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L'espérance de vie sans incapacité s'améliore, mais les résultats restent perfectibles

La dernière édition des "Nouveaux indicateurs de richesse" publiés par Matignon dessine une amélioration de l'espérance de vie sans incapacité - un indicateur évidemment important par rapport aux enjeux de dépendance. Avec toutefois des inégalités socioprofessionnelles.

Matignon publie l'édition 2018 des "Nouveaux indicateurs de richesse". Ces indicateurs ont été mis en place dans le prolongement des travaux de la "Commission sur la mesure de la performance économique et le progrès social", installée en 2009 par Nicolas Sarkozy et animée par Edouard Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi. L'objectif était alors de pallier les limites du PIB comme indicateur de la bonne santé d'un pays, en développant une batterie d'indicateurs plus diversifiés. Depuis lors, Matignon publie chaque année un rapport sur ces nouveaux indicateurs. Stabilisés depuis 2015 dans leur définition, les dix indicateurs retenus permettent désormais un suivi dans le temps et des comparaisons européennes.

Des indicateurs à la hausse...

Ces indicateurs de richesse - de développement durable serait plus juste - sont le taux d'emploi, l'effort de recherche, l'endettement, l'espérance de vie sans incapacité, la satisfaction dans la vie, les inégalités de revenus, la pauvreté en conditions de vie, les sorties précoces du système scolaire, l'empreinte carbone et l'artificialisation des sols.

L'édition 2018 livre ainsi des informations intéressantes sur l'espérance de vie sans incapacité, qui correspond à l'objectif de développement durable n°3 "Bonne santé et bien-être" de l'Agenda 2030, visant à "permettre à tous de vivre en bonne santé et à promouvoir le bien-être de tous à tout âge".

Sur cet indicateur - qui n'est évidemment pas sans impact sur les dépenses liées à la prise en charge de la dépendance -, les progrès sont indéniables : en 2017, l'espérance de vie sans incapacité atteint ainsi 62,6 ans pour les hommes et 64,9 ans pour les femmes. Depuis 2010, le gain est de 1,5 an pour les femmes et de 0,8 an pour les hommes. À 65 ans, l'espérance de vie sans incapacité s'établit en 2017 à 9,2 ans pour les hommes (+0,3 an depuis 2007) et à 10,8 ans pour les femmes (+1,0 an), "traduisant un recul de l'âge d'entrée en incapacité pour les personnes ayant atteint 65 ans".

Cette amélioration accompagne la progression de l'indicateur, plus large, de l'espérance de vie à la naissance. En dix ans (2007-2017), l'espérance de vie des hommes à la naissance a ainsi augmenté de 2,1 ans et celle des femmes de 0,9 an, pour atteindre respectivement 79,5 et 85,3 ans. Ce résultat a été obtenu malgré le ralentissement de la période 2013-2015, dû à l'impact de l'épisode de grippe sévère de l'hiver 2014-2015. La surmortalité chez les personnes âgées avait alors engendré un recul de l'espérance de vie en 2015.

... mais qui restent inférieurs à la moyenne européenne

Ces résultats probants ne sont toutefois pas exempts de certaines limites. Tout d'abord, il apparaît que les inégalités selon la catégorie socioprofessionnelle sont plus élevées pour l'espérance de vie sans incapacité que pour l'espérance de vie tout court. En d'autres termes, le vieillissement en bonne santé reste donc plus fortement marqué par les inégalités socioprofessionnelles.

D'autre part, si la France est bien classée en matière d'espérance de vie à la naissance (face à une moyenne européenne de 78,2 ans pour les hommes et de 83,6 ans pour les femmes), elle se situe en revanche juste dans la moyenne européenne pour l'espérance de vie sans incapacité. Le résultat de la France est inférieur pour les hommes (62,6 ans pour une moyenne européenne de 63,5 ans) et légèrement supérieur pour les femmes (64,9 ans contre 64,2 ans).

L'étude précise toutefois que "la comparaison des deux indicateurs dans chacun des pays européens souligne des situations contrastées : certains pays apparaissent performants pour les deux avec des niveaux supérieurs à la moyenne européenne, comme la Suède ou l'Espagne par exemple ; d'autres, plutôt bien classés en espérance de vie, ont de plus faibles résultats en espérance de vie sans incapacité [comme la France, ndlr]. Des travaux supplémentaires seraient nécessaires pour évaluer ce qui relève, dans ces écarts entre pays, de la subjectivité des réponses ou d'éléments objectifs".

À noter : dans la rubrique "Ambitions", le Premier ministre rappelle, comme pour chaque indicateur, les politiques mises en place ou envisagées pour améliorer le résultat.