Moyens en baisse pour les contrats aidés et l’insertion : employeurs de l’ESS et associations de solidarité alertent sur les conséquences
La circulaire 2025 du fonds d’inclusion dans l’emploi (FIE) prévoit une baisse drastique du nombre de contrats aidés financés, la confirmation de moyens en diminution pour l’insertion par l’activité économique (IAE) et un recadrage budgétaire général. L’Union des employeurs de l’ESS et la Fédération des acteurs de la solidarité s’inquiètent des conséquences économiques et sociales de ces arbitrages.

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Publiée au Bulletin officiel du ministère du Travail du 30 avril 2025, la circulaire relative au fonds d’inclusion dans l’emploi (FIE) en faveur des personnes les plus éloignées du travail acte de moyens dédiés aux contrats aidés "en forte baisse". Ces derniers s’élèveront à 68,1 millions d’euros en 2025, ce qui correspond à 32.000 parcours emplois compétences (PEC). Par comparaison, la circulaire 2024 autorisait le financement de près de 61.000 PEC et contrats initiative emploi (CIE) tous publics ainsi que de près de 14.000 CIE jeunes.
Mise en péril des employeurs engagés dans l’insertion professionnelle des plus fragiles
En 2025, l’enveloppe fortement réduite financera "alternativement" des PEC et des CIE et devra être mobilisée "au service de priorités territoriales à destination de publics prioritaires (seniors, résidents de quartiers prioritaires de la ville ou de zones France ruralités revitalisation), de bassins d’emploi (exemple des CIE 'engagements pour le renouveau des bassins miniers' mis en place dans le Nord et le Pas-de-Calais) ou encore de secteurs ou métiers en tension (petite enfance, métiers de la solidarité et de l’autonomie)". "L’objectif de cofinancement par les conseils départementaux sur les enveloppes de PEC est porté à 17%", est-il ajouté.
"Le gouvernement fait le choix d’un désengagement unilatéral qui met en péril l’action des employeurs engagés dans l’insertion professionnelle des publics les plus fragiles", a réagi David Cluzeau, président de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), le 13 mai 2025 dans un communiqué. "C’est une mesure non concertée, injuste et contre-productive", juge le président de l’Udes. Ce dernier alerte sur "les conséquences économiques et sociales de cette décision, qui entre en contradiction avec les ambitions affichées en matière de plein emploi et de justice sociale".
Développer les partenariats entre le monde de l’insertion et les entreprises conventionnelles
Plus généralement, la circulaire appelle à s’appuyer sur les moyens du FIE pour "permettre le rapprochement des demandeurs d’emploi avec les entreprises", cela "dans un contexte de ralentissement du marché du travail où persistent toutefois d’importantes difficultés de recrutement". L’une des orientations prescrites est donc de développer les partenariats des SIAE, des EA et des EATT avec les entreprises du territoire "pour multiplier les opportunités d’immersion et de recrutement pour les publics en insertion".
La circulaire établit également les crédits (482 millions d’euros en 2025) dédiés aux entreprises adaptées (EA) et entreprises adaptées de travail temporaire (EATT), consigne étant donnée d’opérer "un pilotage resserré des moyens financiers dans les territoires". Sont aussi abordés les groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq, 12,8 millions d’euros en 2025) et les clauses sociales d’insertion.
IAE : priorité aux structures obtenant "les meilleurs résultats"
Concernant l’insertion par l’activité économique (IAE), le budget dédié aux aides aux postes s’élève en 2025 à 1,323 milliard d’euros. Les préfets se voient à la fois demander d’orienter ces moyens "en fonction de la capacité effective des structures à accompagner les publics vers le marché du travail" et de "renforcer le pilotage par la qualité de l’IAE, et en particulier le ciblage des personnes les plus éloignées du marché du travail" en lien notamment avec la généralisation de l’accompagnement rénové des allocataires du revenu de solidarité active (RSA).
Dans une analyse du texte intitulée "faire mieux avec moins !", la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) alerte "sur les conséquences pour les personnes accompagnées et les structures d’une application trop stricte de cette circulaire", estimant que cette dernière contient des "injonctions contradictoires". Il s’agit en effet de cibler les personnes les plus éloignées de l’emploi, tout en orientant "prioritairement les moyens vers les structures obtenant les meilleurs résultats" (sortie en emploi). La "qualité de l’accompagnement" devra être appréciée dans le cadre d’un "dialogue de gestion, organisé avec la structure, France Travail, et le cas échéant le département ou l’administration pénitentiaire".
La FAS rappelle en outre que la loi de finances pour 2025 prévoit des moyens en baisse pour l’IAE, ce qui provoquerait, selon la Fédération, la suppression de 11.000 parcours d’insertion et de 30.000 formations et "l’aggravation des difficultés économiques et financières des SIAE [structures de l’IAE] entraînant arrêts d’activités, licenciements et fermetures de structures". La FAS considère en outre que "les modèles socio-économiques des SIAE, et en particulier des ACI [ateliers et chantiers d’insertion], sont lourdement impactés par le désengagement des départements qui s’intensifie".
Référence : circulaire n° DGEFP/MIP/METH/MPP/2025/41 du 4 avril 2025 relative au Fonds d’inclusion dans l’emploi (FIE) en faveur des personnes les plus éloignées du marché du travail (parcours emploi compétences, contrats initiative emploi, insertion par l’activité économique, entreprises adaptées, entreprises adaptées de travail temporaire, groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification), publiée au Bulletin officiel Travail - Emploi - Formation professionnelle n° 2025/4 du 30 avril 2025. |