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Attractivité des territoires - L'Insee dessine la carte de l'attractivité économique de la France

Industrie, services, tourisme... l'Insee dresse une carte de l'attractivité des territoires en fonction de leur économie productive ou résidentielle. L'institut se penche notamment sur l'importance des "navetteurs" qui, chaque jour, quittent leur lieu de résidence pour aller travailler. Cette cartographie met en lumière les handicaps des territoires industriels. Ils attirent peu d'emplois, peu de salariés, peu de touristes et de retraités.

Attirer des usines, des services ou miser sur le tourisme, l'accueil de retraités, de "navetteurs", ces salariés venus avec leur famille mais travaillant ailleurs. L'attractivité économique des teritoires repose toujours entre ces deux configurations : économie productive ou économie résidentielle. Dans une étude publiée le 3 octobre 2012, l'Insee dresse une carte de l'attractivité économique des territoires en fonction de ces criètères. Cette carte se dessine "à travers l'importance des loisirs, le développement des transports ou encore la recherche de meilleures conditions de résidence".
Pour les grandes agglomérations et le nord de la France, c'est l'attractivité économique productive qui domine. Ainsi dans des grandes villes comme Paris, Saclay (Essonne), Toulouse, autour de Cannes et d'Antibes (Alpes-Maritimes) et à Aix-en-Provence, les personnes venues travailler au cours des cinq dernières années représentent de 2 à 3% du total des emplois. Et la plupart du temps, il s'agit d'emplois qualifiés. Ces taux sont presque équivalents dans d'autres villes comme Lyon, Nantes, Grenoble, Rennes ou Pau. Ces zones abritent déjà des pôles universitaires, des centres de recherche et des entreprises spécialisées dans les technologies de pointe (microéletronique à Aix-en-Provence, laboratoires de recherche à Saclay, génie pétrolier et aéronautique à Pau…). "L'arrivée de nouveaux salariés qualifiés amplifie cette spécialité, signale l'Insee, connu sous le terme de 'métropolisation', ce processus renforce la place des activités tertiaires et le pouvoir économique des grandes agglomérations."
D'autres territoires basent aussi leur attractivité sur les emplois, mais cette fois-ci moins qualifiés. Il s'agit des territoires du nord la France, comme Lille, Strasbourg, Nancy, Rouen, Le Havre ou Reims. Dans ces zones, l'attractivité passe par des créations ou des extensions d'établissements.

Les "navetteurs" autour de la capitale et des grandes villes provinciales

Côté tourisme, sans surprise, le littoral et les massifs montagneux remportent la mise. Dans les zones d'emploi alpines de Briançon, du Chablais, de la Tarentaise, de la Maurienne et du Mont-Blanc, deux salariés sur dix travaillent ainsi en relation avec les touristes. Le plus souvent, ce sont les espaces naturels qui sont privilégiés. Mais parfois, l'attractivité touristique est le fruit d'une décision politique, comme l'installation du Centre Pompidou à Metz, qui a accueilli 552.000 visiteurs en 2011 L'accueil de retraités concerne quant à lui des territoires comme Royan (Charente-Maritime), les Sables-d'Olonnes et Challans (Vendée), ou Céret (Pyrénées-Orientales). Les arrivées de retraités au cours des cinq dernières années représentent 6% de la population totale de ces territoires.
L'étude se penche aussi sur le poids dans l'économie résidentielle des "navetteurs", ces salariés et leur famille qui logent dans une commune mais vont travailler ailleurs. "De nombreux salariés font ce choix avec l'envolée des prix du logement", explique l'Insee. Des salariés viennent ainsi s'installer à Etampes (Essonne) ou à Coulommiers (Seine-et-Marne) tout en travaillant dans la capitale et ses environs. Les "navetteurs" arrivés au cours des trois dernières années y représentent 2,5% de la population. Même phénomène, mais dans une moindre mesure, à la périphérie des grandes métropoles provinciales. Les navetteurs contribuent ainsi au développement d'Ancenis à proximité de Nantes ou de Salon-de-Provence proche d'Aix-en-Provence et de Marseille. "Mais le développement d'un territoire par l'installation de résidents peut avoir des effets préjudiciables", précise aussi la note, citant notamment l'étalement urbain, la consommation des espaces naturels, l'artificialisation des sols, ou encore les émissions de gaz à effet de serre dus à l'allongement des déplacements quotidiens.

Le berceau industriel de la France moins attractif

Deux catégories de territoires sont en revanche moins bien loties en termes d'attractivité. Certaines villes du sud de quelques dizaines de milliers d'habitants (Bergerac, Périgueux, Agen, Tarbes, Montauban, Carcassonne) sont ainsi globalement peu attractives, même si leur attractivité résidentielle reste proche de la moyenne nationale. Certaines villes de Bretagne, comme Saint-Brieuc ou Quimper, ont les mêmes problèmes. De même, dans des massifs montagneux des Vosges, du Jura ou du Massif central, certains territoires sont peu attractifs. C'est le cas de Saint-Dié (Vosges), de Lons-le-Saunier (Jura) et de Brioude (Haute-Loire). "Cahors (Lot) bénéficie, en outre, de l'installation de retraités et des revenus des touristes, précise l'Insee, en revanche les zones d'emploi de Saverne et de Molsheim-Obernai près de Strasbourg profitent de l'installation de navetteurs." Dans le nord-est, "berceau industriel de la France", l'attractivité est également faible, que ce soit côté résidentiel ou productif. Quatre zones d'emploi sur dix sont ainsi peu attractives. Ces zones, qui se situent notamment en Champagne-Ardenne, région où la population diminue, cumulent les handicaps : peu d'arrivées d'emplois et de personnels qualifiés et désintérêt de la sphère résidentielle. Les zones d'emploi de Charleville-Mézières (Ardennes), de Chaumont-Langres (Haute-Marne) ou de Châlons-en-Champagne (Marne) sont dans ce cas. D'autres zones en Lorraine ont les mêmes difficultés.