Un comité interministériel des outre-mer resserré pour répondre aux urgences

Le Ciom (comité interministériel des outre-mer) qui s’est réuni jeudi 10 juillet 2025 a adopté le projet de stratégie quinquennale pour Mayotte. Le même jour, la loi de programmation pour la refondation du 101e département français a été adoptée par le Parlement. Le comité s’est également penché sur les questions de vie chère et de sécurité. Un nouveau Ciom est prévu pour la fin de l’année.

C’est un Ciom (comité interministériel des outre-mer) particulier qui s’est tenu jeudi 10 juillet 2025 à Paris. Sur le fond d’abord : alors que les deux premiers Ciom (en 2019 et 2023) avaient placé les territoires ultramarins au cœur de l’action publique française, celui-ci avait pour objectif de "répondre rapidement aux urgences spécifiques des outre-mer", soulignent Matignon et le ministère des Outre-Mer. Il s’est concentré sur trois thématiques : la reconstruction de Mayotte, la lutte contre la vie chère et l’insécurité. 

Sur la forme, seuls des membres du gouvernement étaient conviés à ce troisième comité, ce que n’ont pas manqué de relever des élus ultramarins. "Cette méthode n’est pas la bonne" a ainsi dénoncé le sénateur mahorais Saïd Oma Oili le 3 juillet dans un communiqué. À la Réunion, c’est la Conférence Péi qui réunit une centaine d’élus politiques, des associations, des syndicats et des citoyens qui a fortement critiqué "des discussions entre ministères du pouvoir central".

L’exécutif a cependant annoncé pour la rentrée de septembre une phase de concertation sur les premières mesures retenues lors du comité du 10 juillet, cette fois avec les parlementaires et les acteurs de terrain dans les territoires concernés. Et un nouveau Ciom national au "format plus classique" sera organisé à la fin de l’année après des Ciom organisés dans chaque territoire.

Adoption du projet de stratégie de reconstruction de Mayotte

Ce Ciom a adopté le projet de stratégie de reconstruction et de développement de Mayotte élaboré par le général Pascal Facon sous l’autorité du ministre des Outre-Mer, Manuel Valls. Cette stratégie quinquennale est une déclinaison de la loi de programmation pour la refondation de Mayotte qui a été adoptée par le Parlement le 10 juillet également.

Cinq grandes priorités ont été définies pour structurer l’action publique : la lutte contre l’immigration clandestine (35.000 personnes en situation irrégulières devraient être éloignées chaque année grâce à l’opération "Rideau de fer"), le titrement complet du territoire d’ici 2035 grâce à la création d’un guichet commun de régularisation foncière (GCRF), la préservation des milieux naturels, l’alignement des droits des Mahorais sur ceux de l’ensemble de la population française (santé, éducation, emploi, protection sociale ; notamment un alignement du Smic net avec un premier pas de convergence dès le 1er janvier 2026), l’attractivité du territoire. 

Qu’il s’agisse de la loi ou de la stratégie quinquennale, l’objectif est d’agir "de façon coordonnée et hiérarchisée dans le temps, sur tous les problèmes qui entravent le développement de Mayotte", a commenté le Premier ministre, François Bayrou, à l’issue du Ciom. La loi adoptée le 10 juillet prévoit une programmation financière de 4 milliards d'euros sur six ans pour soutenir la transformation du territoire mahorais.

Combat contre la vie chère et l’insécurité

D’autre part, le Ciom a fait de la lutte contre la vie chère dans les territoires ultramarins une priorité. Un projet de loi sera présenté en conseil des ministres avant la fin de ce mois. Le plan global "en cours de finalisation" poursuit trois objectifs : capitaliser sur les travaux parlementaires existants (le projet intègre plusieurs dispositions issues des propositions de loi adoptées ou déposées au Parlement par la députée Béatrice Bellay, la sénatrice Audrey Bélim ou le sénateur Victorin Lurel). "Ce texte dépasse la seule logique d’encadrement des prix. Il ambitionne de reconfigurer les équilibres économiques, en donnant aux collectivités et aux consommateurs les moyens d’agir", précise l’exécutif. Il se traduira par une gouvernance renforcée des observatoires des prix, des marges et des revenus et un renforcement du Bouclier Qualité Prix. Une circulaire a été adressée aux préfets pour leur confier "un rôle de coordination et d’impulsion pour ancrer cette stratégie dans les réalités locales".

Enfin le Ciom a pris neuf mesures concrètes en matière de sécurité pour combattre les trafics et la criminalité organisée (chaque année, près de 30% des homicides en France ont lieu en outre-mer et plus de 1.000 ultramarins sont victimes d’agressions chaque jour), protéger les plus vulnérables et anticiper les catastrophes météorologiques.

 

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