Lutte contre la vie chère dans les outre-mer : les préfets se voient confier un rôle de pilote et d’animation des services
Dans l’attente du projet de loi contre la vie chère dans les territoires ultramarins qui sera présenté avant la fin du mois de juillet 2025, une circulaire interministérielle a été envoyée aux préfets pour leur confier un rôle de pilotage et d’impulsion en matière de lutte contre la vie chère dans les outre-mer.

© Manuel Valls/ Manuel Valls à Mayotte le 10 juillet
Cette circulaire a été adressée aux préfets de Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin, Saint-Barthélemy ainsi qu’à l’administrateur supérieur des îles Wallis et Futuna le 10 juillet 2025, le jour où était réuni à Paris le troisième comité interministériel des outre-mer (Ciom). Celui-ci avait inscrit à son ordre du jour la lutte contre la vie chère dans les territoires ultramarins.
"Sans attendre le projet de loi", il est demandé aux préfets "d’actionner les leviers disponibles en vue de rechercher une baisse des prix en outre-mer, et de mobiliser en ce sens l’ensemble des acteurs économiques et institutionnels qui concourent à la distribution et à la formation des prix". Ils doivent travailler "autant sur la lutte contre la vie chère que sur l’encouragement de la transformation économique des territoires et donc le développement des filières productives".
Cinq directions
Leur action doit se déployer dans cinq directions :
- renforcer le dispositif "bouclier qualité prix" (BQP) en l’étendant aux services et en impliquant plus largement les acteurs locaux. Les négociations sur les BQP devront désormais porter tant sur les produits que sur les services notamment téléphoniques, bancaires et d’entretien automobile. Concernant les produits alimentaires, les préfets doivent encourager la promotion des productions locales comme les fruits et légumes frais ;
- assurer une transparence sur la constitution des prix. "Un renforcement de la présence et des contrôles dissuasifs de l’État" pour mettre un terme aux dérives est demandé aux préfets. Ils devront rendre visibles du grand public les rapports annuels des observatoires des prix, des marges et des revenus (OPMR). Il leur est également demandé de mettre en place un "plan de contrôle massif et rigoureux" des prix avec les services de l’Etat dédiés ;
- communiquer largement sur les dispositifs mis en œuvre (valorisation du dispositif BQP via la presse, les réseaux sociaux, les sites internet, des catalogues, etc.) ;
- organiser chaque année une "conférence vie chère" dans chaque territoire en y associant les OPMR et les présidents des conseils exécutifs des collectivités en charge de la compétence économique ;
- initier des stratégies de développement des filières à fort potentiel à court et moyen termes, en lien avec la collectivité qui détient la compétence en matière de développement économique. C’est en effet "une véritable transformation économique qui est nécessaire pour susciter la création de valeur ajoutée dans les territoires et renforcer le pouvoir d’achat". Ce travail peut porter autant sur les filières du secteur primaire "a priori matures, mais offrant un fort potentiel de production dans le secteur de la grande consommation", que sur les filières en croissance ou d’innovation. Concernant les filières du secteur agricole, il est demandé aux préfets de privilégier deux axes "qu’il faut concilier" : l’intégration économique régionale et le développement de la production locale.
Cette circulaire se substitue pour l’année 2025 à la note d’orientation annuelle sur les accords de modération de prix ou "accords BQP".