Emploi - Marseille lance un vaste plan pour l'emploi
Créer une seconde école de la deuxième chance, un lycée international, mettre en place un guichet unique pour l'emploi, amplifier la transformation du grand centre-ville… Après une cinquantaine d'auditions (plus de 30 heures) d'acteurs publics et privés de l'économie et de l'emploi, le conseil municipal de Marseille a présenté un plan de 18 propositions pour l'emploi, formulées par les élus de tous bords. "Tous les groupes, à l'unanimité ont pris ces décisions communes sur l'emploi, il y a bien unanimité sur ces 18 propositions", indique ainsi à Localtis Dominique Tian, premier adjoint, délégué à la politique municipale en faveur de l'emploi, aux déplacements et aux transports urbains. Ces propositions ont été présentées le 13 juin par Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille, à l'occasion d'un conseil municipal informel réunissant également l'ensemble des collectivités locales concernées, dont le département des Bouches-du-Rhône et la région.
Les cinquante auditions, complétées par un rapport de l'Agence d'urbanisme de l'agglomération marseillaise (Agam), ont permis de dresser un état des lieux de la situation, "avant de rentrer dans la construction de la métropole", précise Dominique Tian. Officiellement créée le 1er janvier 2016 (décret paru le 29 août 2015), la métropole Aix-Marseille Provence présidée par Jean-CLaude Gaudin fait en effet ses premiers pas. Le rapport fait ressortir les points faibles du territoire : 4.000 décrocheurs du système scolaire par an, 10.000 emplois non pourvus, un taux de chômage élevé (12,6%) avec 92.000 inscrits à Pôle emploi. Et d'après l'Insee, il manque 62.000 emplois dans la métropole pour être au même niveau de taux d'emploi que Lyon, Lille, Toulouse et Bordeaux, avec notamment peu d'emplois stratégiques.
"Une phase de tâtonnement"
Les 18 propositions avancent des solutions selon trois axes prioritaires. Premier axe : rapprocher l'offre et la demande d'emploi. La création d'un guichet unique pour l'emploi est prévue, dans l'esprit des Terrasses de l'Emploi, un dispositif initié par les Terrasses du Port de Marseille. Il s'agit de rassembler en amont de chaque projet et autour de son concepteur, que ce soit l'investisseur, le chef d'entreprise ou les directeurs de ressources humaines de l'entreprise, l'ensemble des acteurs publics et privés de l'emploi concernés pour répondre aux besoins de recrutement nécessaires.
"La vocation de la ville est de fédérer les acteurs", signale-t-on dans l'équipe de Dominique Tian, car "il n'est pas question d'interférer sur les responsabilités des uns et des autres, mais bien de travailler en synergie pour aller vite et être efficace ; il s'agit d'être pragmatique, et complémentaire des actions déjà engagées par le conseil régional, le département, l'Etat...". La ville compte notamment s'appuyer sur les conventions qui existent dans ce domaine, comme la plateforme d'engagements réciproques signée par les régions avec l'Etat fin mars 2016, et de respecter les compétences de chaque collectivité. "On ne peut pas dire à une collectivité de ne pas s'occuper d'emploi ; ce n'est pas très dérangeant que tout le monde s'occupe de l'emploi si c'est coordonné", justifie Dominique Tian, ajoutant qu'il s'agit "d'une phase de tâtonnement", et qu'il "faut un temps de coordination, de mise en musique". "Pour la région, c'est la formation professionnelle qui sera la priorité, la création de zones industrielles relève des compétences de la métropole, etc., détaille le premier adjoint, l'idée étant que tout le monde travaille ensemble."
100.000 heures clauses
Autres actions envisagées : démultiplier les clauses sociales, dans un objectif métropolitain, en réservant dans un marché au moins 5% du volume d'heures travaillées à des publics rencontrant des difficultés sociales ou professionnelles particulières, et avec un objectif de 100.000 heures clauses, créer un pôle de formation au numérique, avec le conseil régional et des partenaires de la formation, candidater au projet "territoires zéro chômeur de longue durée", et créer une deuxième école de la deuxième chance. Une deuxième école qui devrait être votée lors du prochain conseil municipal.
Le deuxième axe consiste à développer les filières d'emplois. Le centre-ville devrait ainsi faire l'objet d'un plan global de redynamisation pour renforcer son attractivité et favoriser l'implantation de nouvelles activités économiques, commerciales, culturelles, touristiques et de services. La réalisation d'un deuxième pôle média, et la création d'un pavillon de l'innovation sont également prévues. Enfin, le troisième axe, qui consiste à développer des outils communs à l'échelle métropolitaine, prévoit la création d'un lycée international, l'élaboration d'un schéma du développement économique métropolitain et la mise en place d'un guichet d'accueil métropolitain pour les entreprises. Leur premier interlocuteur sera le conseil régional, le second la métropole, et le troisième la ville, si l'entreprise choisit de s'y implanter.
Aucun budget spécifique n'est dédié à ces mesures, qui seront mises en oeuvre au fil des années. Un état d'avancement est prévu annuellement.