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Environnement - Littoral : un sentier bien balisé

Protection des milieux naturels, pressions liées à l'artificialisation des sols, érosion côtière : au-delà de son attrait touristique, le sentier du littoral concentre à lui seul l'essentiel des enjeux liés au trait de côte, rappelle le Commissariat général au développement durable (CGDD, ministère de l'Ecologie) dans une récente publication de son service de l'observation et des statistiques. Dénommé couramment sentier des douaniers depuis que ces derniers l'utilisaient à la fin du XIXe siècle pour enrayer la contrebande, il permet aux piétons de cheminer le long du littoral sur des tronçons de natures juridiques diverses : des terrains publics mais aussi des propriétés privées, au titre de la servitude de passage des piétons le long du littoral (SPPL) instituée par la loi portant réforme de l'urbanisme de décembre 1976.
Présent dans 688 des 885 communes littorales maritimes et lagunaires, le sentier du littoral s'étendait fin 2012 sur 4.600 km dont plus d'un tiers au titre de la servitude. Près de 1.400 km sont aujourd'hui à l'étude ou seront accessibles à court terme, ce qui portera le sentier à plus ou moins brève échéance à 6.000 km. Le CGDD souligne que certains rivages sont impraticables du fait d'un relief accidenté, de risques d'éboulement de falaises ou de la difficulté de cheminement en marais. La présence de zones bâties en bord de mer et le morcellement du parcellaire peuvent aussi rendre difficile la mise en place de servitudes. Par ailleurs, 450 km de côtes sont déclarés inaccessibles. Avec 2.763 km, la Bretagne concentre à elle seule 46% du sentier. Les rivages de Basse-Normandie et de Provence-Alpes-Côte d'Azur disposent aussi de plus de 500 km de sentiers ouverts ou à l'étude. En dehors de la Haute-Normandie, du fait des risques d'éboulement de falaises, et de la Corse en raison de son relief accidenté, toutes les régions maritimes ont au moins les trois quarts de leurs communes littorales traversés par le sentier de manière significative, note le CGDD.

Des cheminements variés

Dans quatre communes traversées sur dix, le sentier ouvert ou à l'étude suit les rivages avec des altitudes n'excédant pas 10 à 15 mètres (plages et hauts de plages, platiers rocheux ou digues). Dans un peu plus d'une commune sur cinq, le sentier permet de cheminer entre rivages et côtes basses à moyennes de moins de 30 m d'altitude dans des dunes, des côtes rocheuses, voire des centres-ville. Dans un quart des communes, situées principalement dans le Pas-de-Calais, en Seine-Maritime, Ille-et-Vilaine, dans les Côtes d'Armor, le Finistère, les Pyrénées-Atlantiques, le Roussillon, en Paca et en Corse, il passe de rivages en falaises. En Seine-Maritime, dans le Calvados et à certains endroits du Var, il n'emprunte parfois que des secteurs de falaises. Il peut aussi traverser des environnements particuliers parfois éloignés du rivage (espaces arrière-dunaires en Aquitaine et dans le Nord, bords de cours d'eau dans le Morbihan, rivages lagunaires en Méditerranée occidentale, voire plus rarement des territoires de marais). Le sentier emprunte inévitablement des secteurs en recul du fait de l'érosion côtière qui touche près du quart des côtes métropolitaines : un peu plus de 1.100 km de côtes en érosion sont ainsi comptabilisées à moins de 125 m du sentier.

Territoires fragiles

Près de 40% des territoires traversés par le sentier sont des milieux marins et 17% d'autres milieux naturels ouverts (prairies, zones humides, surfaces en eau continentales). Mais 21% des abords du sentier sont aussi constitués de territoires artificialisés. En revanche, les terres agricoles, hors prairies, ne représentent que 18% des espaces traversés et les forêts seulement 5%. Près de 60% du sentier traverse ou longe un espace protégé abritant une biodiversité riche. Les sites Natura 2000 sont les plus nombreux mais le sentier passe aussi à l'intérieur ou à proximité des 24 réserves naturelles nationales présentes dans les communes littorales, ainsi que dans certains parcs nationaux (Calanques, Port-Cros) et dans les quatre parcs naturels marins métropolitains (Iroise, Golfe du lion, Estuaires picards, bassin d'Arcachon). En outre, un quart du linéaire du sentier traverse les 90 des 400 sites de suivi des oiseaux d'eau hivernant sur le littoral.
Le sentier représente un important attrait touristique pour les collectivités locales, et le CGDD souligne "la difficile adéquation entre développement touristique et respect de l'environnement, de nombreux territoires traversés étant sensibles". Mais il donne selon lui l'occasion aux promeneurs de se sensibiliser à la préservation des milieux naturels à travers l'information qui peut être mise à leur disposition.