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La fondation Abbé-Pierre met en lumière les pires dispositifs anti-SDF lors de sa cérémonie des "Pics d'Or"

Pics, barreaux, grilles, rochers sous les porches et sous les ponts ou encore arrêtés anti-mendicité : les pires dispositifs anti-SDF ont été ironiquement "récompensés" lundi 2 mars 2020 au soir par la fondation Abbé-Pierre, lors de la deuxième cérémonie des Pics d'Or. 

Dans la catégorie "Fallait oser", le "Pic d'or du dispositif le plus décomplexé" a ainsi été remis à un rail de fer installé tout au long d'une bordure d'un jardin à Lyon, pour prévenir l'installation de sans-abri.
Des poteaux en métal plantés dans l'entrée d'un immeuble du Xe arrondissement de la capitale pour empêcher les SDF de s'abriter et baptisés "les champignons de Paris" ont, eux, remporté le prix du "dispositif le plus agressif", dans la catégorie "Le clou".

#SOYONSHUMAINS

Les dispositifs ont été sélectionnés parmi 500 installations signalées sur Twitter sous le hashtag #SOYONSHUMAINS sur la plateforme www.soyonshumains, lancée par la fondation Abbé-Pierre, permettant à chacun de manifester son indignation en postant des photos de mobilier urbain anti-SDF.
Remis lors d'une cérémonie au Théâtre de l'Atelier à Paris par des personnalités, dont les humoristes Guillaume Meurice et Blanche Gardin, ces prix visent à sensibiliser avec ironie sur "l'hostilité urbaine à l'égard des personnes sans domicile" et rappeler leurs droits, explique la fondation. Et de rappeler que "les personnes sans-abri, comme tout être humain, ont des droits fondamentaux, qui ont été rassemblés au sein de la Déclaration des droits des personnes sans-abri".
Selon l'organisation, l'État, les collectivités, les entreprises, commerçants ou encore riverains usent de "moyens inhumains" pour empêcher les plus démunis de s'abriter et les "invisibilisent" en les éloignant des centres-villes et, finalement, des regards.
"Ce n'est pas en recourant à ce type de dispositifs qui ne font que déplacer le problème qu'on le réglera", s'insurge Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé-Pierre. "Il faut faire plus, tendre la main et apporter une réponse digne aux personnes à la rue", explique-t-il.

La fondation attire l'attention des élus locaux 

La fondation Abbé-Pierre poursuit ce combat et appelle tous les citoyens à se joindre à elle en continuant de signaler les dispositifs anti-SDF, arrêtés anti-mendicité sur la plateforme via Twitter ou en écrivant à l’adresse mail : picsdor@fap.fr, avec photos et adresse. 
Elle attire l'attention des élus locaux "pour qu’ils promeuvent, signent et appliquent la Déclaration des droits des personnes sans-abri, pour qu’ils retirent le mobilier urbain public et les arrêtés anti-précaires , pour qu’ils se positionnent lorsqu’un dispositif est repéré, pour son retrait, pour qu’ils soient attentifs lorsque des marchés publics sont passés et pour qu’ils mettent en place des mesures de signalement auprès des propriétaires et
des commerçants lorsque des dispositifs sont installés dans des immeubles privés".
Après la signature par plus de 200 candidats aux élections municipales, en février 2020, d’une tribune appelant à adopter et respecter la Déclaration des droits des personnes sans-abri, la fondation Abbé-Pierre souligne, dans son dossier de presse qu'elle veillera à ce que ces engagements soient respectés par les nouveaux élus. Elle diffusera notamment un guide pratique pour décliner concrètement les 14 droits mis en avant par cette déclaration.
En parallèle, la fondation réitère sa demande d’adopter un plan "Sans domicile : objectif zéro" autour de 7 axes forts :
• "Le 'Logement d’abord', qui considère que tout le monde mérite d’être logé, sans condition ni préalable.
• La production de 150.000 logements vraiment sociaux par an.
• L’attribution de ces logements en priorité aux plus défavorisés.
• La mobilisation du parc privé pour compléter l’offre de logement abordable.
• L’accueil digne des migrants.
• La fin des expulsions locatives sans relogement et la prévention des ruptures.
• L’accès aux droits et aux services des personnes à la rue, grâce – notamment – au renforcement des accueils de jour".

L'Insee recensait 150.000 personnes sans-domicile dans sa dernière enquête datant de 2012. Selon les associations, ce chiffre est largement sous-évalué et avoisinerait en réalité les 250.000. 

 

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