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Marc Sanchez : "Nous avons la légitimité du terrain sur les enjeux du sport"

L'Association nationale des élus en charge du sport (Andes) clôturait ce vendredi 17 mai son 23e congrès. Les discussions ont notamment porté sur l'Agence nationale du sport. Marc Sanchez, président de l'Andes, revient sur cette création récente et fait part de sa déception.

Localtis - À quels sujets avez-vous consacré votre congrès ?

Marc Sanchez - Organisé à Chamonix, c’est un congrès qui a nous permis de prendre de la hauteur… Plus sérieusement, nous y avons abordé les sujets des sports de pleine nature et du sport dans les territoires ruraux et de montagne.

On imagine toutefois que la récente mise en place de l'Agence nationale du sport, portée sur les fonts baptismaux le 25 avril dernier, s'est invitée dans vos discussions…

Oui, nous avons abordé cette question avec nos interrogations et notre déception de ne pas avoir été reconnus comme des acteurs importants du développement du sport, quand bien même tout le monde s’accorde à dire que l’Andes fait un très gros travail. Si nous sommes satisfaits d’être présents au conseil d'administration et à l'assemblée générale, nous ne le sommes pas dans les proportions que nous souhaitions et qui nous avaient été promises. Cela revient pour nous à être sous tutelle d’autres associations de collectivités territoriales et nous ne pouvons plus l’accepter. Il faut qu’on reconnaisse que nous avons notre rôle à jouer comme tout le monde, et cela d’autant plus qu'en matière de sport, personne ne possède une équipe comme la nôtre, avec autant de compétence et de collaborateurs.

Vous comprenez cependant que l'État s’adresse plus volontiers à l’AMF et ses quelque 36.000 adhérents alors que vous n’en comptez qu’environ 4.000 ?

Je suis d’accord, mais à ce compte-là quelle différence y a-t-il entre nous et France urbaine, qui siège à l'agence en tant que membre fondateur ? Quand on fait une règle pour les uns, il faut l’appliquer aux autres, aux métropoles, certes, mais aussi à la ruralité, aux petites villes. Toutes les collectivités doivent être au même niveau. Être membre fondateur aurait constitué une marque de reconnaissance et de respect pour tout le travail qui a été fait. Je me rappelle d’une époque où seule l’Andes était autour de la table. Les travaux que nous menons servent à tout le monde et nous en sommes fiers.

Sur le fond des dossiers, comment envisagez-vous les travaux de l'agence ?

Nous aimerions savoir exactement sur quelles bases sera géré ce GIP. Cette agence est une chance pour le sport français à condition que ce ne soit pas une coquille vide. Il y a de nombreux sujets sur lesquels nous souhaitons travailler, comme les rapports entre collectivités et sport professionnel ou les Jeux olympiques. Il faut trouver des solutions concrètes, mettre en place une programmation avec l’ensemble des acteurs pour aller à l’essentiel et pour que le sport soit reconnu à sa juste valeur, ce qui n’est pas toujours le cas.

Vous avez évoqué les rapports avec le sport professionnel. Une association nantaise vient récemment de remettre sur la table le cas de la redevance du stade de La Beaujoire, en s'appuyant sur un rapport de la cour régionale des comptes qui en 2014 estimait que la ville et le club avaient "ignoré la loi". Où en êtes-vous sur ce sujet que vous portez depuis des années??

Nous sommes bloqués au niveau européen, nous n’avons toujours aucune de réponse de Bruxelles. Or cela fait effectivement des années que nous portons cette demande de clarification sur le montant de la redevance des stades. Là encore, il faut concrétiser le travail par des décisions qui régleront le problème pour l’ensemble des collectivités et des clubs professionnels.

Au sein de l'agence, vous côtoierez le mouvement sportif. Quels rapports entretenez-vous avec lui??

Nous travaillons beaucoup avec les fédérations et nous le ferons de plus en plus. Certaines étaient d’ailleurs présentes à notre congrès, dont la Fédération française de basket-ball avec laquelle nous allons signer une convention. Les fédérations ont bien compris l’intérêt qu’elles ont à travailler avec nous. On aimerait que tout le monde ait la même attitude. Un jour quelqu’un, dans une grande institution, m’a dit : "Vous n’êtes que des adjoints aux sports." Certes, mais nous sommes en contact avec les associations, nous sommes porteurs des équipements sportifs, nous avons la légitimité du terrain sur les enjeux du sport.

Autre point à venir au sein de l'Agence nationale du sport : les déclinaisons régionales. Une expérimentation est actuellement à l'œuvre dans le Grand Est. Quel regard portez-vous sur cette mise en place ?

Cela fait partie de nos inquiétudes, même si l’expérimentation menée dans le Grand Est avec un homme comme Jean-Paul Omeyer, vice-président chargé des sports de la région, me rassure. C’est un homme qui avance et j’aimerais que cela soit le cas partout. Plus largement, sur ces déclinaisons régionales, nous considérons que le sport, en tant que compétence partagée, ne doit pas faire l’objet de concurrence entre les collectivités. Quant aux critères de financement?que pourraient mettre en œuvre les futurs parlements régionaux du sport, il faudra veiller à les harmoniser et faire en sorte que tout le monde soit traité de la même façon pour faire évoluer les pratiques et soutenir les associations.