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Les Territoires d'industrie, atout maître des villes moyennes

Trois ans après leur lancement, les 146 Territoires d'industrie reposant sur un binôme original élu-industriel tiennent leurs promesses. Grâce au coup d'accélérateur du plan de relance, plus de 1.400 projets industriels sont dans les tuyaux qui devraient déboucher sur 27.000 emplois d'ici à 2023. Pour l'AdCF, il faut à présent travailler à consolider et pérenniser le programme dans une stratégie de plus long terme.

Si les relations entre l’Etat et les régions ne sont pas au beau fixe, il est un domaine où la coopération semble avoir porté ses fruits : les "territoires d’industrie" qui fêtent leurs trois ans. Le dispositif copiloté par l’Etat et les régions "est la parfaite illustration de la méthode efficace que nous devons continuer à appliquer ensemble", a même salué la présidente de Régions de France Carole Delga, dans un bilan d’étape publié à cette occasion. "Cette méthode doit continuer de nous inspirer pour mener à bien notre combat collectif pour la reconquête industrielle." Le pays compte désormais 146 territoires d’industrie, impliquant 542 intercommunalités, ce qui en fait tout à la fois un outil de revitalisation et d'aménagement du territoire, sachant que "75% des emplois industriels se situent en dehors des métropoles, selon les données de l’observatoire des territoires de l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) et 71% des investissements industriels étrangers sont réalisés dans des communes de moins de 20.000 habitants. L’une des originalités du programme : dans chacun de ces bassins industriels, un binôme composé d’un élu et d’un industriel a dû échafauder un plan d’action en fonction des besoins (création ou extension d’usine, ouverture d’une école de production…). Résultat : 1.800 projets sont remontés du terrain. L’objectif fixé en 2018 d’1,3 milliard d’investissements sur quatre ans a déjà été dépassé : l’État et les opérateurs partenaires ont engagé 1,37 milliard d’euros : 884 millions d’euros pour l’Etat et 481 millions d’euros pour les partenaires (Ademe, Banque des Territoires, Bpifrance, Pôle emploi, Business France…). Les régions se sont fortement mobilisées totalisant 569 millions d’euros de plus.

Plus de 27.000  emplois créés d’ici à 2023

Mais le plan de relance est venu donner un sérieux coup d’accélérateur à la concrétisation des projets à travers le "fonds d'accélération des investissements industriels dans les territoires" qui a déjà soutenu 1.416 projets. Doté de 850 millions d’euros dont 143 millions d’euros en provenance  des régions, ce fonds, opéré par Bpifrance, cible les projets les plus "structurants" capables de démarrer à brève échéance, "sous six mois à un an". 27.255 emplois - le chiffre est précis – sont ou seront créés d’ici à 2023. Les deux tiers de ces projets se situent dans des territoires "fragiles" ou prioritaires. On compte parmi eux, 209 projets de relocalisation portant sur un total de 5.753 emplois.

Recrutement

L’un des points importants du programme est le recrutement. 75.000 postes sont à pourvoir dans l’industrie. Un industriel sur deux anticiperait des difficultés à recruter dans les mois à venir. Un problème pris à bras le corps par les "écoles de production", sorte de troisième voie entre les lycées professionnels et l’alternance. "Les élèves travaillent directement sur des commandes réelles passées par les entreprises industrielles locales", indique le bilan. 12 écoles ont vu le jour, comme La Cordée à Limoges ou La Fabrique à Villefranche-sur-Saône… Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé avec la Banque des Territoires arrive à son terme, fixé au 15 octobre. Il élargira la liste. Par ailleurs, l’opération "Au Cœur des Territoires", consiste à déployer une centaine d’antennes du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) dans les villes moyennes, pour former aux métiers de l’industrie. 75 antennes ont d’ores et déjà été labellisées, essentiellement dans des Territoires d’industrie, comme à Chalon-sur-Saône ou Maubeuge.
Le programme poursuit enfin un objectif de "simplification" qui passe en grande partie par les 127 sites "clé en main" visant à lever les freins à l’implantation d’usines.
L’Assemblée des communautés de France (AdCF), partenaire du programme, salue ainsi dans les Territoires d’industrie une "machine à projets". Mais ils "ne doivent pas se résumer à des boîtes à projets" répondant aux appels à projets ou AMI de l’Etat, souligne-t-elle dans une note publiée à l'occasion de ces trois ans. Car "l’un de leur principal intérêt demeure leur capacité à consolider des coalitions industrielles fortes au niveau local". Pour l'AdCF, les contrats de relance et de transition écologique (CRTE) en cours de signature doivent permettre de "consolider et relancer" le programme.