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Sécurité - Les premières zones de sécurité prioritaires font grincer la droite

Nicolas Sarkozy avait créé les groupements d'intervention régionaux (GIR) pour lutter contre la criminalité souterraine dans les banlieues. Le nom de Manuel Valls, quant à lui, sera attaché aux zones de sécurité prioritaires (ZSP). Les quinze premières ZSP (voir encadré ci-dessous), promises par François Hollande pendant sa campagne, vont être inaugurées dès ce mois-ci. Un deuxième lot d'une cinquantaine verra le jour courant 2013. Le ministre de l'Intérieur avait en effet donné des instructions en ce sens fin juillet aux préfets. Les ZSP recevront le renfort d'environ 500 policiers et gendarmes. Mais pourquoi ne retenir qu'une soixante de ZSP au total, alors qu'on comptabilise toujours 751 zones urbaines sensibles (ZUS)  ? Manuel Valls avait pris soin de préciser, toujours fin juillet, que les premières zones avaient été "prédéfinies, au niveau central, en fonction de critères objectifs de gravité". Seulement, les choix gouvernementaux font grincer des dents dans l'opposition.
C'est à Marseille, théâtre de nombreux règlements de comptes mortels depuis plusieurs mois, que la polémique est la plus vive. Le maire UMP Jean-Claude Gaudin a ainsi demandé le classement entier de la ville en ZSP, alors que seuls les quartiers nord le seront, lors de la première salve. Mis en cause par le gouvernement la semaine dernière pour sa mauvaise gestion de la sécurité, Jean-Claude Gaudin a répondu, le 2 septembre, que "la Police municipale n'est pas destinée à lutter contre la grande délinquance". "Elle n'en a ni la formation, ni les moyens. Ensuite, je peux assurer au ministre de l'Intérieur que les Marseillais seraient aussi heureux que les Lillois, si toute la ville était classée en zone de sécurité prioritaire", a ironisé le maire, dans un communiqué. Une demande "placée sous le signe de la démagogie et de l'irresponsabilité", lui a répondu Manuel Valls. "Je suis un ministre de l'Intérieur qui veut travailler avec tous les élu", a rétorqué le ministre, accusé d'avoir privilégié des circonscriptions socialistes.
La situation de Marseille va faire l'objet d'un comité interministériel convoqué le 6 septembre par le Premier ministre. Jean-Marc Ayrault a précisé dimanche soir que la Cité phocéenne ferait l'objet d'un "politique globale" en agissant "sur tous les fronts, politique, justice mais aussi économique".
A Nice, le maire UMP Christian Estrosi a lui aussi dénoncé le "clientélisme" du gouvernement et s'est dit prêt à créer sa propre ZSP dans le quartier des Moulins, à l'ouest de la ville, et à faire appel à des sociétés de sécurité privée. La menace semble avoir porté ses fruits. "J'espère avoir été entendu par le ministre de l'Intérieur qui annoncera prochainement de nouvelles zones de sécurité prioritaires", a indiqué l'élu, après avoir été reçu place Beauvau, le 29 août...
A Mulhouse, c'est le syndicat Alliance qui est monté au créneau, après une série de violences urbaines, cet été, au cours desquelles les forces de l'ordre ont été prises à partie. La mobilisation a également payé : en visite à Mulhouse, dimanche, le ministre de l'Intérieur a annoncé que les deux quartiers les plus sensibles de la ville seraient bien dans la seconde vague des ZSP en 2013.
 

Les quinze premières zones de sécurité prioritaires
Bas-Rhin (Strasbourg), Bouches-du-Rhône (Marseille IIIe, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe, Gardanne et Bouc-Bel-Air), Essonne (Corbeil-Essonne), Gard (Vauvert et Saint-Gilles), Guyane (Cayenne, Matoury, Remire-Montjoly), Hérault (Lunel et Mauguio), Moselle (Fameck et Uckange), Nord (Lille), Oise (Méru et Chambly), Paris (Paris XVIIIe), Rhône (Lyon IXe), Seine-Saint-Denis (Saint-Denis, Saint-Ouen), Somme (Amiens), Yvelines (Mantes-la-Jolie, Mantes-la-Ville).