Maison de santé pluridisciplinaire en Ardèche : un parcours par étapes

Ouverte depuis un an, la maison de santé pluridisciplinaire du Haut Vivarais était voulue par les élus et les professionnels de santé. Malgré cela, elle ne fait pas encore le plein. Et les élus pensent à changer de tactique pour attirer de jeunes praticiens.

La maison de santé de la communauté de communes du Haut Vivarais (7 communes, 4.400 habitants) a vu le jour en mars 2010 sur la commune de Saint-Agrève. Le projet a été amorcé en 2005 alors que la communauté risquait de perdre la maternité de son hôpital. A la même époque, les généralistes du territoire ont sollicité les élus pour travailler sur un projet de regroupement. Les élus ont saisi l'opportunité de l'appel à projets Pôle d'excellence rurale pour engager une réflexion solide, cabinet d'études à l'appui. De là, est née la construction de la maison de santé pluridisciplinaire, prévue pour accueillir quatre généralistes, deux kinésithérapeutes, un cabinet d’infirmiers, un cabinet dentaire, un orthophoniste et un psychologue.
Un an après son ouverture, un premier regard met en lumière le chemin parcouru, mais aussi celui qu’il reste à faire. "Car un projet de maison de santé met au bas mot trois ans avant de voir le jour, et une fois sorti de terre, rien ne dit qu'il fonctionne immédiatement…Il faut vraiment agir en amont", pointe Jeanne Lemarchand, directrice de la communauté de communes.

Esprit collectif et réseau de santé

La maison de santé, qui héberge également le centre médico-psycho-pédagogique, n’est aujourd'hui occupée qu’à 70%."Certes il y a encore des locaux à pourvoir, mais les professionnels de la santé du territoire sont là et s'investissent", précise la directrice. A son avis, s’il a manqué, un chef de file, parmi les médecins, pour maintenir une dynamique dans ce milieu très rural, au moins, le projet aura amorcé une collaboration entre les professionnels qui travaillent aujourd’hui davantage en coordination. Un réseau de santé pluridisciplinaire est en train de se mettre en place en vue d’améliorer le parcours de soins des patients et mieux traiter de certains problèmes comme par exemple les questions de périnatalité, de dépendance gériatrique ou d’addictologie auprès des adolescents. La communauté travaille avec l’ADMR qui porte ce projet, et une étude - financée à 100% par l’agence régionale de santé - est en cours. La complémentarité avec la maison de santé sera bientôt évidente.

Lever la crainte d’une éventuelle tutelle des élus

La communauté de communes gère la maison de santé en régie directe. Pas de budget annexe, excepté pour les énergies (photovoltaïque et chaufferie bois). Chaque professionnel de santé a signé un bail de 6 ans avec l’EPCI. "Nous aurions pu n’avoir qu’un locataire, si les médecins et professionnels s’étaient regroupés en association par exemple, mais ils n’y étaient pas encore prêts", relève la directrice. Des réticences demeurent, telles que la crainte d’une éventuelle tutelle des élus. Et cela, alors même que les médecins sont à l’origine du projet, et que les élus les avaient fait témoigner de leur expérience en matière de fonctionnement de maison de santé, dont un, président de la Fédération nationale des maisons de santé, "Preuve qu’il est impératif d'associer les professionnels de santé à toutes les étapes du projet de maison", souligne la directrice.

Aux petits soins des candidats…

"Nous avons jusqu’à présent surtout travaillé avec les professionnels du territoire. Pour toucher des jeunes praticiens il va falloir être plus attractif et imaginatif", poursuit la directrice. Jusqu’à présent, la communauté de communes n’avait pas accordé de facilités particulières (mise à part des loyers calculés sur la somme autofinancée déduction fait des subventions acquises). Mais elle commence à le faire. Par exemple en aidant à la recherche d’un emploi sur place pour le conjoint d’un candidat médecin prêt à s'installer. Autre exemple : la communauté a décidé de racheter le matériel du dentiste venu de Seine-Maritime et qui n’a pas réussi à s’adapter à la région. "Cela offre de meilleures conditions pour attirer un nouveau dentiste." D’autres pistes sont à l‘étude, comme l’aide à la recherche d’un logement. La question du salariat des médecins a également été évoquée. Affaire à suivre.

Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

 

Communauté de communes du Haut Vivarais

Nombre d'habitants :

4400

Nombre de communes :

7
37 Grande Rue
07320 Saint-Agrève

Bernard Couëdel

président

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