A Marcillac-la-Croisille, les personnes âgées qui ne veulent pas passer l'hiver isolées peuvent migrer en centre-bourg
"Entrer en hébergement temporaire, c'est bénéficier pendant la période hivernale de services collectifs et d'installations confortables tout en conservant sa liberté personnelle", annonce le document de présentation du centre d'hébergement temporaire (CHT) de Marcillac-la-Croisille. Situé sur le plateau corrézien, il offre un gîte aux personnes âgées qui le souhaitent, du 15 novembre au 14 avril. D'une capacité de sept chambres, le CHT affiche chaque année complet. "Une fois, on s'est arraché les cheveux, car nous avions quatre désistements à quatre jours de l'ouverture. Mais même cette année là, nous avons rempli la structure", évoque Claire Veyre-Regner, directrice de l'Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).
Ce centre bénéfice même depuis l'hiver 2007 d'une huitième chambre, celle qui était prévue, à l'origine, pour un gardien de nuit. "Lors du renouvellement de l'autorisation de l'établissement (statut d'établissement d'hébergement pour personnes âgées - Ehpa) par le conseil général de Corrèze, nous avons obtenu de pouvoir utiliser cette chambre pour les résidents, alors que le maintien du gardien de nuit nous obligeait à augmenter fortement le prix de journée", précise Claire Veyre-Regner.
Favoriser le maintien à domicile
Créé en 1994, ce CHT a profité de l'impulsion donnée, dès le milieu des années 90, par le conseil général pour l'émergence de plusieurs structures similaires en Corrèze, afin de répondre aux questions de vieillissement et de prise en charge des personnes âgées. A l'époque, la population de ce département préfigurait déjà celle de l'Europe en 2020, au coeur de la région Limousine, la plus âgée d'Europe.
Le CHT a été aménagé dans un bâtiment communal, idéalement situé en plein bourg, comprenant une bibliothèque, l'office du tourisme, une salle de garderie pour l'école. "Notre objectif était vraiment d'inscrire cet hébergement dans la vie du bourg pour que les personnes puissent accéder à tous les services de proximité", explique Claire Veyre-Regner. "C'est un apport important sur le plan humain pour les personnes isolées qui ne veulent pas vivre seules l'hiver ou dans des habitats inconfortables, éloignées de leurs enfants, voire celles dont les enfants s'occupent et qui trouvent ainsi une occasion de souffler", apprécie Yvette Continsouza, maire de Marcillac-la-Croisille. "Cette structure a l'avantage d'être à échelle humaine, conviviale, et bénéficie des activités organisées par la maison de retraite". Le CHT est en effet géré par le CCAS dont dépend également la maison de retraite pour personnes âgées dépendantes.
"Les gens n'ont pas de réticences à venir ici car ils ont la certitude de retourner chez eux au printemps. Nous faisons en sorte, au quotidien, de ne pas les rendre dépendants pendant leur séjour car le CHT doit rester une pause qui leur permet de vivre chez eux le reste de l'année." Même si ce séjour peut, à l'occasion, être utilisé, notamment par les enfants, pour préparer une future entrée en institution, grâce aux échanges avec le personnel de l'Ehpad qui régulièrement vient en visite au CHT. "Nous avons aussi la chance d'avoir une association de bénévoles qui organise des animations sur l'Ehpad et le CHT et parfois des temps partagés. Cela permet de dédramatiser certaines appréhensions", reconnaît Claire Veyre-Regner.
Le centre a ses fidèles habitués !
En pratique, les personnes peuvent emménager du 15 novembre au 14 avril, comme pour une résidence d'hiver, en réservant une période plus ou moins longue. "80% des résidents restent pour toute la période. Beaucoup s'inscrivent pour trois mois et finalement restent davantage", souligne la directrice. En journée, de 7 h à 21 h 30, un agent de service est présent, pour le ménage, le service des repas (livrés en liaison chaude par la maison de retraite), l'entretien du linge. La nuit, des permanences de garde sont organisées et des numéros de téléphone donnés aux résidents. Ceux qui le souhaitent peuvent faire suivre leur téléalarme.
Chaque année, le CHT reçoit une vingtaine de demandes. Il s'agit de personnes âgées valides, mais vivant seules, dans des maisons isolées, et souvent inconfortables (beaucoup se chauffent encore au bois). Certaines sont parfois aiguillées par l'hôpital local de Tulle, afin d'assurer des sorties d'hospitalisation plus adaptées lors des mois d'hiver. "Cela conforte la pertinence de cette structure, qui rassure aussi bien certains retraités que leurs enfants", commente Yvette Continsouza. Certains ont même acquis le statut d'habitué, revenant chaque hiver depuis 4 ou 6 ans. Ils deviennent ainsi prioritaires, au même titre que les habitants de la commune ou les parents d'enfants habitant sur la commune.
"Notre force tient certainement, au-delà du soutient de la commune, au fait d'être rattaché à une structure permanente, l'Ehpad, qui nous apporte sa logistique et permet d'avoir pour le public un référent à l'année", estime Claire Veyre-Regner. "Nous recevons les demandes en continu, nous pouvons organiser des visites. En septembre, nous rappelons les personnes pour vérifier la réservation, la durée souhaitée et revoir son degré d'autonomie, car celui-ci peut avoir évolué, or nous ne pouvons accepter que des gens autonomes, car il y a des chambres à l'étage, et nous n'avons pas de service de soins infirmiers à domicile sur place. Nous sommes vraiment dans la logique du maintien à domicile", insiste-t-elle.
Le CHT est agréé à l'aide sociale et ouvre donc droit à une aide du conseil général suivant les ressources de la personne, ainsi que l'allocation logement (versée par la CAF ou la MSA). "Cela évite la ségrégation par l'argent alors que beaucoup de retraités ont de faibles ressources", réagit Claire Veyre-Regner. Le prix de journée s'établit en 2007 à 34,86 euros. Il comprend la chambre, l'entretien du linge, les repas.
En 2007, le budget total s'élève à 42.117 euros (coût du loyer versé par le CCAS à la commune, charges courantes et de personnel, etc). Le résultat est équilibré par les loyers acquittés par les résidents et les économies d'échelle procurées par la préparation des repas par la maison de retraite.
D'avril en octobre, le CHT se transforme en hébergement touristique, pour accueillir des randonneurs ou estivants de passage. La salle à manger devient une salle d'expositions. "C'est une combinaison d'activités qui donne de la vie à la commune, en toute saison", conclut madame le maire.
Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis
Mairie de Marcillac-la-Croisille
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