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Personnes âgées - Minimum vieillesse : des allocataires moins nombreux, mais souvent en situation difficile

La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude éclairante sur "Les allocataires du minimum vieillesse : parcours et conditions de vie". Celle-ci porte sur les 572.600 personnes qui percevaient, au 31 décembre 2011, une des allocations composant le minimum vieillesse, versée par leur caisse de retraite ou par le Service de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Saspa) pour celles qui n'ont aucun droit ouvert à la retraite.

Un parcours professionnel, mais souvent chaotique

Si le nombre de titulaires du minimum vieillesse diminue de façon continue sous l'effet de l'amélioration des retraites - ils ne représentent plus que 3,4% des plus de 60 ans -, la situation des personnes concernées reste très précaire, malgré la revalorisation de 25% intervenue entre 2007 et 2012. Pourtant, 95% des hommes et 71% des femmes allocataires déclarent avoir travaillé. Pour 57% d'entre eux, ils étaient même titulaires d'un CDI au moment de leur retraite, 80% travaillaient à temps plein et 95% étaient ouvriers ou employés. Mais leur parcours professionnel a souvent été marqué par des périodes de chômage et d'inactivité et/ou par des problèmes de santé, d'invalidité ou de handicap.
Au moment de la demande du minimum vieillesse, 27% des futurs allocataires étaient en longue maladie, en invalidité ou percevaient l'AAH, tandis que 15% bénéficiaient du RMI ou du RSA, ou étaient au chômage (7%) ou dans une autre situation d'inactivité hors retraite (16%). Les personnes immigrées - principalement des hommes - sont par ailleurs surreprésentées au sein des allocataires du minimum vieillesse (33% de personnes de nationalité étrangère et 10% ayant acquis la nationalité française).

Le poids de l'isolement

L'isolement est une autre caractéristique : seuls 35% des allocataires sont en couple, contre 65% parmi l'ensemble des plus de 60 ans. Cette solitude touche principalement les femmes (71% des allocataires isolés). Seuls 16% des allocataires sont propriétaires de leur logement (ou accédants ou usufruitiers), tandis que 57% en sont locataires et que 19% sont logés ou hébergés par des tiers. La grande majorité (63%) des bénéficiaires du minimum vieillesse se disent toutefois satisfaits de leurs conditions actuelles d'habitat, tandis qu'un quart les jugent seulement acceptables et que 10% les estiment insuffisantes. Ces réserves s'expliquent par le fait que 11% des allocataires ne disposent pas de tous les éléments de confort sanitaire et que 17% sont confrontés à une situation de surpeuplement (situation rare au sein de l'ensemble des plus de 60 ans).

Près de 90% de titulaires d'une retraite

En termes de ressources, environ quatre allocataires sur cinq perçoivent une retraite en droits propres, auxquels s'ajoutent environ 10% de titulaires d'une pension de réversion. Moins de 15% des allocataires n'ont aucun droit à la retraite. Malgré l'amélioration de ces dernières années, leurs ressources restent très modestes, puisque le seuil de revenus que permet d'atteindre le minimum vieillesse est de 787 euros mensuels pour une personne seule et de 1.222 euros pour un couple (chiffres 2013). D'autres ressources, non déduites du minimum vieillesse, peuvent toutefois compléter ce revenu. Plus de la moitié des allocataires perçoivent ainsi l'allocation logement.
Ces revenus très modestes et un parcours professionnel souvent chaotique expliquent que les titulaires du minimum vieillesse affichent un patrimoine beaucoup plus faible que l'ensemble des plus de 60 ans. Seule la moitié d'entre eux possèdent en effet un patrimoine immobilier ou financier - souvent très modeste - contre 95% des plus de 60 ans. Ces caractéristiques placent souvent les allocataires du minimum vieillesse dans une situation tendue : seuls 50% d'entre eux déclarent que les revenus du ménage suffisent pour couvrir les dépenses courantes. Nombre d'allocataires sont contraints de recourir au découvert bancaire ou à l'emprunt, familial ou bancaire. Par ailleurs, 47% d'entre eux appartiennent à un ménage "pauvre en conditions de vie", contre 8,2% chez l'ensemble des plus de 60 ans.

Une santé précaire

Enfin, 47% des allocataires du minimum vieillesse se déclarent en mauvaise santé, contre 18% pour l'ensemble des plus de 60 ans. Ils sont aussi nettement plus nombreux à se dire limités dans les activités habituelles par un problème de santé et/ou à souffrir d'un problème de santé durable ou chronique. Faute de ressources, 15% d'entre eux ont renoncé à une consultation chez un médecin au cours des douze derniers mois et un peu plus de 30% à une consultation dentaire. On songe dans ce contexte à la proposition émise par François Chérèque, lors de la remise de son rapport d'évaluation du plan pauvreté, consistant à automatiser l'accès à l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS) pour les bénéficiaires du minimum vieillesse... et à l'échio favorable que lui a donné le lendemain le Premier ministre en annonçant que ce point figure bien sur la feuille de route gouvernementale pour 2014 (voir notre article de ce jour).

 

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