Insertion - Les modes de garde jouent un rôle clé dans l'insertion des bénéficiaires de minima sociaux

Une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux s'intéresse aux parents bénéficiaires de minima sociaux, autour de la question "Comment concilier vie familiale et insertion professionnelle". L'enjeu n'est pas mince, puisque environ 900.000 bénéficiaires du RSA socle ou de l'allocation de solidarité spécifique (ASS) - sur un total de deux millions de titulaires de ces deux prestations - vivent avec au moins un enfant de moins de 25 ans, dont 690.000 avec un enfant de moins 12 ans. Ce double statut - parent et en situation d'insertion - soulève une série de difficultés qu'analyse l'étude de la Drees.

Le poids de la monoparentalité

Tout d'abord, la monoparentalité est beaucoup plus fréquente parmi ces bénéficiaires (52% de parents isolés) qu'en population générale (11%). Autre caractéristique : 90% de ces parents isolés bénéficiaires du RSA socle ou de l'ASS sont des mères élevant seules leurs enfants. De ce fait, les mères - isolées ou non - représentent 71% des parents bénéficiaires de ces deux minima sociaux. Par ailleurs, les parents bénéficiaires du RSA socle ou de l'ASS sont deux fois plus nombreux qu'en population générale à être à la tête d'une famille nombreuse : 29% ont trois enfants ou plus contre 16% de l'ensemble des parents. Leur dernier enfant à charge est également plus jeune que la moyenne.
Si le chômage est une situation fréquente parmi l'ensemble des bénéficiaires des minima sociaux, il apparaît que l'inactivité (à ne pas confondre avec le chômage, qui suppose la recherche active d'un emploi) concerne davantage les mères : 42% d'entre elles se déclarent dans cette situation, contre 12% des pères. En combinant ces deux éléments, il apparaît que seuls 16% des parents bénéficiaires d'un minimum social occupent un emploi (21% des pères et 14% des mères). Plus l'âge du dernier enfant est jeune, moins ces mères travaillent.
Les transitions vers l'emploi sont également plus fréquentes pour les pères bénéficiaires du RSA socle ou de l'ASS que pour les mères dans la même situation : 14% des pères inactifs ou au chômage en décembre 2011 travaillaient au quatrième trimestre 2012, contre seulement 8% des mères. Ces transitions vers l'emploi sont plus rares pour les bénéficiaires du RSA socle majoré (ex API) - essentiellement des femmes - que pour les bénéficiaires de l'ASS, qui sont principalement des hommes.

La garde d'enfant, reflet des inégalités hommes-femmes

L'inégalité hommes-femmes se lit également dans les problèmes de garde d'enfant, qui sont l'un des principaux obstacles à l'insertion professionnelle des bénéficiaires de minima sociaux. Ainsi, très peu de pères dans cette situation (8%) se déclarent limités dans leur démarche de recherche d'un emploi par un problème de garde d'enfant, alors que c'est le cas de 37% des mères concernées. Les mères d'enfants en bas âge sont les plus affectées (48%) par les problèmes de garde et leur impact sur l'insertion professionnelle.
Au final, les parents bénéficiaires du RSA socle ou de l'ASS recourent rarement à un autre mode de garde qu'eux-mêmes : seul un tiers d'entre eux dit recourir à une solution extérieure, alors que cette proportion est de 50% en population générale. Et lorsqu'ils recourent à un mode de garde extérieur, ils utilisent beaucoup moins les services de garde payants. Ils confient en effet aussi souvent leur enfant à une personne non rémunérée (grands-parents, amis...) qu'à un mode de garde payant. En revanche, les parents bénéficiaires d'un minimum social et qui travaillent recourent davantage à un mode de garde que les parents chômeurs ou inactifs. Les proportions sont respectivement de 71% et 35%.
L'étude de la Drees confirme ainsi l'enjeu essentiel que constituent les modes de garde dans l'insertion professionnelle des bénéficiaires de minima sociaux comme le RSA socle ou l'ASS. Conscients de l'importance de la question, l'Etat et la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf) ont prévu, dans la convention d'objectifs et de gestion (COG) 2013-2017, une disposition prévoyant que 10% des places en structures collectives d'accueil de la petite enfance seront réservées à des familles vivant sous le seuil de pauvreté (voir notre article ci-contre du 17 juillet 2013).