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L'Ile-de-France lancera sa billettique sur smartphone en septembre

En septembre prochain, il sera possible de prendre tous les transports publics franciliens avec son téléphone mobile comme ticket de transport. Une avancée technique qui aura mis 10 ans à voir le jour, sans pour autant être accessible à l'ensemble des usagers.

Lors de l'édition 2019 du salon Viva Tech, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d'Ile-de-France mobilités (IDFM) a annoncé la généralisation de la billettique sur mobile sur les réseaux RATP et Transilien à compter de septembre prochain. "Un service moderne, plus pratique et qui s’adapte aux besoins de tous les voyageurs, qu’ils soient réguliers ou occasionnels", s'est-elle félicitée. Cette annonce n'en est pas vraiment une. En mai 2018 le ticket sur mobile faisait déjà l'objet d'un communiqué d'IDFM. Un report parmi d'autres car ce projet de billettique sur smartphone est dans les cartons de l'autorité organisatrice de transport francilienne depuis près de 10 ans. L'île-de-France figurait en effet dans les "territoires NFC" lancés par le gouvernement en 2011. Mais seuls les projets de Nice et Strasbourg ont alors abouti. Ils sont d'ailleurs toujours en exploitation dans ces villes, Caen-la-Mer et Bordeaux ayant, en revanche, fait machine arrière sur la billettique mobile.

Une facilité réservée à certains usagers

Il faut dire que le choix technologique de la billettique NFC sur mobile n'est pas une mince affaire. "Il a fallu non seulement changer tous les valideurs de transports pour les rendre compatibles mais aussi mettre en place une organisation technique pour gérer les transactions entre les opérateurs mobiles et les autorités de transport", explique Pierre Métivier consultant spécialisé sur ce sujet. Si certaines villes ont jeté l'éponge, c'est surtout à cause des nombreuses restrictions d'usage liées au mobile. Tout d'abord, seuls les smartphones dotés de NFC peuvent faire office de ticket de transport. Wizway, coentreprise créée par Orange, Gemalto, la RATP et la SNCF pour faciliter le déploiement de la billettique NFC sur tous les réseaux de transport, estime que c'est le cas de "80% des smartphones". En réalité, le système ne fonctionne pas avec tous les mobiles NFC comme les One Plus, Google ou Nokia… Surtout, lourd handicap pour un service qui cible les technophiles, il ne fonctionne pas avec Apple. Si ses derniers IPhone intègrent NFC, la firme n'autorise pas la validation d'un titre de transport dématérialisé. Wizway espère que la marque à la pomme y viendra bientôt, "puisqu'elle l'a fait au Japon", mais en attendant c'est essentiellement avec les mobiles Samsung que le service fonctionne. Enfin, et ce n'est pas la moindre restriction, le service francilien n'est accessible qu'aux abonnés d'Orange. "Pour le moment", veut-on croire chez les promoteurs du système, qui semblent oublier que les trois grands opérateurs mobiles n'ont pas vraiment bougé depuis 2010. Pourquoi cet optimisme ? L'arrivée de la MaaS ou "mobilité en tant que service", qui fait désormais figure de Graal de la mobilité. NFC serait en effet la technologie clef pour proposer une expérience client fluide et aboutie, totalement multimodale, voire nationale. Car au-delà de la gestion d'un titre ou d'un abonnement mensuel pour un territoire donné, ce sont des offres de transport globalisées qui se profilent, comme elles existent depuis plusieurs années en Corée du Sud ou au Japon.

D'autres solutions de billettique sur mobile 

Si la plupart des collectivités partagent cette "ambition MaaS", le smartphone NFC se révèle loin d'être incontournable. Les cartes de transport sans contact, à l'image de Korrigo en Bretagne, Pass Pass dans les Hauts-de-France ou OùRa! en région Auvergne-Rhône Alpes restent aujourd'hui l'outil privilégié de la multimodalité étendue (SNCF, autopartage...). Avec les avantages du NFC/sans contact (universalité, fluidité) sans les inconvénients du mobile. La cible des cartes se limite cependant aux abonnés réguliers, soit il est vrai plus de 90% des usagers des réseaux locaux. Pour les voyageurs occasionnels, tentés de ne pas prendre les transports publics faute de monnaie, les collectivités ont désormais le choix entre de nombreuses solutions. A Dijon ou Dreux Agglomération, la carte bancaire sans contact peut ainsi faire office de titre de transport sans aucune manipulation particulière de la part de l'usager. Dans d'autres territoires, les collectivités préfèrent le ticket par SMS (voir l'expérience de Verdun) ou le QRcode (notre article). Des systèmes moins ergonomiques que NFC – qui fonctionne mobile allumé comme éteint – mais adaptés à tous les types de réseaux et de smartphones. Avec comme principal avantage de nécessiter des investissements réduits pour les autorités organisatrices.

 

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