets publics